La notification aux partenaires (NoPa) constitue une intervention essentielle dans le domaine de la santé publique pour assurer le contrôle des infections transmissibles sexuellement (ITS).
Idéalement, lorsque des patients reçoivent un diagnostic d’ITS, leurs partenaires sexuels sont avertis qu’ils ont été exposés à l’infection et sont encouragés à se faire examiner, à recevoir des services de counseling et, si nécessaire, à suivre un traitement. La notification aux partenaires a pour but d’assurer le traitement des individus touchés et de réduire la propagation des ITS. La NoPa est une pratique importante pour toutes les ITS, mais elle est essentielle lorsqu’il s’agit d’infections qui sont dans la plupart des cas asymptomatiques, comme la chlamydia, et de populations à risque élevé.
Les discussions en face-à-face, les appels téléphoniques et les envois par la poste sont traditionnellement les moyens utilisés pour notifier les partenaires, mais ces méthodes ne sont peut-être pas applicables lorsque les individus rencontrent leurs partenaires sexuels par Internet et qu’il n’y a aucun échange de nom ni de coordonnées. Parfois, les partenaires intimes peuvent avoir pour seule coordonnée une adresse courriel ou un pseudonyme (nom électronique). Dans de tels cas, la notification aux partenaires par Internet (NPI), notamment par sites Web, forums Internet, blogues, médias sociaux, courrier électronique et messagerie texte, constitue la seule façon de communiquer avec des individus qui ont été exposés à une ITS.
La popularité croissante d’Internet a entraîné certains défis en matière de notifi- cation aux partenaires, mais elle a aussi permis de créer de nouvelles voies de communication. Historiquement, les hommes qui ont des relations sexuelles avec d’autres hommes (HARSAH) affichent des taux élevés de partenaires anonymes, et avant l’avènement d’Internet, il était presque impossible de communiquer avec tous leurs partenaires intimes. La NPI permet aux médecins de la santé publique de joindre les partenaires anonymes. Selon les études, l’efficacité de la NPI varie fortement, soit de 26 à 80 pour cent.
Par ailleurs, il est préférable de joindre un faible nombre de partenaires anonymes que de ne faire aucune NoPa, ce qui aurait été le cas à l’ère pré-Internet.
Lorsqu’il s’agit de notifier des partenaires intimes exposés à une ITS, les patients ont tendance à préférer les discussions en faceà- face et les communications par courrier électronique ou par téléphone plutôt que les moyens de communication électroniques. Les méthodes de notification traditionnelles sont perçues comme une façon de procéder qui est attentionnée, respectueuse et courageuse, alors que la NPI est vue comme impersonnelle et irrespectueuse. Cette préférence est évidente pour ce qui est de toutes les ITS, mais semble particulièrement présente dans les cas d’infections plus graves, comme le VIH. Les patients semblent aussi préoccupés par le fait que la NPI entraîne un plus grand risque de bris de confidentialité et qu’Internet, le courrier électronique et la messagerie texte seront moins pris au sérieux qu’une discussion en face-à-face ou par téléphone.
Dans un même temps, les patients reconnaissent que les communications électroniques ont leur place dans le processus de notification des partenaires. La NPI est généralement plus acceptable dans le cas de relations brèves ou occasionnelles, de relations qui se terminent mal ou qui comportent des risques de violence, et dans les cas où les partenaires sont difficilement joignables. Certaines populations sont peut-être aussi plus ouvertes à cette méthode que d’autres.
Les jeunes notamment apprécient l’aspect pratique et privé ainsi que l’accès facile des méthodes de notification en ligne. Les HARSAH ont également tendance à apprécier le recours à la NPI, en raison peutêtre des taux élevés de partenaires anonymes parmi cette population. La messagerie texte est une méthode plus populaire chez les hommes de moins de 25 ans qui ont accès à un téléphone cellulaire et qui sont plus scolarisés.
Malgré son potentiel apparent, le recours à la NPI peut s’avérer compliqué, surtout pour les agences de santé publique. Par exemple, les interventions de ces instances ne sont pas toujours appréciées par les utilisateurs de sites Web, de blogues et de forums Internet particuliers. Dans certains cas, les agences de santé publique recourent à la création de profils de personnes fictives pour notifier des partenaires par Internet. De même, les sites Web de notification aux partenaires, comme InSpot et Let Them Know, ne sont pas systématiquement utilisés et il n’existe aucune donnée concernant leur impact sur l’augmentation des taux de dépistage et de traitement.
En général, il existe peu de données probantes concernant l’efficacité de la NPI et son impact sur le rapport coût-efficacité, contrairement aux méthodes de NoPa plus traditionnelles. En l’absence de telles données, il est difficile de faire des choix pour assurer une utilisation optimale des rares ressources. Mais puisqu’il est préférable d’agir que de ne rien faire, les agences de santé publique doivent considérer l’utilisation de la NPI dans les cas où les méthodes traditionnelles sont inapplicables ou sans effet. Notamment, la NPI initiée par les patients nécessiterait peu sinon aucune ressource de la part des agences de santé publique et elle permettrait en plus d’autonomiser cette population.
Les notifications aux partenaires réussies constituent un élément clé du processus de contrôle des ITS. D’autres études devront être réalisées afin d’évaluer les coûts liés à la NoPa et les avantages que cette méthode offre, particulièrement en contexte canadien. Par ailleurs, l’utilisation et la popularité croissantes de moyens technologiques suggèrent la présence d’un créneau intéressant pour les agences de santé publique, qui pourraient utiliser cette méthode en complément aux approches de NoPa traditionnelles en matière d’ITS.