Projets 2015-2016 : Infections transmissibles sexuellement et par le sang

Projets 2015-2016 : Infections transmissibles sexuellement et par le sang

ACTIVITÉS, LEÇONS ET SUITE DES CHOSES

Harpa Isfeld-Kiely


1.0 INTRODUCTION

Télécharger la version PDF de ce document

Au Centre de collaboration nationale des maladies infectieuses (CCNMI), nous avons connu l’an dernier une période de transition et avons commencé à travailler au sein d’une nouvelle organisation hôte, l’Université du Manitoba, sous la houlette des nouveaux codirecteurs Marissa Becker et Yoav Keynan. Malgré les boîtes de déménagement et les nombreuses visites des services des TI, nous avons continué à travailler activement dans ce domaine, réagissant aux remarques des membres de nos réseaux, selon qui les infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) forment toujours la plus grande part de la charge de travail en santé publique et que des difficultés et innovations continuent de poindre, et leurs répercussions se font sentir tant sur le plan pratique que politique.

Au cours de la dernière année, nous avons pris le temps d’affermir nos partenariats, d’en créer de nouveaux, d’ajouter de la valeur aux événements en personne, de mettre en place de nouveaux formats et des plateformes de médias sociaux, de dresser le bilan des nouvelles possibilités que nous procure notre installation à l’Université du Manitoba, et de jeter les bases d’un cadre scientifique appliqué à la planification. En plus de cette réflexion, nous avons aussi continué à combler certaines lacunes en matière de connaissances, lacunes clairement relevées par nos partenaires du secteur de la santé publique, et à le faire rapidement, comme il convient dans le domaine de la santé publique et des maladies infectieuses pour être le plus utile possible. Le présent rapport dresse le sommaire de certaines des activités que nous avons menées l’an dernier, y compris ce que nous avons entendu et appris grâce à notre travail, et donne un aperçu des projets à venir.


2.0 ACTIVITÉS RELATIVES AUX ITSS 2015-2016

événement

FACTEURS STRUCTURAUX DU VIH – SYMPOSIUM DU CENTRE EN RECHERCHE SOCIALE

En septembre 2015, le CCNMI a participé à un symposium axé sur le Centre en recherche sociale pour la prévention du VIH des IRSC, qui se tenait à l’École de santé publique Dalla Lana de l’Université de Toronto. L’événement a été l’occasion de souligner les réalisations du programme quinquennal et de soulever la discussion à propos d’une question importante : quelle orientation prendre?

Le CRS a mis l’accent sur la prise en compte des facteurs sociaux et structuraux du VIH et de ses déterminants dans les interventions en santé publique. De nombreux produits et outils sont nés du programme. En voici quelques exemples :

  • guide pour lutter contre la stigmatisation;
  • manuel sur la façon de favoriser les environnements sûrs pour prévenir un partenaire en cas d’infection;
  • article de journal à accès libre sur les répercussions de la criminalisation de la non-divulgation du VIH sur le travail du personnel infirmier en santé publique;
  • site Web sur les réalisations documentées au sujet de la prévention du VIH en milieu rural;
  • vidéo au sujet de la stigmatisation et qui fait aussi la promotion du dépistage du VIH parmi les Afro-Canadiens.

Vous pouvez consulter les ressources du CRS sur son site Web ou son compte Twitter; tous les produits seront consignés dans la collection Sage.

Ce que nous avons entendu

Dans une discussion de nature prospective tenue pendant le symposium, on a relevé des lacunes et des sujets de préoccupation communs. Malgré de nombreuses données prouvant le bien-fondé des interventions axées sur la réduction des méfaits (particulièrement dans le cas des travailleurs du sexe et des consommateurs de drogues), de la décriminalisation de la non-divulgation du VIH, de l’amélioration de l’accès au dépistage et des options de dépistage, et enfin, de la mise au point d’interventions axées sur la prévention combinée et les équipes pluridisciplinaires, les participants ont souligné le manque d’engagement politique dans ces domaines. Même chose en ce qui a trait aux politiques de logement adéquat et de redistribution des revenus relatives aux risques entourant les maladies infectieuses. L’événement s’est déroulé sur une note pessimiste, les participants ayant conscience des impacts du colonialisme, de la racialisation et de la stigmatisation; ils ont parlé de l’importance de créer des programmes qui tiennent compte des différences culturelles, ainsi que de la nécessité de favoriser la qualité de vie des personnes atteintes du VIH et de leur offrir des mesures de soutien pour personnes handicapées, puisqu’elles vivent maintenant plus longtemps, mais souffrent souvent de maladies concomitantes lourdes.


événement

MOBILISATION DU SAVOIR « EN TEMPS RÉEL » AU COLLOQUE DE CATIE 2015

Nombre de nos partenaires régionaux et provinciaux en santé publique expriment une plainte courante : il est presque impossible de quitter son territoire de compétence pour assister à certaines des rencontres organisées pour faire de l’échange de connaissances. Compte tenu des contraintes budgétaires toujours plus grandes avec lesquelles les ministères responsables de la santé publique doivent composer, le cloisonnement est encore renforcé. Devant cet état de fait, le personnel du CCNMI s’est penché sur la question à savoir comment élargir la portée des événements en personne – les nôtres ou ceux de nos partenaires – en misant sur les nouvelles technologies et les médias sociaux.

Fort de la pleine coopération de CATIE, nous avons profité du Colloque de CATIE 2015 pour mettre à l’essai l’application « Periscope », conçue pour faciliter la production des vidéos et leur diffusion en direct. Les vidéos comprennent de brèves entrevues avec des conférenciers principaux et avec le principal organisateur (vous pouvez les visionner ici : Jordan Feld au sujet de l’hépatite C et de son dépistage; Darrel Tan au sujet de la PrEP, Nitika Pant Pai au sujet du dépistage du VHC aux points de service, Alexandra King au sujet de l’appartenance autochtone comme élément central des stratégies de lutte contre le VIH, et Laurie Edmiston, directrice générale de CATIE, au sujet des retombées de l’événement). Nos principaux objectifs consistaient à diffuser des messages clés et à proposer des axes d’intervention que la communauté de la santé publique pourra prendre en considération, à créer une vague sur Twitter au sujet de l’événement et des enjeux abordés, et à diriger les acteurs du secteur de la santé publique vers de nouvelles sources d’information.

Nous avons utilisé des entrevues audio (avec Roberto Ortiz Núñez de REZO) tournées avant l’événement, en anglais et en français, pour faire la promotion de l’événement. Des gazouillis du CCNMI (CentreInfection) et de CATIE, en anglais et en français, et des vidéos doublées et sous-titrées publiées sur YouTube ont élargi notre présence sur les médias sociaux, tout en répondant aux préférences de notre auditoire en matière de langue. Le CATIE a ensuite publié les enregistrements complets des principales communications, et les vidéos du CCNMI demeurent utiles puisqu’elles peuvent servir d’introduction rapide et pratique au sujet des enjeux abordés et de point de départ pour amorcer des dialogues de recherche pour alimenter la pratique en santé publique.

Ce que nous avons appris

Grâce à un équipement minimal et portatif et un processus rationalisé, nous avons pu rapidement transmettre nos messages clés destinés à l’auditoire du secteur de la santé publique. L’application Periscope et la diffusion de flux vidéo en direct n’ont fonctionné que partiellement (limites des données WiFi, bogues dans l’interface entre l’application et le matériel d’enregistrement), mais nous avions un « plan B » qui prévoyait le recours à d’autres plateformes de réseaux sociaux et nous avons pu ainsi offrir des vidéos de bonne qualité. Cet essai a en outre permis de constater que l’on pouvait produire des produits multimédias en deux langues en rationalisant les procédés et en travaillant en étroite collaboration avec les traducteurs. Les conférenciers ne connaissaient pas bien la plateforme, mais ils ont été heureux d’avoir l’occasion de faire connaître leur travail à un auditoire élargi; ils ont d’ailleurs très bien résumé les conclusions de leurs travaux et leurs répercussions sur la santé publique. Un conférencier a refusé notre proposition en disant qu’il devait obtenir l’autorisation de son service des communications pour toute entrevue et tout enregistrement. Selon l’hôte de l’événement, la technologie employée favorise la promotion croisée et permet d’atteindre un plus large auditoire. Ce travail conjoint a renforcé notre partenariat avec le CATIE et semé de nouvelles idées de collaboration.


webinaire

PRÉVENTION DU VIH/VHC AXÉE SUR LES JEUNES EN MILIEU NON URBAIN – PARTENARIAT AVEC L’UNITÉ GAHPS

La Gender and Health Promotions Studies (GAHPS) Unit a fait appel à des spécialistes locaux de la promotion de la santé sexuelle auprès des jeunes pour l’aider à combler une lacune en matière de connaissances fondées sur des données probantes utiles pour l’exercice dans les milieux non urbains du Canada. Recherchant les points communs et les leçons à tirer, l’unité GAHPS a invité les panélistes à donner des exemples de modes d’approche prometteurs pour la prévention des ITSS dans leurs communautés au cours du webinaire intitulé Thinking Locally / Thinking Nationally: Looking for Synergies for Youth-Oriented HIV and HCV Prevention in Non-Urban Settings Across Canada. Le CCNMI s’est joint à l’unité GAHPS pour contribuer à mobiliser des innovateurs de diverses régions et les acteurs du secteur de la santé publique pour qu’ils se penchent sur les leçons tirées de la pratique. Le webinaire était donné dans le cadre d’une série créée par l’unité GAHPS et qui table sur le savoir tiré des travaux de recherche et de consultations menées dans la région Atlantique sur les modes d’approche novateurs en matière de promotion de la santé sexuelle auprès des jeunes et sur le degré de préparation des communautés concernant le dépistage du VIH aux points de service. Le webinaire mettait en lumière le travail de trois panélistes :

  • Chris Aucoin, un responsable des services de santé pour les hommes homosexuels, a fait une communication sur une expérience récente au cours de laquelle il a utilisé les médias sociaux à caractère sexuel dans son travail dans une région sanitaire non urbaine. Il a mentionné plusieurs avantages que procurent les médias sociaux dans son travail. Dans un contexte où le dépistage n’est pas accessible, pas suffisamment confidentiel, ni ouvert aux homosexuels, les médias sociaux lui permettent de joindre des hommes qui peuvent être tenus à l’écart de la grande communauté gaie pour leur fournir connaissances, soutien et aiguillage, favoriser leur affirmation et les motiver à faire un test de dépistage. Toutefois, il explique que c’est une tâche qu’un travailleur en santé publique ne peut faire dans les limites d’une journée de travail normale, puisque les publications doivent coïncider avec les heures où la clientèle visée est active en ligne.
  • La deuxième panéliste, Candice Lys, est cofondatrice de FOXY, Fostering Open eXpression among Youth, un programme primé d’éducation en santé sexuelle et leadership qui s’adresse aux jeunes femmes du Nord. Né dans les Territoires du Nord-Ouest, le programme a été élargi à 23 emplacements pour atteindre 1 000 filles, et un programme parallèle destiné aux jeunes hommes est en voie d’être mis sur pied. Candice a expliqué comment le programme comblait un vide, puisque les programmes d’éducation sexuelle « faibles et factuels » disponibles dans les Territoires du Nord-Ouest ne convenaient pas à la vie des filles du Nord. Le programme est axé sur la formation des pairs pour leur apprendre à animer des ateliers; il fait appel à un mélange d’art contemporain et traditionnel pour mobiliser les jeunes.
  • Sara Cloutier, de YouthCO, a participé au webinaire à partir de la Colombie-Britannique, où cette initiative vise à réduire l’impact du VIH et du VHC sur les jeunes de la province grâce au soutien par les pairs, à l’éducation et à une importante mobilisation de la communauté. Comme Internet et le téléphone cellulaire sont intermittents dans de nombreuses communautés, le programme utilise Facebook et des événements en personne, essentiels pour nourrir des relations qui reposent sur la confiance et un sentiment de sécurité et pour favoriser l’échange d’information entre les jeunes des milieux non urbains.

Ce que nous avons entendu

Les panélistes ont abordé quelques grands thèmes et leçons, notamment : l’importance d’appliquer de solides principes de mobilisation des jeunes et de valoriser leur contribution (p. ex., former des jeunes pour qu’ils fassent de l’intervention auprès de leurs pairs et les rémunérer); connaître les préférences de la communauté et de la population visée en matière de médias sociaux; toujours travailler avec des partenaires locaux pour donner de la crédibilité aux activités qui s’adressent à la jeunesse locale; intégrer la promotion de la santé mentale à la promotion de la santé sexuelle chez les jeunes.

Basée à l’Université Dalhousie, l’unité GAHPS a établi un partenariat avec le CCNMI pour mettre au point d’autres produits de transfert des connaissances, y compris l’examen de la portée des interventions évaluées en matière de promotion de la santé sexuelle et celui des données probantes concernant l’utilisation des médias sociaux pour faire la promotion de la santé sexuelle (abordé dans un webinaire; la version écrite sera publiée sous peu). Les examens de la portée procurent une analyse du genre, du sexe et de la sexualité axée sur la promotion de la santé sexuelle chez les gais et autres hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes.


webinaire

QUEL EST LE BUZZ SUR LA PREP?

En partenariat avec le CATIE, le CCNMI a organisé deux webinaires pour les acteurs du secteur de la santé publique anglophones et francophones intitulés What’s the BUZZ on PrEP? Why Public Health is Listening / Quel est le buzz sur la PrEP? Pourquoi la santé publique est-elle à l’écoute? Les webinaires portaient sur le contexte de l’adoption hâtive, par les hommes gais, de la prophylaxie préexposition pour lutter contre le VIH et sur ses retombés sur la santé publique, en présentant diverses expériences réalisées au Canada, dans un environnement juridique et social qui évolue rapidement pour ce mode de prévention.

Les praticiens en santé publique cherchaient à comprendre les démarches adoptées dans d’autres secteurs de compétence pour savoir, notamment, qui a accès à la PrEP, quels messages et quels services de gestion et de soutien sont disponibles dans la communauté concernant la prévention du VIH et autres ITSS, et comment les acteurs de la santé publique participent à la planification des politiques. De plus, les acteurs de la santé publique savent que, pour une mise en oeuvre efficace des services, il est essentiel de savoir comment les gens à risque de contracter le VIH (particulièrement les hommes gais) comprennent et utilisent les médicaments. Le CCNMI a dressé le programme du webinaire afin de combler ces besoins en matière d’information.

Les webinaires comprenaient des communications de San Patten et de Marc-André LeBlanc, qui ont résumé les principales conclusions des travaux de recherche menés dans le cadre du projet Résonance, une étude de recherche communautaire coordonnée par le CATIE. En s’appuyant sur les impressions des hommes gais et des fournisseurs de services de Montréal, Toronto et Vancouver et sur leur compréhension de la PrEP, l’étude a ouvert la voie à la discussion au sujet de ce qu’implique la connaissance de la PrEP dans ces communautés et son acceptabilité sociale pour la pratique de santé publique.

Les participants invités (Joshua Edward, Health Initiative for Men, C.-B.; Riyas Fadel, ministère de la Santé et des Services sociaux, Québec; France Janelle, Centre intégré de santé et de services sociaux, Montérégie, Québec) ont nourri la discussion, s’inspirant d’expériences réalisées dans des secteurs de compétence ayant différents environnements politiques, de même que de leur connaissance en matière d’élaboration de lignes directrices, de recherche en prévention du VIH et des environnements cliniques communautaires où l’on fait la promotion de la PrEP.

Ce que nous avons entendu

Le degré de connaissance de la PrEP et le discours à ce sujet varient grandement, certains homosexuels et fournisseurs de service étant très bien informés, tandis que d’autres s’y connaissent peu (cette situation risque toutefois de changer, surtout depuis que Santé Canada a approuvé Truvada comme PrEP en février 2016). Le contexte et le soutien pour l’adoption de la PrEP varient aussi grandement d’une région à l’autre et selon que l’on se trouve en milieu urbain ou non urbain. L’accès à la PrEP est relativement facile au Québec, par exemple, puisque les praticiens font de la publicité à ce sujet et que les médias grand public en parlent souvent. Toutefois, des barrières s’y opposent toujours à Vancouver, malgré une forte demande et un intérêt marqué de la part des fournisseurs de service. Peu de régimes d’assurance privés couvrent Truvada en tant que PrEP. On sait que certaines personnes y accèdent en important un médicament générique ou en se rendant aux États-Unis pour s’en procurer, comme il en a été fait état à Vancouver et dans la région environnante. De plus, certains homosexuels se procurent Truvada auprès de personnes qui sont traitées pour le VIH. Cela crée des situations où aucun fournisseur de soins de santé n’est présent pour conseiller ou assurer le suivi. Cela soulève des préoccupations concernant les co-infections, surtout en cas d’éclosion de syphilis ou de gonorrhée, sans parler du fait qu’il faut surveiller les éventuels effets indésirables de Truvada.

Les hommes homosexuels sont réputés dépendre du bouche-à-oreille, des médias locaux et de certaines agences de santé communautaires qui oeuvrent auprès des hommes homosexuels et bisexuels (comme HIM et REZO) pour avoir de l’information au sujet de la PrEP. Sinon, on en sait peu sur la façon dont ils peuvent recevoir de l’information de qualité, et ceux qui se situent en marge des réseaux d’hommes gais ou qui ne s’identifient pas comme gais ou bisexuels pourraient ne pas avoir les contacts voulus pour profiter de ces supports. Les agences comme HIM luttent aussi contre la stigmatisation associée à Truvada, qui décourage les gens à qui la PrEP pourrait être bénéfique d’utiliser le médicament. L’Agence conseille aux hommes de cultiver leur autonomie, tant sur le plan de l’efficacité que de la représentation, relativement à l’adoption de la PrEP comme pratique sexuelle sûre.

Bien que certains discours insistent plus sur l’utilisation du condom que sur la PrEP, les participants ont insisté sur l’importante d’adopter une démarche qui procure aux clients les options qui répondent le mieux à leur situation et avec lesquelles ils sont le plus à l’aise. Les conclusions du projet Résonance et cette discussion laissent croire que les responsables de santé publique doivent prendre position en faveur de la PrEP et lancer une campagne de messages de santé publique à cet effet. On pourrait commencer par répondre clairement aux questions suivantes : qui peut bénéficier de la PrEP, où peut-on obtenir la PrEP et les suivis requis et comment peut-on l’obtenir, ou encore, au moyen de quels supports et ressources supplémentaires. Nous avons appris que les responsables de santé publique, de concert avec les partenaires de la communauté, doivent se donner les moyens voulus pour conseiller les hommes gais et autres hommes qui pourraient bénéficiers de la PrEP, y compris les couples sérodiscordants qui planifient une grossesse et les femmes qui aimeraient être plus autonomes en matière de protection contre le VIH.

Les résultats de nombreuses études-pilotes sur la PrEP s’accumulant, et un projet de lignes directrices nationales ayant été lancé récemment par les ACRS, il est évident qu’il faut continuer à se questionner sur la manière idéale de mettre en oeuvre la PrEP et de parvenir à gérer le tout de manière cohérente. Nous invitons les professionnels de la santé publique à poursuivre le dialogue sur les points à prendre en compte à cet égard dans leur pratique, dans cet environnement de prévention du VIH en perpétuelle évolution.


réseau

SOUTIEN AU RÉSEAU ITSS

Depuis 2014, le CCNMI soutient un réseau national de professionnels de la santé publique en milieu urbain qui travaillent dans le domaine de la prévention des ITSS, le Urban Public Health STBBI Network. Les activités du groupe sont surtout axées sur des téléconférences trimestrielles servant à mettre directement en commun l’information et à tirer profit de l’expertise variée des directeurs ou gestionnaires de programmes des centres de lutte contre les maladies, des programmes visant une saine sexualité et la réduction des méfaits, des épidémiologistes et du personnel infirmier en santé publique qui travaillent sur la ligne de feu. Les membres associés comprennent le CCNMI, CATIE et l’ASPC, qui participent à titre de courtiers du savoir, mobilisant de nouveaux produits d’information et recueillant des renseignements opportuns au sujet des enjeux émergents et des lacunes en matière de connaissances. Comme il existe peu de forums qui permettent aux praticiens de la santé publique de collaborer, les membres du réseau l’apprécient grandement, comme en font foi leur participation active et les évaluations positives qu’ils en font, notamment chez les unités de santé publique de taille moyenne en milieu urbain.

Ce que nous avons entendu

La richesse des échanges dans ce réseau a révélé de nombreux domaines d’intérêts communs de même que d’importantes lacunes en matière de connaissances. Quelques thèmes particulièrement pertinents pour de vastes auditoires méritent qu’on les souligne. D’abord, la syphilis infectieuse pose toujours un défi important, puisque presque tous les centres urbains déclarent une flambée, certains déclarant une propagation allant au-delà des centres urbains (p. ex., Thompson, Manitoba). Les hommes gais ou bisexuels représentent la grande majorité des cas, bien que l’on ait observé un nombre accru de cas chez les hétérosexuels et les femmes dans certaines populations (p. ex., Winnipeg, Edmonton, Ottawa). Le CCNMI évalue actuellement les besoins et les centres de liaison qui pourraient éventuellement servir à l’échange d’information sur les stratégies efficaces en matière de prévention et de lutte contre la syphilis (voir ci-dessous). Ensuite, selon les membres du réseau, il faudrait savoir de manière plus précise à quel point les hommes gais et bisexuels connaissent et adoptent la PrEP, et avoir un meilleur portrait de leur expérience avec les médecins prescripteurs, pour en connaître l’incidence sur la santé publique (abordé par la suite dans le cadre du webinaire CCNMI-CATIE, voir ci-dessus). Troisièmement, les, participants partagent un intérêt commun pour les normes applicables aux messages de santé publique destinés aux clients atteints de VIH au sujet de la non-divulgation de leur état, normes visant à rendre l’information transmise plus cohérente avec les faits probants et avec les messages des autres fournisseurs de service. Enfin, les services de santé publique en milieu urbain ont de plus en plus de difficulté à répondre aux besoins croissants en matière d’injection de drogues sans risques, puisqu’ils disposent de ressources limitées pour assurer les services de réduction des méfaits, ce qui a des répercussions sur les épidémies de VIH et d’hépatite C.


3.0 ACTIVITÉS ET PRODUITS À VENIR

Échange d’information sur la syphilis 2016-2017

En 2014, l’évaluation de l’événement Un regard sur l’avenir de la syphilis, organisé par le CCNMI, a mis en lumière un point important : pour progresser dans la lutte contre la syphilis, il faut agir de manière concertée et soutenue, à l’échelle nationale. À cette époque, les professionnels de la santé publique travaillant à tous les niveaux et à divers titres ont demandé un événement de suivi. Ce qui incite à poursuivre le travail, ce sont les preuves épidémiologiques de la prolongation des éclosions dans plusieurs centres, touchant surtout les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes, mais également un nombre croissant de femmes et d’hétérosexuels, ce qui donne lieu à des préoccupations concernant les risques de syphilis congénitale. Dans les évaluations et dans un dialogue avec les membres du Réseau (voir encadré), plusieurs personnes ont fait des suggestions précises au sujet des priorités à fixer pour un prochain événement. En plus d’étudier ces suggestions, nous procédons à un survol rapide des enjeux actuels. Un événement sur invitation devrait avoir lieu à la fin de l’automne 2016.

Syphilis – lacunes et priorités

Les participants à l’événement de partage d’information « Un regard sur l’avenir de la syphilis » tenu en 2014 et les membres du réseau Urban Public Health STBBI ont exprimé un vif intérêt pour poursuivre la collaboration dans la planification des stratégies de prévention et de lutte contre la syphilis. Les thèmes suivants relatifs aux lacunes en matière de connaissances et aux priorités futures ont été définis à partir des réponses données dans une évaluation de l’événement de 2014 (n=28), dans un questionnaire sur une « table ronde virtuelle » (n=7), dans laquelle on demandait ce qu’il faut faire de plus pour atténuer le fardeau de la syphilis, et les réponses obtenues dans un dialogue avec les participants du Réseau. Les réponses paraphrasées sont résumées ci-dessous, par thème :

Les intérêts varient grandement, selon les fonctions liées à la santé publique :

  • Comment renforcer la surveillance et en préciser les modalités?
  • Stratégies de dépistage de la syphilis – intégré, de routine, lequel est optimal et plus rentable?
  • Communiquer les stratégies de rayonnement efficaces

Certaines suggestions portaient sur la collaboration stratégique, interdisciplinaire ou intersectorielle :

  • Liaison avec le secteur des soins primaires et sensibilisation; p. ex., mobiliser le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada
  • Mobiliser les partenaires de la communauté pour promouvoir la santé, p. ex., leçons pratiques tirées du partenariat avec l’industrie du sexe.

D’autres ont formulé leurs préoccupations au sujet de la propagation vers de nouvelles populations, vulnérables :

  • Combler les lacunes en matière de connaissances dans le domaine de la santé publique en milieu rural, puisque la syphilis s’est propagée au-delà des centres urbains (p. ex., Manitoba)
  • Établir des stratégies de soutien pour protéger les femmes vulnérables des communautés de la grande ville, y compris les femmes autochtones (aussi à titre de partenaires)

Les autres suggestions portaient sur le recours à des méthodes spéciales, des outils novateurs, des modes d’approche intégrateurs ou systémiques :

  • Possibilité de recourir à la modélisation mathématique pour appuyer la prise de décision au sujet de la syphilis
  • Parler de l’utilisation efficace des médias sociaux – innovation dans l’essai de la technologie et des programmes (p. ex., essais rapides et anonymes)
  • Établir un programme scientifique – on demande une approche concertée, à l’échelle nationale
  • Prévention combinée – combiner les interventions biomédicales, comportementales et structurelles
  • Définir une « cascade du traitement » pour la syphilis? Comment pouvons-nous établir des objectifs précis et communs et surveiller le progrès accompli?

Indicateurs de la cascade du traitement du VIH

On prête une attention grandissante à la façon dont on dirige les gens vivant avec le VIH vers un continuum de services incluant dépistage, soins et traitement efficace. La cascade du traitement du VIH est un concept créé pour suivre le progrès accompli le long du continuum et relever les faiblesses dans les services qui empêchent les gens de bénéficier pleinement de la thérapie antirétrovirale. À cette fin, l’ASPC travaille à définir des mesures nationales applicables à une cascade du traitement du VIH comptant six éléments (c.-à-d., les gens infectés au VIH, ceux qui ont reçu un diagnostic de séropositivité, ceux qui sont arrimés à des soins, ceux qui sont retenus dans les soins, ceux qui sont sous TAR, ceux chez qui la charge virale a été supprimée). Le CCNMI contribuera à ce travail en accueillant un forum d’échange de connaissances au début de 2017. Le forum est organisé dans le but d’inviter un vaste auditoire – partenaires actifs dans la surveillance du VIH, intervenants et spécialistes de santé publique – à fournir une rétroaction sur le travail entrepris par le groupe de travail national sur la cascade du traitement du VIH, qui travaille à harmoniser la définition des indicateurs de la cascade du traitement du VIH à l’échelle nationale. Le forum sera aussi l’occasion de parler de l’interprétation de la cascade, de ses implications pour les décisions à prendre dans le domaine de la santé publique et du processus de mise en oeuvre dans les différents secteurs de compétence. La contribution du CCNMI comprendra une étude de cas en langage clair à propos des succès et difficultés que les responsables des programmes de lutte contre le VIH de Colombie-Britannique et du Manitoba ont connus en mesurant ces indicateurs, de même qu’un rapport technique sur le processus de consultation.

Lignes directrices concernant la notification des partenaires

Le CCNMI a été invité dernièrement par l’ASPC à contribuer à la rédaction des lignes directrices sommaires concernant la notification des partenaires et applicables expressément aux ITSS à déclaration obligatoire (syphilis, gonorrhée, chlamydia et VIH), et ce, dans le but de combler des lacunes relevées dans les lignes directrices actuelles et de répondre au besoin d’adopter une démarche commune. L’initiative comprendra l’utilisation d’Internet et la notification accélérée des partenaires; elle répondra aussi aux préoccupations concernant l’efficience et le temps requis pour retracer les partenaires, des domaines qui suscitent un intérêt croissant. Pour réaliser ce travail, on utilisera les examens des faits probants et les consultations auprès des intervenants réalisés précédemment par le CCNMI.

Santé sexuelle des jeunes autochtones (partenariat avec le CCNSA)

Au cours de la prochaine année, le Centre de collaboration nationale de la santé autochtone (CCNSA) entreprendra un projet axé sur la santé sexuelle des jeunes autochtones, en partenariat avec le CCNMI. Les leçons tirées des recherches et auprès des communautés autochtones seront utiles aux professionnels de la santé publique qui cherchent de plus en plus des perspectives nouvelles sur les stratégies de prévention et de lutte contre les maladies infectieuses au moyen de partenariats avec les peuples autochtones et dans le respect du savoir autochtone.

Applications de modélisation pour stratégies de dépistage de la syphilis

De plus en plus, les décideurs en santé publique se tournent vers la modélisation des maladies pour évaluer les effets des stratégies d’intervention, mais manquent de ressources pour ce faire et ne sont pas très à l’aise avec la recherche par modélisation et l’interprétation des modèles. En partenariat avec des analystes en santé publique et des modélisateurs, le CCNMI préparera une « étude de cas » qui illustre des pratiques prometteuses en matière de collaboration entre les acteurs de la santé publique et ceux qui créent des modèles mathématiques. L’étude de cas comprendra des exemples de questions que les responsables de santé publique devraient poser aux modélisateurs pour obtenir des modèles réalistes, qui permettent de définir clairement les répercussions sur le plan politique ou pratique. L’étude de cas portera sur les stratégies de dépistage ciblé de la syphilis.

Point de mire sur le dépistage – Manitoba HIV Collective Impact Network

Le CCNMI participe à certaines initiatives de collaboration portant sur le dépistage des ITSS. Le «Manitoba HIV Collective Impact Research, Evaluation & Action Network» en est un exemple. Lancé en mars 2016 et hébergé par le Centre de santé communautaire Nine Circles, il est financé par le programme REACH. Basé au Manitoba, ce réseau réunit chercheurs, organisations communautaires, autorités sanitaires, décideurs, leaders du secteur de la santé autochtones et du Nord, pairs et autres, pour oeuvrer à des objectifs communs en matière de lutte contre le VIH. Le Réseau se distingue par le fait qu’il applique un mode d’approche systémique particulier axé sur ce qu’on appelle « l’impact collectif » (voir tamarackcommunity.ca), dans lequel on harmonise l’expertise et les programmes existants pour en tirer avantage et en multiplier les effets. Le but premier du réseau est de doubler le nombre de tests de dépistage du VIH dans les groupes à risque d’ici 2019 en évaluant l’état de préparation communautaire et individuel et en l’améliorant pour, en définitive, avoir un effet sur les résultats sur la santé, l’expérience des clients et des fournisseurs, et enfin, les résultats du réseau de la santé du Manitoba (Twitter : @MBHIVCollectiveImpact. Pour de plus amples renseignements et un compte rendu sur les progrès réalisés, communiquez avec Laurie Ringaert à LRingaert@ninecircles.ca).


4.0 EN RÉSUMÉ ET PERSPECTIVES

Dans une année de transition, le CCNMI est demeuré actif et a continué à mobiliser le savoir pour favoriser la prévention et la lutte contre les ITSS. Le Centre a tiré avantage du travail déjà réalisé, a étudié de nouvelles méthodes et établi des partenariats complémentaires tout en comblant les lacunes connues en matière de connaissances. Nos réseaux, collaborateurs et partenaires en santé publique peuvent s’attendre à nous voir continuer à jouer notre rôle d’intermédiaire et favoriser le dialogue axé sur la collaboration, pour servir les intérêts de la santé publique et appuyer la prise de décision fondée sur les faits.

Nous vous invitons à nous donner votre avis au sujet des enjeux émergents dans ce domaine. Veuillez envoyer vos commentaires ou demandes à ccnmi@umanitoba.ca

Nº de PROJET du CCNMI : 273

Production of this document has been made possible through a financial contribution from the Public Health Agency of Canada through funding for the National Collaborating Centres for Public Health (NCCPH).

The views expressed herein do not necessarily represent the views of the Public Health Agency of Canada. Information contained in the document may be cited provided that the source is mentioned.