Les Points saillants du CCNMI offrent aux praticiens et aux cliniciens canadiens de la santé publique un examen actualisé des renseignements essentiels relatifs à des maladies infectieuses importantes, de manière à orienter la pratique en santé publique au Canada. Bien que cet examen ne constitue pas une revue formelle de la littérature, les renseignements proviennent de sources clés telles que l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC), les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) des États-Unis et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), ainsi que de documents à comité de lecture.
Les Points saillants suivants ont été préparés par Heather Long et Wendy Xie. Les questions, commentaires et suggestions à ce sujet sont les bienvenus et peuvent être envoyés à nccid@manitoba.ca.
Que sont les Points saillants? Pour en savoir davantage sur la manière dont l’information est recueillie, consultez notre page consacrée aux Points saillants.
Questions abordées dans ce compte rendu:
- Quelles sont les caractéristiques importantes de la variole du singe ?
- Où en sont les éclosions actuelles de variole du singe ?
- Quel risque présente à l’heure actuelle la variole du singe pour la population canadienne ?
- Quelles mesures faut-il prendre en présence de contacts ou de cas soupçonnés de variole du singe ?
Quelles sont les caractéristiques importantes de la variole du singe ?
Caractéristiques et cause
Le virus de la variole du singe est un virus à ADN bicaténaire qui appartient au genre orthopoxvirus de la famille des poxviridés, qui comprend les virus de la variole humaine, de la variole de la vache et de la vaccine. La variole du singe est une zoonose virale, c’est-à-dire qu’elle se transmet naturellement des animaux à l’être humain. Les écureuils, les cricétomes des savanes, les loirs et les primates non humains sont vulnérables au virus de la variole du singe, mais il faudra poursuivre la recherche pour déterminer le(s) véritable(s) réservoir(s) naturel(s). Il y a deux clades (souches génétiques) distincts du virus de la variole du singe : le clade du bassin du Congo et le clade d’Afrique de l’Ouest. Le clade du bassin du Congo provoque des symptômes plus graves et se transmet plus facilement.
La transmission du virus de la variole du singe se fait par contact direct ou indirect avec des liquides organiques ou des lésions cutanées ou muqueuses d’animaux ou d’êtres humains infectés, y compris des matières contaminées. La transmission des animaux aux êtres humains peut se faire par morsure ou griffure, ou lors de la préparation de viande de brousse. Entre humains, on pense que la transmission du virus de la variole du singe se fait principalement par les gouttelettes respiratoires lors d’un contact étroit et prolongé. Le virus peut aussi se transmettre sexuellement au contact des vêtements ou des fluides corporels d’une personne infectée. Le virus peut pénétrer dans l’organisme par une lésion cutanée (même invisible), les voies respiratoires ou les muqueuses des yeux, du nez ou de la bouche.
OMS : Thèmes de santé – Variole du singe [en anglais]
CDC : Au sujet de la variole du singe [en anglais]
Signes, symptômes et gravité
La variole du singe produit des symptômes similaires à ceux de la variole, mais plus légers. Une différence essentielle est que la variole du singe, contrairement à la variole, provoque une inflammation des ganglions lymphatiques (lymphadénopathie), inflammation qui peut se produire sur différentes parties du corps, ou être localisée, notamment les ganglions lymphatiques du cou et des aisselles. La période d’incubation (période entre l’infection et l’apparition des symptômes) est généralement de 7 à 14 jours, mais elle peut varier de 5 à 21 jours. Hormis des ganglions lymphatiques enflés, la maladie se manifeste d’abord par de la fièvre, des maux de tête, des courbatures, une grande fatigue, des maux de dos et des frissons. Suivent dans un délai de 1 à 3 jours (parfois plus) après l’apparition de la fièvre des éruptions cutanées, qui commencent souvent sur le visage puis s’étendent à d’autres parties du corps. Les lésions passent par différents stades successifs : macules, papules, vésicules, pustules, croûtes, qui finissent par tomber.
La maladie dure de deux à quatre semaines, selon l’état de santé du sujet infecté, le clade du virus et la voie d’exposition. En Afrique, il a été démontré que la maladie peut causer la mort d’une personne sur 10.
ASPC : Santé publique – Variole du singe
OMS : Variole du singe [en anglais]
CDC : Au sujet de la variole du singe [en anglais]
CDC : Symptômes [en anglais]
CDC : Variole du singe – Clinical Recognition [en anglais]
Épidémiologie
Depuis la découverte du virus de la variole du singe en 1958, des infections ont été signalées dans des pays d’Afrique centrale et de l’Ouest : le Cameroun, la République centrafricaine, la Côte d’Ivoire, la République démocratique du Congo, le Gabon, le Liberia, le Nigéria, la République du Congo et la Sierra Leone, la plupart des infections se produisant en République démocratique du Congo. En dehors de l’Afrique, la majorité des cas de variole du singe chez les êtres humains, y compris aux États-Unis, en Israël, à Singapour et au Royaume-Uni, est associée à des voyages internationaux ou à une exposition à des animaux importés. Parmi les cas de variole du singe récemment signalés en Suède, en Italie, en Belgique, aux États-Unis et au Canada, nombre des personnes infectées n’avaient aucun antécédent de voyage dans des régions d’Afrique centrale et de l’Ouest où circule le virus, ce qui laisse à penser que celui-ci se transmet au sein de collectivités locales. Au Royaume-Uni, en Espagne et au Portugal, des cas de variole du singe ont été recensés chez des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, mais pas de façon exclusive.
CDC : La variole du singe aux États-Unis [en anglais]
EACS : La variole du singe en Europe [en anglais]
Diagnostic en laboratoire :
Il est préférable de confirmer le diagnostic en laboratoire à l’aide d’échantillons prélevés au niveau de l’éruption cutanée ou d’une biopsie (lorsque possible), en utilisant la réaction en chaîne par polymérase (PCR) pour détecter l’ADN viral. Les méthodes de détection des antigènes et des anticorps sont moins utiles, car elles ne peuvent distinguer un orthopoxvirus d’un autre.
OMS : Thèmes de santé – Variole du singe [en anglais]
Prévention et contrôle
Le Centre for Disease Control and Prevention recommande un certain nombre de mesures de prévention pour diminuer le risque d’infection :
- Éviter tout contact étroit avec des personnes et des animaux infectés ou des matières contaminées, y compris la literie d’un patient malade.
- Porter des gants et d’autres vêtements et équipements de protection individuelle pour s’occuper des malades, que ce soit dans un établissement de soins ou à domicile.
- Se laver les mains avec de l’eau et du savon ou utiliser un désinfectant pour les mains à base d’alcool après un contact direct avec un animal ou un être humain infecté.
- Isoler les patients infectés.
OMS : Thèmes de santé – Variole du singe [en anglais]
CDC : Au sujet de la variole du singe [en anglais]
Vaccination
La première génération de vaccin contre la variole, basée sur le virus de la vaccine, semble efficace jusqu’à 85 % pour prévenir la variole du singe. Il se peut que ce vaccin confère un certain niveau de protection. Il convient de noter que les populations plus jeunes sont moins protégées contre la variole du singe. Cela est dû au fait que, au Canada, la vaccination de routine contre la variole des nourrissons a été levée en 1972.
Le vaccin vivant atténué JYNNEOSTM (aussi connu sous le nom de marque Imvamune ou Imvanex), que la Food and Drug Administration aux États-Unis a approuvé à titre préventif contre la variole du singe, est en cours d’évaluation par le Advisory Committee on Immunization Practices (ACIP) pour les professionnels qui risquent d’être exposés à des orthopoxvirus dans le cadre de leur travail. Le vaccin vivant atténué non réplicatif Imvanex (Nordique bavarois) a été approuvé en Europe et son utilisation ne présente pas de risque chez les personnes qui vivent avec le VIH, bien que l’efficacité du vaccin n’ait pas été établie.
Ministère de la Santé et des Soins de longue durée de l’Ontario
CDC : La variole du singe – Prévention [en anglais]
EACS : La variole du singe en Europe [en anglais]
Traitement
La plupart du temps, la variole du singe est une maladie autolimitante dont les symptômes disparaissent d’eux-mêmes si on laisse les éruptions cutanées sécher ou si on les recouvre d’un pansement humide pour les protéger. Il n’existe actuellement aucun traitement de la variole du singe éprouvé et sûr ; toutefois, dans des cas graves, l’immunoglobuline antivaccinale et des antiviraux peuvent être recommandés. Le Tecovirimat (ou TPOXX), un antiviral qui a été développé pour traiter la variole, a également été approuvé en janvier 2022 pour le traitement de la variole du singe. D’autres antiviraux, dont le Cidofovir, le Brincidofovir et le Tecovirimat, potentiellement actifs contre le virus de la variole du singe, sont actuellement testés.
CDC : Au sujet de la variole du singe [en anglais]
OMS : Thèmes de santé — Variole du singe [en anglais]
EACS : La variole du singe en Europe [en anglais]
Où en sont les éclosions actuelles de variole du singe ?
Le 26 mai 2022, l’Organisation mondiale de la Santé a annoncé 257 contaminations confirmées en laboratoire et 117-127 cas suspects de variole du singe dans 12 pays hors des foyers traditionnels de la maladie, énumérés ci-bas. Aucun décès associé à cette maladie n’a été recensé dans ces pays jusqu’à présent.
- Argentine
- Australie
- Austrie
- Belgique
- Canada
- Tchéquie
- Danemark
- Finlande
- France
- Guyane française
- Allemagne
- Israël
- Italie
- Pays-Bas
- Portugal
- Slovenie
- Espagne
- Soudan
- Suède
- Suisse
- Émirats arabes unis
- Royaume-Uni
- États-Unis
En date du 26 mai 2022, l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) avait confirmé 26 cas de variole du singe au Canada, 25 au Québec et 1 en Ontario. Des échantillons provenant d’autres administrations au Canada sont en cours d’analyses et on s’attend à ce que d’autres cas soient confirmés.
ASPC : Déclaration du ministre de la Santé (24 mai 2022)
OMS : Flambée des cas de variole du singe dans plusieurs pays où la maladie n’est pas endémique [en anglais]
Quel risque présente à l’heure actuelle la variole du singe pour la population canadienne ?
Des études sont en cours au Canada et dans le monde entier, mais davantage d’informations sont nécessaires pour déterminer le risque pour la population canadienne. L’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) continuera de formuler des recommandations pour minimiser le risque d’infection et de faire le point concernant les cas avérés. La transmission du virus de la variole du singe se faisant par contact étroit, l’ASPC conseille la distanciation physique, le lavage des mains et le port d’un masque pour réduire le risque d’infection. Même si le risque d’infection est faible pour la population générale, l’ASPC conseille que les Canadiens et les Canadiennes et les prestataires de soins de santé soient informés au sujet des symptômes de la variole du singe, peu importe leur histoire de voyage.
ASPC : Déclaration du ministre de la Santé (24 mai 2022)
ASPC : Déclaration du ministre de la Santé (26 mai 2022)
Gouvernement du Canada : Risques de contracter la variole du singe
Quelles mesures faut-il prendre en présence de contacts ou de cas soupçonnés de variole du singe ?
Les Canadiens et Canadiennes doivent être informés des symptômes de la variole du singe et on leur demande de contacter sans attendre leur prestataire de soins de santé en cas d’inquiétude. L’Agence de la santé publique du Canada a envoyé des alertes aux autorités sanitaires afin d’aider les prestataires de soins de santé à repérer les patients présentant des signes ou des symptômes correspondant à ceux de la variole du singe, qu’ils aient déclaré ou non avoir voyagé et indépendamment de tout facteur de risque spécifique.
Les prestataires de soins de santé doivent s’assurer que les patients chez lesquels une infection au virus de la variole du singe est soupçonnée s’isolent du reste de leur famille et des animaux domestiques et ne quittent leur domicile que pour se faire soigner. Les patients doivent porter un haut à manches longues et un pantalon pour couvrir les lésions, et un masque chirurgical, tout comme chaque membre du foyer. Le port de gants chirurgicaux doit être systématique s’il existe un risque de contact direct avec des lésions et il faut les jeter après usage, conformément aux règles sanitaires locales.
ASPC : L’Agence de la santé publique du Canada confirme deux cas de variole du singe (19 mai 2022)