Les Points saillants du CCNMI offrent aux praticiens et aux cliniciens canadiens de la santé publique un examen actualisé des renseignements essentiels relatifs à des maladies infectieuses importantes, de manière à orienter la pratique en santé publique au Canada. Bien que cet examen ne constitue pas une revue formelle de la littérature, les renseignements proviennent de sources clés telles que l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC), les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies des États-Unis (CDC) des États-Unis et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), ainsi que de documents à comité de lecture.
Les Points saillants suivants ont été préparés par Shyama Nanayakkara. Les questions, commentaires et suggestions à ce sujet sont les bienvenus et peuvent être envoyés à ccnmi@umanitoba.ca.
Que sont les Points saillants? Pour en savoir davantage sur la manière dont l’information est recueillie, consultez notre page consacrée aux Points saillants.
Questions abordées dans le présent bulletin :
- Quelles sont les principales caractéristiques de la maladie mains-pieds-bouche?
- Quel est l’état de la situation actuelle en lien avec les éclosions de la maladie mains-pieds-bouche?
- Quel est le niveau de risque actuel de la maladie mains-pieds-bouche pour les Canadiens?
Quelles sont les caractéristiques importantes de la maladie mains-pieds-bouche?
Caractéristiques et causes
La maladie mains-pieds-bouche (MMPB) est une maladie très contagieuse qui est causée par un virus appartenant aux entérovirus, dont certains virus Coxsackie A16 (CA16), A6 (CA6) et l’entérovirus 71 (EV71). Ces virus sont membres des picornavirus appartenant à la famille des Picornaviridæ, laquelle comprend les virus à ARN monocaténaires sans enveloppe. Le virus Coxsackie A16 est la cause la plus fréquente de la MMPB et induit généralement une infection peu grave, tandis que le virus Coxsackie A6 est rare et est associé à une infection plus grave. L’entérovirus EV‑A71 est rarement la cause de la MMPB, mais il est considéré comme l’entérovirus le plus neurotoxique et a été associé à des éclosions importantes en Asie. L’entérovirus EV71 comporte huit génogroupes (de A à H), parmi lesquels les génogroupes B et C sont le plus souvent observés. Chacun de ces deux génogroupes est subdivisé en cinq sous-génogroupes (de C1 à C5 et de B1 à B5). En Chine, c’est le génogroupe C4 qui circule le plus, tandis que dans d’autres pays d’Asie, ce sont les génogroupes B4, B5 et C5 que l’on retrouve. Les souches des génogroupes C1 et C2 sont présents principalement en Europe, où la maladie grave est peu fréquente.
ASPC : Maladie mains-pieds-bouche (Archivé)
OMS : Guide de gestion clinique de la MMPB (en anglais seulement)
CDC : Transmission (en anglais seulement)
Signes, symptômes et gravité
Les symptômes comprennent habituellement la fièvre, des lésions buccales et des éruptions cutanées, souvent sur les mains et les pieds. La période d’incubation est de 3 à 7 jours et les symptômes durent généralement de 7 à 10 jours.
- Fièvre et symptômes de grippe : Les symptômes peuvent comprendre la fièvre, une perte d’appétit et de soif, un mal de gorge et des malaises. Ces symptômes se manifestent généralement dans les 3 à 5 jours après l’infection.
- Lésions buccales : D’abord sous forme de petits points rouges sur la langue et à l’intérieur de la bouche, les lésions buccales peuvent devenir douloureuses et rendre la déglutition pénible. Généralement, les ulcérations buccales douloureuses apparaissent avant les lésions cutanées que l’on observe typiquement sur la paume des mains et la plante des pieds, et qui apparaissent un ou deux jours plus tard.
- Perte d’appétit et de soif
- Salivation plus abondante que d’habitude
- Ne veut boire que des liquides froids
- Éruptions cutanées : Les éruptions cutanées apparaissent souvent dans la paume des mains et sous la plante des pieds, mais peuvent aussi être observées sur les bras, les jambes et les fesses. Elles ne causent généralement pas de démangeaisons et se présentent sous forme de taches rouges pouvant être légèrement soulevées, d’une rougeur locale et parfois de cloques. Les fluides et les croûtes peuvent contenir le virus.
Il arrive, mais plutôt rarement, que des symptômes plus graves se manifestent, comme la méningite, l’encéphalite et une paralysie de type poliomyélitique, surtout si la maladie est causée par une infection au virus EV71 et touche le système nerveux central (SNC).
Les complications possibles comprennent les affections suivantes : encéphalite, méningite lymphocytaire bénigne, paralysie flasque aiguë, œdème ou hémorragie pulmonaire et myocardite. La plupart des décès liés à la MMPB sont dus à un œdème ou une hémorragie pulmonaire.
Les diagnostics différentiels pour la MMPB comprennent la gingivo-stomatite herpétique, la stomatite aphteuse, la gale, la varicelle, la rougeole et la rubéole.
ASPC : Quels sont les symptômes?
OMS : Guide de gestion clinique de la MMPB (en anglais seulement)
CDC : Symptômes et diagnostic de la MMPB (en anglais seulement)
Diagnostic de laboratoire
Le diagnostic de la MMPB est d’abord clinique. Toutefois, quelques essais en laboratoire sont offerts si le diagnostic est incertain ou si l’on soupçonne la présence d’une maladie grave. Le virus persiste de 1 à 4 semaines dans l’oropharynx et de 1 à 6 semaines dans les selles. Le diagnostic confirmé repose sur une culture cellulaire, une isolation du virus et une identification des entérovirus. Il est possible qu’une microscopie photonique soit utilisée pour distinguer la MMPB d’autres virus, comme le virus de la varicelle ou de l’herpès simplex. Les essais de réaction en chaîne de la polymérase (PCR) sont disponibles pour confirmer la présence des virus Coxsackie et des entérovirus. Les échantillons examinés sont généralement des frottis ou des biopsies de la vésicule, des échantillons des voies respiratoires supérieures ou des selles, ou encore des échantillons de liquide céphalorachidien si l’on soupçonne une méningite. La sérologie est peu utilisée, bien que l’on mesure parfois les niveaux d’IgG pour surveiller le rétablissement.
ASPC : Maladie mains-pieds-bouche (Archivé)
OMS : Guide de gestion clinique de la MMPB (en anglais seulement)
CDC : Symptômes et diagnostic de la MMPB (en anglais seulement)
Traitement
Il n’existe aucun traitement précis contre la MMPB, et la plupart des personnes atteintes guérissent au bout de 7 à 10 jours. Certains médicaments en vente libre et formulés spécifiquement pour les enfants peuvent être donnés aux tout-petits afin de réduire la fièvre et les douleurs buccales. Il faut encourager les enfants à boire des liquides pour éviter la déshydratation.
Quand consulter un fournisseur de soins de santé :
- L’enfant se déshydrate
- Les symptômes durent depuis plus de 10 jours
- L’enfant a un système immunitaire affaibli
- L’enfant a moins de 6 mois
- L’enfant, particulièrement un tout-petit, est déshydraté; les douleurs à la bouche l’empêchent d’avaler suffisamment de liquides
- L’enfant éprouve des symptômes graves et rares, comme une perte des ongles des doigts et des orteils, des maux de tête, une raideur au cou ou de la douleur au dos (signes d’une méningite), de la somnolence ou une paralysie (signes d’une encéphalite)
Les femmes enceintes qui ont été exposées à une personne atteinte de la MMPB doivent consulter leur fournisseur de soins de santé.
Toute personne qui développe des symptômes durant un voyage doit consulter un fournisseur de soins de santé immédiatement après son retour.
ASPC : La MMPB peut-elle être traitée?
OMS : Guide de gestion clinique de la MMPB (en anglais seulement)
CDC : Traiter la MMPB (en anglais seulement)
Épidémiologie
Le premier signalement de la MMPB a été fait en Nouvelle-Zélande en 1957. Des éclosions associées à une infection à EV71 ont été signalées partout dans le monde depuis le début des années 1970. Les humains sont les seuls à être infectés par la famille des entérovirus qui causent la MMPB. La maladie se propage à d’autres personnes par un contact avec des gouttelettes respiratoires, des sécrétions provenant du nez et de la gorge, de la salive, des écoulements provenant de cloques et les excréments d’une personne infectée. Elle se répand par contact étroit (baisers ou accolades), lorsque quelqu’un touche une personne infectée, change des couches ou manipule des objets ou des surfaces qui ont été contaminées par le virus puis se touche les yeux, le nez ou la bouche. Dans de rares cas, une personne qui avale de l’eau de piscine contaminée peut aussi être infectée par le virus.
Dans les zones tropicales, n’importe qui peut avoir la MMPB à tout moment de l’année, mais dans les zones tempérées, la maladie se transmet surtout durant l’été et l’automne. La maladie touche davantage les enfants de moins de 5 ans.
Pour détecter les éclosions dans la région, l’OMS exerce une surveillance de la MMPB à l’aide du système de surveillance fondée sur les événements régionaux.
ASPC : Maladie mains-pieds-bouche (Archivé)
OMS : Entérovirus 71 (en anglais seulement)
CDC : Maladie mains-pieds-bouche (en anglais seulement)
Prévention et contrôle
Il est possible de prévenir la MMPB en respectant les simples règles suivantes.
Lavez-vous les mains : Lavez-vous les mains à l’eau courante et au savon pendant au moins 20 secondes, ou utilisez un désinfectant à base d’alcool. Assurez-vous de bien vous laver les mains après avoir utilisé les toilettes, changé des couches, mouché votre nez, toussé, éternué, ainsi qu’avant et après avoir pris soin d’une personne malade. Assurez-vous que les enfants suivent eux aussi toutes les consignes de lavage des mains.
Désinfectez les surfaces dans la maison : Veillez à ce que toutes les surfaces qui sont touchées, comme les poignées de porte et les jouets, soient nettoyées régulièrement avec un désinfectant approprié.
Évitez de vous toucher les yeux, le nez et la bouche : Veillez à ce que votre peau, si elle présente des cloques, soit toujours propre, et évitez de la toucher; ne vous touchez jamais les yeux, le nez ou la bouche si vos mains ne sont pas lavées.
Évitez les contacts étroits avec les personnes malades : Réduisez au minimum les contacts physiques non nécessaires (accolades et embrassades) avec les enfants infectés.
Pour éviter la transmission communautaire, il est conseillé aux parents de consulter le fournisseur de soins de la famille avant d’envoyer un enfant à l’école.
ASPC : Recommandations de prévention
CDC : Prévention et contrôle (en anglais seulement)
Vaccination
Un vaccin est offert uniquement pour le virus EV71. Il contient des souches du génogroupe C4 et est administré surtout en Asie du Sud-Est. Des vaccins contenant les génogroupes B4 et B5 sont en cours de mise au point, mais aucun n’a atteint l’étape de la délivrance de permis. Les chercheurs s’efforcent de développer un vaccin polyvalent contre les virus Coxsackie A16, A6 et A10. Aucun vaccin n’est utilisé au Canada.
OMS : Vaccins contre l’entérovirus 71 (en anglais seulement)
Quel est l’état de la situation actuelle en lien avec les éclosions de la maladie?
Chaque été, on assiste à une recrudescence du nombre de cas dans les provinces. De petites éclosions surviennent dans des centres de la petite enfance partout au Canada, et des épidémies à grande échelle se produisent régulièrement en Asie de l’Est et du Sud-Est.
Selon le rapport sommaire de surveillance de la MMPB dans la région du Pacifique occidental publié par l’OMS en 2018 et mis à jour en juillet 2018, un total de 377 629 cas et 4 décès ont été signalés en Chine, ce qui représente une augmentation de 27 % par rapport à la même période en 2017. Les chiffres montrent une tendance saisonnière constante entre 2013 et 2017. Des tendances presque similaires sont observées en République de Corée, à Hong Kong, à Singapour et au Vietnam.
ASPC : Maladie mains-pieds-bouche
OMS : Mise à jour 2018 sur la situation de la MMPB
Quel est le niveau de risque actuel de la maladie pour les Canadiens?
Bien que la MMPB ne soit pas une maladie à déclaration obligatoire au Canada, une hausse des cas est observée chaque été dans les provinces. De petites éclosions surviennent dans des centres de la petite enfance partout au Canada.
L’Agence de la santé publique du Canada ne recommande aucun traitement précis, car dans la plupart des cas, la maladie se guérit d’elle-même. On recommande d’administrer un traitement de soutien, et il est conseillé aux parents de surveiller étroitement l’état de leur enfant pour déceler le développement de complications, comme la déshydratation.
Les virus qui causent la MMPB sont présents dans le monde entier. Les jeunes enfants sont les plus à risque d’en être infectés. Le risque est plus élevé chez les voyageurs, surtout ceux qui visitent des régions surpeuplées. Il est possible de prendre des mesures pour éviter l’infection, par exemple se laver les mains souvent, désinfecter les surfaces contaminées avec de l’eau de Javel et laver les vêtements souillés. Comme les virus sont résistants à de nombreux désinfectants, il est important d’utiliser des produits chlorés (eau de Javel) ou iodés. Durant les épidémies, on pourra envisager la fermeture d’écoles ou de garderies afin de réduire la transmission, particulièrement chez les jeunes enfants. Il n’est cependant pas nécessaire de limiter les déplacements et le commerce.
ASPC : Maladie mains-pieds-bouche
ASPC : Maladies à déclaration obligatoire à l’échelle nationale