Trichophyton mentagrophytes de génotype VII (TMVII)

1 août 2024

Les Points saillants du CCNMI offrent aux praticiens et aux cliniciens canadiens de la santé publique un examen actualisé des renseignements essentiels relatifs à des maladies infectieuses importantes, de manière à orienter la pratique en santé publique au Canada. Bien que cet examen ne constitue pas une revue formelle de la littérature, les renseignements proviennent de sources clés telles que l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC), les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) des États-Unis et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), ainsi que de documents à comité de lecture.

Les Points saillants suivants ont été préparés par Samiksha Ghimire. Les questions, commentaires et suggestions à ce sujet sont les bienvenus et peuvent être envoyés à ccnmi@manitoba.ca.

Que sont les Points saillants? Pour en savoir davantage sur la manière dont l’information est recueillie, consultez notre page consacrée aux Points saillants.

Questions abordées dans ces Points saillants :

  1. Quelles sont les principales caractéristiques du TMVII?
  2. Où en sont les éclosions actuelles de TMVII?
  3. Quel risque présente à l’heure actuelle le TMVII pour la population canadienne?
  4. Quelles mesures faut-il prendre en présence de contacts ou de cas soupçonnés de TMVII?

Quelles sont les principales caractéristiques du TMVII?

Cause

Le Trichophyton mentagrophytes de génotype VII (TMVII) est un dermatophyte émergent qui se propage principalement par contact direct avec un hôte infecté. Cet agent pathogène fongique est connu pour provoquer des dermatophytoses, touchant en particulier la peau, les cheveux et les ongles.

La transmission du TMVII se produit par contact direct peau à peau, notamment par contact sexuel. De plus, le champignon peut se propager par le biais de surfaces contaminées, de vêtements ou d’un contact avec des animaux. Les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes ont été identifiés comme l’un des principaux groupes à risque dans les éclosions actuelles.

Sexually Transmitted Trichophyton mentagrophytes Genotype VII Infection among Men Who Have Sex with Men- National Institutes of Health (en anglais)

Trichophyton mentagrophytes Genotype VII- Centre for Disease Prevention and Control (en anglais)

Signes et symptômes

Les infections causées par le TMVII présentent des symptômes dermatologiques distincts, notamment des lésions qui peuvent apparaître sur les organes génitaux, les fesses, le visage, le tronc, les bras, les mains et les jambes. Une éruption caractéristique de dermatophytose se développe souvent, marquée par un aspect circulaire, rouge et écailleux. Les zones touchées peuvent provoquer des démangeaisons et des cloques et apparaître décolorées par rapport à la peau environnante. Dans certains cas, l’infection peut ressembler à du psoriasis ou à de l’eczéma, ce qui peut entraîner un diagnostic erroné. Des lésions persistantes peuvent causer une irritation chronique de la peau et un inconfort.

Trichophyton mentagrophytes Genotype VII- Centre for Disease Prevention and Control (en anglais)

Gravité et complications

Les infections peuvent être plus ou moins graves : certains cas disparaissent avec le traitement, tandis que d’autres entraînent des complications même avec le traitement. Dans les cas graves, une infection prolongée peut entraîner la formation de cicatrices. En outre, les plaies ouvertes ou les zones couvertes de cloques augmentent le risque d’infections bactériennes secondaires. Si elles ne sont pas traitées, les lésions persistantes peuvent provoquer une inflammation importante, entraînant une irritation chronique de la peau et un inconfort.

Trichophyton mentagrophytes Genotype VII- Centre for Disease Prevention and Control (en anglais)

Épidémiologie

Les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HARSAH) sont actuellement considérés comme un groupe à risque élevé en raison des grappes de transmission documentées dans cette population. Depuis mars 2021, 32 cas d’infections à TMVII ont été signalés en France, tous chez des hommes. Aux États-Unis, quatre cas ont été signalés entre avril et juillet 2024, tous chez des hommes cisgenres âgés de 30 à 39 ans. Aucun cas n’a été signalé au Canada à ce jour.

Trichophyton mentagrophytes ITS genotype VII infections among men who have sex with men in France: An ongoing phenomenon – National Institutes of Health (en anglais)

U.S. authorities warn about an emerging sexually transmitted fungus – CATIE (en anglais)

Diagnostic de laboratoire

Un diagnostic préliminaire de TMVII est fondé sur les signes et symptômes cliniques, notamment les lésions dermatologiques caractéristiques. Aux fins de confirmation en laboratoire, un échantillon de peau est prélevé sur la zone touchée, puis examiné au microscope pour identifier les éléments fongiques. Une culture fongique est ensuite réalisée pour isoler l’agent pathogène, et le séquençage de l’ADN est utilisé pour confirmer la présence du Trichophyton mentagrophytes de génotype VII (TMVII).

Trichophyton mentagrophytes Genotype VII- Centre for Disease Prevention and Control (en anglais)

Sexually Transmitted Fungal Infection (TMVII)- Cleveland Clinic (en anglais)

Transmission

Le TMVII se propage principalement par contact direct de peau à peau, notamment par contact sexuel. La transmission indirecte peut se produire par l’intermédiaire d’objets contaminés tels que des serviettes, de la literie et des vêtements. De plus, le TMVII peut être transmis des animaux aux humains, ce qui fait de l’exposition zoonotique un facteur de risque potentiel.

Trichophyton mentagrophytes Genotype VII- Centre for Disease Prevention and Control (en anglais)

Sexually Transmitted Fungal Infection (TMVII)- Cleveland Clinic (en anglais)

Prévention et contrôle

Pour prévenir l’infection par le TMVII, les individus doivent maintenir une bonne hygiène en se lavant régulièrement et en se séchant soigneusement la peau. On peut contribuer à réduire le risque de transmission en évitant le contact direct entre la peau et les zones touchées et en ne partageant pas d’effets personnels (comme les serviettes, la literie et les vêtements) jusqu’à ce que les symptômes aient disparu. Les corticostéroïdes topiques doivent être évités, car ils peuvent aggraver l’infection.

Trichophyton mentagrophytes Genotype VII- Centre for Disease Prevention and Control (en anglais)

Vaccination

Il n’existe actuellement aucun vaccin contre le TMVII.

Traitement

Un traitement empirique du TMVII doit être entrepris en raison du temps nécessaire à la confirmation en laboratoire. Des médicaments antifongiques oraux tels que la terbinafine ou l’itraconazole sont couramment prescrits, tandis que les traitements antifongiques topiques conviennent davantage aux infections légères. Pour les cas persistants ou généralisés, une combinaison de traitements oraux et topiques est recommandée. Les patients doivent être conscients des effets secondaires possibles, qui peuvent comprendre des troubles gastro-intestinaux, des maux de tête, des éruptions cutanées et, dans de rares cas, une toxicité hépatique. Un suivi régulier peut s’avérer nécessaire, en particulier en cas d’utilisation prolongée d’antifongiques systémiques. Il est essentiel de suivre le traitement jusqu’à la fin pour éviter les récidives. Les corticostéroïdes doivent être évités, car ils peuvent supprimer la réponse immunitaire, ce qui risque d’aggraver l’infection et de masquer les symptômes.

Trichophyton mentagrophytes Genotype VII- Centre for Disease Prevention and Control (en anglais)

Sexually Transmitted Fungal Infection (TMVII)- Cleveland Clinic (en anglais)

Où en sont les éclosions actuelles de TMVII?

En France, entre 2023 et 2024, 32 cas de TMVII ont été déclarés, principalement chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HARSAH). Parmi ces cas, treize ont été signalés chez des hommes âgés de 22 à 59 ans, dont sept étaient atteints du VIH. Cinq des personnes séronégatives touchées prenaient une PrEP. Une éclosion importante a été associée à un masseur, dont 15 de ses clients et son colocataire ont été liés à la transmission.

Aux États-Unis, le premier cas connu a été signalé en juin 2024 chez un homme qui avait récemment voyagé en Europe et en Californie. Depuis, quatre cas ont été déclarés, tous chez des hommes cisgenres âgés de 30 à 39 ans.

En date de février 2024, aucun cas n’a été signalé au Canada.

Trichophyton mentagrophytes ITS genotype VII infections among men who have sex with men in France: An ongoing phenomenon – National Institutes of Health (en anglais)

U.S. authorities warn about an emerging sexually transmitted fungus – CATIE (en anglais)

Trichophyton mentagrophytes Genotype VII- Centre for Disease Prevention and Control (en anglais)

Sexually Transmitted Fungal Infection (TMVII)- Cleveland Clinic (en anglais)

Quel risque présente à l’heure actuelle le TMVII pour la population canadienne?

En date de février 2024, aucun cas de TMVII n’a été signalé au Canada. Cependant, son émergence dans d’autres pays souligne l’importance de la sensibilisation du public et la nécessité de mesures préventives pour réduire le risque de transmission. Bien que le risque global pour la population générale demeure faible, certains groupes peuvent être exposés à un risque légèrement plus élevé. En particulier, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes semblent être davantage touchés par les épidémies actuelles, d’où l’importance d’une éducation ciblée et de stratégies de prévention pour cette population.

U.S. authorities warn about an emerging sexually transmitted fungus – CATIE (en anglais)

Maladies et affections – Gouvernement du Canada

Quelles mesures faut-il prendre en présence de contacts ou de cas soupçonnés de TMVII?

Bien que le TMVII ne soit pas actuellement une maladie à déclaration obligatoire, les fournisseurs de soins doivent rester au courant de l’évolution des directives de santé publique, en particulier si des grappes apparaissent au sein de populations à risque élevé. En cas d’infection soupçonnée par le TMVII, les fournisseurs de soins de santé doivent envisager un traitement antifongique empirique selon le tableau clinique, en particulier en cas d’échec du traitement topique, de lésions hautement inflammatoires ou d’atteinte anogénitale. Les patients doivent être avisés d’éviter tout contact direct entre la peau et les zones touchées et de ne pas partager d’effets personnels comme les serviettes, les vêtements et la literie jusqu’à la disparition des symptômes.

Trichophyton mentagrophytes Genotype VII- Centre for Disease Prevention and Control (en anglais)

U.S. authorities warn about an emerging sexually transmitted fungus – CATIE (en anglais)