Rougeole

Mis Ă  jour le 26 fĂ©vrier 2024

Les Points saillants sur les maladies du CCNMI fournissent aux cliniciens et aux praticiens de la santé publique du Canada des données à jour sur les principales maladies infectieuses pour la pratique de la santé publique au pays. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un examen formel de la documentation, les informations sont recueillies auprès de sources clés, notamment l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC), les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) des États-Unis, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et dans des documents évalués par les pairs.

Ce Point saillant a été préparé par Signy Baragar. Les questions, commentaires et suggestions concernant ce compte rendu sont les bienvenus et peuvent être envoyés à nccid@manitoba.ca.

Questions abordĂ©es dans ce numĂ©ro :

  1. Quelles sont les caractéristiques importantes de la rougeole?
  2. OĂą en sont les Ă©closions actuelles de rougeole?
  3. Quel est le risque actuelderougeole pour les Canadiens?
  4. Quelles mesures devrait-on prendre pour un cas soupçonné de rougeole ou de contact avec la rougeole?

Quelles sont les caractéristiques importantes de la rougeole?

Cause :

Le virus de la rougeole est un virus à ARN monocaténaire qui appartient au genre Morbillivirus de la famille de Paramyxoviridae. Le virus peut provoquer une infection de la rougeole qui prend naissance dans l’épithélium respiratoire du nasopharynx. La rougeole est hautement contagieuse.

Fiches techniques-santĂ© sur les pathogènes du Gouvernement du Canada : Agents pathogènes â€” Le virus de la rougeole

Signes et symptĂ´mes :

Les symptĂ´mes de la rougeole commencent habituellement de 7 Ă  21 jours après l’exposition au virus et se manifestent sous forme par une forte fièvre (environ 38,3 Â°C), une toux, un nez qui coule, une conjonctivite (yeux rouges, larmoyants), des taches de Koplik (petites taches blanches Ă  l’intĂ©rieur des joues) et une Ă©ruption cutanĂ©e sur tout le corps. L’éruption cutanĂ©e est le plus visible des symptĂ´mes et commence typiquement sur le visage et le haut du cou avant de s’étendre aux mains et aux pieds. Elle dure gĂ©nĂ©ralement de 5 Ă  6 jours avant de disparaĂ®tre.

GravitĂ© et complications :

Parmi les complications de la rougeole, les plus courantes sont une infection de l’oreille et la diarrhĂ©e. Certaines personnes, cependant, dĂ©veloppent des complications graves qui peuvent causer la mort. Celles-ci peuvent se traduire par :

  • une pneumonie ;
  • une dĂ©faillance respiratoire ;
  • des complications liĂ©es Ă  la grossesse (p. ex., fausse couche, accouchement prĂ©maturĂ©, faible poids Ă  la naissance) ;
  • une encĂ©phalite (enflure du cerveau).

En cas d’encéphalite, les complications à long terme peuvent comprendre la cécité, la surdité et un handicap intellectuel.

La panencĂ©phalite sclĂ©rosante subaiguĂ« (PESS), une affection neurologique, est une autre des complications Ă  long terme de la rougeole. La PESS est une maladie rare, mais mortelle, qui se dĂ©veloppe gĂ©nĂ©ralement de 7 Ă  10 ans après la rougeole, mĂŞme si la personne semble s’être complètement remise de la maladie. Le risque de dĂ©velopper la PESS est plus Ă©levĂ© si la rougeole a Ă©tĂ© contractĂ©e avant l’âge de deux ans.

ÉpidĂ©miologie :

GĂ©nĂ©ral :

La rougeole est rĂ©pandue dans le monde entier, plus particulièrement dans certaines rĂ©gions de l’Afrique et de l’Asie et reste l’une des principales causes de dĂ©cès d’enfants Ă©vitables par la vaccination. La majoritĂ© (plus de 95 %) des dĂ©cès dus Ă  la rougeole surviennent dans des pays dont le revenu par habitant est faible ou dont les infrastructures sanitaires en place ne permettent pas de vacciner tous les enfants contre la rougeole.

Entre 2020 et 2022, plus de 61 millions de doses de vaccins contre la rougeole ont Ă©tĂ© reportĂ©es ou manquĂ©es en raison de retards liĂ©s Ă  la COVID-19. La couverture vaccinale contre la rougeole a baissĂ©, passant de 84 % en 2020 Ă  81 % en 2021, soit la couverture vaccinale la plus faible depuis 2008. En 2022, la couverture vaccinale est remontĂ©e Ă  83 %.

Après une baisse gĂ©nĂ©rale de la couverture vaccinale contre la rougeole pendant la pandĂ©mie de COVID-19, l’estimation mondiale des cas de rougeole a augmentĂ© de 18 %, alors que les dĂ©cès dus Ă  la rougeole ont augmentĂ© de 43 % entre 2021 et 2022, la plupart de ces dĂ©cès Ă©tant survenus chez des enfants non vaccinĂ©s.

Tableau 1. Cas de rougeole dĂ©clarĂ©s par l’OMS, par rĂ©gion, Canada et États-Unis, 2018-2022

Lieu20182019202020212022
Afrique125 426618 595115 36988 78997 185
Europe89 148106 13010 94599825
Méditerranée orientale64 76418 4586 76926 08956 401
Asie du Sud-Est34 74129 3899 3896 44849 201
Pacifique occidental29 50378 4796 6051 0671 442
Amériques16 71421 9719 99668247
Canada28113103
États-Unis d’Amérique375S.O.1 27514S.O.

Remarque. DonnĂ©es reproduites Ă  partir de l’indicateur de la rougeole de l’Observatoire mondial de la santĂ© de l’Organisation mondiale de la SantĂ© (OMS) au 13 juillet 2023. Les donnĂ©es des États-Unis pour les annĂ©es 2019 et 2022 ne sont pas disponibles.

Canada :

La rougeole a considĂ©rablement diminuĂ© au fil du temps. Avant l’introduction du vaccin contre la rougeole en 1963, entre 10 000 et 90 000 personnes Ă©taient infectĂ©es par la rougeole chaque annĂ©e au Canada. Heureusement, les cas de rougeole ont considĂ©rablement diminuĂ© après l’introduction du vaccin, passant d’une moyenne de 9 863 cas annuels entre 1969 et 1983 Ă  zĂ©ro cas en 2021 (figure 1). En 1998, le Canada a atteint le statut d’élimination de la rougeole (absence de transmission constante pendant plus de 12 mois).

Plus rĂ©cemment, il y a eu quatre cas actifs de rougeole et un cas actif de syndrome de rubĂ©ole congĂ©nitale au Canada entre le 4 et le 10 fĂ©vrier 2024.

Figure 1. Incidence de la rougeole au Canada de 1940 Ă  2022

Remarque. La figure est reproduite d’après les donnĂ©es du document : Gouvernement du Canada â€” Rougeole : Pour les professionnels de la santĂ©. Les donnĂ©es de la rougeole pour les annĂ©es allant de 1959 Ă  1968 (en bleu) ne sont pas disponibles, car la maladie n’était pas Ă  dĂ©claration obligatoire Ă  l’échelle du pays.

États-Unis :

La rougeole est devenue une maladie Ă  dĂ©claration obligatoire aux États-Unis en 1912, avec environ 6 000 dĂ©cès annuels en moyenne au cours de la première dĂ©cennie de dĂ©claration nationale. Aux États-Unis, avant l’arrivĂ©e du vaccin contre la rougeole en 1963, chaque annĂ©e, entre trois et quatre millions de personnes Ă©taient infectĂ©es par la rougeole, avec 300 Ă  400 dĂ©cès par an. En 2000, les États-Unis ont obtenu le statut d’élimination de la rougeole.

Au cours de la dernière dĂ©cennie, le nombre annuel de cas de rougeole a fluctuĂ©, atteignant un sommet de 1 274 cas en 2019. Entre septembre 2018 et septembre 2019, 26 Ă©closions ont Ă©tĂ© enregistrĂ©es, la plupart des cas ayant Ă©tĂ© signalĂ©s dans la ville de New York et dans le reste de l’État de New York. Au 22 fĂ©vrier 2024, 35 cas de rougeole ont Ă©tĂ© signalĂ©s aux États-Unis.

Figure 2. Nombre de cas de rougeole aux États-Unis, 2010-2023

Remarque. Reproduit du document CDC â€” Measles (Rubeola) — Cases and Outbreaks. DonnĂ©es du 15 fĂ©vrier 2024. Le nombre de cas pour 2023 est prĂ©liminaire et sujet Ă  modification.

Incubation :

L’incubation de la rougeole dure environ 10 jours, mais peut varier de 7 Ă  18 jours. L’éruption cutanĂ©e peut apparaĂ®tre entre 14 et 21 jours après l’exposition.

RĂ©servoir :

L’humain est le seul réservoir du virus de la rougeole.

Transmission :

La rougeole est l’une des maladies infectieuses les plus contagieuses au monde. Il se propage lorsqu’une personne infectée respire, tousse, éternue ou parle. Transmis par voie aérienne, le virus peut rester dans l’air ou sur une surface jusqu’à deux heures après qu’une personne quitte le lieu. Si une autre personne pénètre dans la zone contaminée ou touche une surface infectée, elle peut devenir infectée. La rougeole peut être transmise à d’autres personnes jusqu’à quatre jours avant l’apparition de l’éruption cutanée et jusqu’à quatre jours après sa disparition.

Le taux d’attaque secondaire ou la probabilitĂ© que l’infection par la rougeole se propage parmi les personnes Ă  risque au sein d’un groupe spĂ©cifique (par exemple, les contacts Ă©troits) est Ă©levĂ© (90 %). En d’autres termes, si une personne est atteinte de la rougeole, jusqu’à 9 contacts Ă©troits sur 10 de cette personne, seront Ă©galement infectĂ©s, s’ils ne sont pas immunisĂ©s.

Le nombre de reproduction de base (R0) de la rougeole indique sa contagiositĂ© et sa transmissibilité ; il est estimĂ© Ă  12-18. Cela signifie que chaque personne infectĂ©e par la rougeole infectera en moyenne 12 Ă  18 autres personnes au sein d’une population Ă  risque.

Diagnostic de laboratoire :

Les provinces et territoires du Canada sont chargĂ©s de collecter immĂ©diatement des Ă©chantillons pour les tests sĂ©rologiques et la dĂ©tection du virus, et de s’assurer de communiquer les rĂ©sultats dans un dĂ©lai d’au plus 72 heures.

La confirmation en laboratoire de l’infection nĂ©cessite un prĂ©lèvement immĂ©diat d’échantillons pour un test sĂ©rologique et pour la dĂ©tection du virus. Dès que possible, les Ă©chantillons doivent ĂŞtre prĂ©levĂ©s par Ă©couvillonnage nasopharyngĂ© (de prĂ©fĂ©rence) ou de gorge, au plus tard quatre jours après l’apparition de l’éruption cutanĂ©e. Les Ă©chantillons peuvent Ă©galement ĂŞtre prĂ©levĂ©s dans l’urine dans les sept jours suivant l’apparition de l’éruption. Pour la sĂ©rologie de l’immunoglobuline G (IgG), les cliniciens doivent prĂ©lever un premier Ă©chantillon dans les sept jours suivant l’apparition de l’éruption et un second Ă©chantillon entre 10 et 30 jours après le premier prĂ©lèvement. Pour la sĂ©rologie de l’immunoglobuline M (IgM), il est important de noter qu’un Ă©chantillon prĂ©levĂ© entre trois jours avant l’apparition de l’éruption cutanĂ©e et 28 jours suivant l’apparition de l’éruption cutanĂ©e peut entraĂ®ner de faux rĂ©sultats nĂ©gatifs.

La présence d’anticorps de classe IgM propres à la rougeole indique une infection aiguë par le virus de la rougeole lorsqu’une éruption est observée et que le cas a été exposé à la rougeole (lors d’un voyage dans une région endémique ou lorsqu’un lien épidémiologique à un cas confirmé est établi). Un test peut donner un faux résultat positif dans le cas d’un patient qui a obtenu un résultat positif au test de détection d’anticorps IgM sans avoir été exposé au virus ou s’il a reçu le vaccin rougeole-oreillons-rubéole (ROR) dans les six semaines précédant l’apparition de l’éruption cutanée.

Pour détecter les anticorps d’immunoglobuline G (IgG) spécifiques de la rougeole, l’étalon de référence est le test de séro-neutralisation par réduction des plages (TSNRP). Une épreuve immunoenzymatique, constitue un bon indicateur d’immunité contre la maladie, mais n’a pas nécessairement de lien direct avec la présence d’anticorps protecteurs et neutralisants quantifiés par l’étalon de référence, le TSNRP. Le titre d’anticorps IgG antirougeoleux protecteur est estimé entre 120 et 200 mUI.

La technique de transcription inverse suivie d’une réaction en chaîne de la polymérase (RT-PCR) est la méthode diagnostique la plus fiable pour la confirmation d’une infection par le virus rougeole. Toutefois, la sensibilité de la RT-PCR peut être influencée par certains facteurs, notamment les antécédents de vaccination, le moment du prélèvement, l’intégrité de l’échantillon et les conditions de conservation de l’échantillon. Un autre test à haute spécificité est l’isolement du virus de la rougeole dans une culture lorsqu’il est confirmé par RT-PCR ou immunofluorescence. L’isolement du virus en culture est moins sensible que la RT-PCR et dépend fortement de l’intégrité et de la rapidité de la collecte des échantillons.

Au Canada, le Laboratoire national de microbiologie (LNM) effectue le génotypage afin de relier les cas et les éclosions. Le génotypage est également utilisé pour distinguer une éruption cutanée postimmunisation d’une infection par un virus sauvage. Pour le génotypage, le type et la manutention des échantillons sont les mêmes que ceux qui sont nécessaires à la RT-PCR.

Pour plus de dĂ©tails sur les tests de laboratoire de la rougeole, veuillez consulter les Lignes directrices concernant les Ă©closions de rougeole au Canada : Lignes directrices pour le diagnostic de la rougeole en laboratoire de l’ASPC

PrĂ©vention et contrĂ´le :

Grâce Ă  la rĂ©ussite des programmes de vaccination systĂ©matique contre la rougeole, le Canada a obtenu le statut d’éradication de la rougeole en 1998. Pour que le Canada conserve son statut d’élimination de la rougeole au Canada, il est essentiel de maintenir une couverture vaccinale Ă©levĂ©e dans le pays. L’ASPC recommande l’administration d’un vaccin combinĂ© contre la rougeole, la rubĂ©ole, les oreillons et la varicelle (RROV) ou d’un vaccin combinĂ© contre la rougeole, la rubĂ©ole et les oreillons (ROR) Ă  tous les enfants après leur premier anniversaire (entre 12 et 15 mois). Une deuxième dose est administrĂ©e Ă  18 mois ou Ă  tout moment avant l’entrĂ©e Ă  l’école. Le vaccin RROV n’est autorisĂ© que pour les personnes de 12 mois Ă  moins de 13 ans. Les prestataires de soins de santĂ© sont encouragĂ©s Ă  promouvoir l’importance de la mise Ă  jour des vaccinations de routine contre la rougeole auprès de leurs patients. Pour plus d’information, veuillez consulter les conseils de santĂ© aux voyageurs du gouvernement du Canada pour connaĂ®tre l’état actuel de la rougeole dans le monde.

Le vaccin ROR est une stratĂ©gie de prĂ©vention rentable qui est utilisĂ©e depuis environ 60 ans et qui coĂ»te moins de 1,35 CAD (1,14 USD) par enfant. En 2022, 74 % des enfants dans le monde ont reçu les deux doses du vaccin contre la rougeole, et 83 % ont reçu une dose du vaccin avant leur deuxième anniversaire.

Les cas de rougeole doivent être signalés à l’ASPC le plus rapidement possible après leur détection. Conformément aux protocoles fédéraux, provinciaux et territoriaux, les annonces d’éclosion de rougeole ne se font qu’une fois que l’ASPC en a été alertée.

Traitement :

Une prophylaxie post-exposition (PPE) doit ĂŞtre proposĂ©e aux personnes exposĂ©es Ă  la rougeole et qui ne sont pas immunisĂ©es contre elle. Le vaccin ROR peut ĂŞtre administrĂ© dans les 72 heures suivant l’exposition initiale Ă  la rougeole ou des immunoglobulines (IG) dans les six jours suivant l’exposition afin de fournir une protection Ă©ventuelle, mais le vaccin ROR et les IG ne doivent pas ĂŞtre administrĂ©s simultanĂ©ment.

Il n’existe aucun traitement antiviral spécifique contre une infection par le virus de la rougeole. Des soins médicaux, tels que la réhydratation, servent à soulager les symptômes et à éviter les complications de la rougeole.

La carence en vitamine A a Ă©tĂ© associĂ©e Ă  des complications de la rougeole, telles que des lĂ©sions oculaires et la cĂ©citĂ©, ainsi qu’à un retard du rĂ©tablissement. C’est pourquoi les prestataires de soins de santĂ© devraient fournir deux doses de supplĂ©ments de vitamine A aux patients, Ă  24 heures d’intervalle.

OĂą en sont les Ă©closions actuelles de rougeole?

L’activitĂ© de la rougeole a augmentĂ© dans le monde entier et est largement attribuĂ©e Ă  l’augmentation du nombre de personnes non vaccinĂ©es ou insuffisamment vaccinĂ©es pendant la pandĂ©mie de COVID-19. Selon le point de presse des Nations unies du 20 fĂ©vrier 2024, le nombre de cas de rougeole dans le monde a augmentĂ© de 79 %, avec plus de 300 000 cas signalĂ©s en 2023. La plupart d’entre eux ont Ă©tĂ© signalĂ©s au YĂ©men, en AzerbaĂŻdjan, au Kazakhstan, en Inde et en Éthiopie. Le nombre de flambĂ©es de rougeole a augmentĂ© vers la fin de l’annĂ©e 2023 et devrait continuer Ă  croĂ®tre en 2024 en raison de la faible couverture vaccinale. Les responsables de l’OMS prĂ©viennent que plus de la moitiĂ© des pays risquent de connaĂ®tre une flambĂ©e de rougeole d’ici Ă  la fin de 2024 si des mesures prĂ©ventives ne sont pas prises.

Tableau 2. Pays comptant le plus grand nombre de cas de rougeole au 10 dĂ©cembre 2023

PaysCasIncidence par million d’habitants
Yémen25 216,00724,79
Inde14 927,0010,41
Kazakhstan12 985,00658,97
Éthiopie11 227,0087,75
Pakistan8 316,0034,28
République démocratique du Congo (RDC)5 989,0057,73
Fédération russe4 305,0029,85
Irak4 164,0090,61
Indonésie3 827,0013,74
Nigéria3 683,0016,28

Remarque. Tableau adaptĂ© de l’article du Lancet de dĂ©cembre 2023, « Urgent health update : rising measles cases in Kazakhstan » en utilisant les donnĂ©es du CDC â€” Global Measles Outbreaks et les statistiques dĂ©mographiques de 2023 de Worldofmeters. Les donnĂ©es couvrent la pĂ©riode juillet-dĂ©cembre 2023.

Figure 3. RĂ©partition gĂ©ographique du nombre de cas de rougeole dĂ©clarĂ©s, juillet-dĂ©cembre 2023

Remarque. Figure reproduite Ă  partir du document Threat Assessment Brief (16 fĂ©vrier 2024) du Centre europĂ©en de prĂ©vention et de contrĂ´le des maladies (ECDC).

Canada :

Ă€ ce jour, le Canada a dĂ©clarĂ© un total de quatre cas de rougeole en 2024, comparativement Ă  un total de 12 cas dĂ©clarĂ©s pour l’ensemble de l’annĂ©e 2023. Le 10 fĂ©vrier 2024, il y avait quatre cas actifs de rougeole et un cas actif de syndrome de rubĂ©ole congĂ©nitale.

La chronologie des cas de rougeole en 2024 se lit ainsi :

  • Semaine Ă©pidĂ©miologique 3 (14-20 janvier 2024) : Un cas signalĂ© dans la rĂ©gion sanitaire du centre de la Saskatchewan. Il s’agit d’un adulte ayant effectuĂ© un voyage Ă  l’étranger (statut vaccinal inconnu).
  • Semaine Ă©pidĂ©miologique 4 (21-27 janvier 2024) : Un cas dĂ©clarĂ© dans la rĂ©gion sanitaire du sud-ouest de l’Ontario. Le cas est un adulte vaccinĂ© qui a contractĂ© l’infection alors qu’il voyageait Ă  l’extĂ©rieur du Canada.
  • Semaine Ă©pidĂ©miologique 6 (4-10 fĂ©vrier 2024) : Deux cas dĂ©clarĂ©s. Le premier dans la rĂ©gion sanitaire de MontrĂ©al et Laval au QuĂ©bec. Le second cas a Ă©tĂ© dĂ©clarĂ© dans la rĂ©gion sanitaire du centre-est de l’Ontario. Les deux cas Ă©taient des enfants non vaccinĂ©s qui ont contractĂ© l’infection alors qu’ils voyageaient Ă  l’extĂ©rieur du Canada.

Depuis le 10 fĂ©vrier 2024, deux cas de rougeole ont Ă©tĂ© rapportĂ©s en Ontario. Le premier cas a Ă©tĂ© dĂ©clarĂ© le 13 fĂ©vrier 2024 chez un enfant Ă  Mississauga. Le deuxième cas a Ă©tĂ© rapportĂ© le 16 fĂ©vrier 2024 Ă  Toronto chez un nourrisson qui a Ă©tĂ© hospitalisĂ©. Dans les deux cas, les enfants avaient contractĂ© l’infection lors d’un voyage Ă  l’extĂ©rieur du Canada.

Figure 4. RĂ©partition gĂ©ographique des cas actifs* et confirmĂ©s de rougeole au Canada, par rĂ©gion sanitaire, du 4 au 10 fĂ©vrier 2024.

Remarque. Figure reproduite du document Gouvernement du Canada â€” Rapport hebdomadaire de surveillance de la rougeole et de la rubĂ©ole — Semaine 6 : du 4 fĂ©vrier au 10 fĂ©vrier 2024

*Les cas actifs sont ceux pour lesquels la date d’apparition de l’éruption cutanĂ©e du cas survient dans les 42 jours (pour la rougeole) et 46 jours (pour la rubĂ©ole) prĂ©cĂ©dant la date de fin de la semaine Ă©pidĂ©miologique.

États-Unis :

Le 25 janvier 2024, le CDC a publiĂ© une alerte sanitaire concernant 23 cas confirmĂ©s de rougeole enregistrĂ©s entre le 1er dĂ©cembre 2023 et le 23 janvier 2024 aux États-Unis. La plupart des cas concernaient des enfants et des adolescents non vaccinĂ©s.

Au 22 fĂ©vrier 2024, 35 cas de rougeole Ă©taient signalĂ©s aux États-Unis dans les 15 rĂ©gions suivantes : Arizona, Californie, Floride, GĂ©orgie, Indiana, Louisiane, Maryland, Minnesota, Missouri, New Jersey, New York City, Ohio, Pennsylvanie, Virginie et Washington.

RĂ©gion europĂ©enne de L’OMS :

La RĂ©gion europĂ©enne a connu une multiplication par un facteur de plus de 30 des cas de rougeole entre 2022 et 2023. En 2023, plus de 30 000 cas de rougeole et 21 000 hospitalisations ont Ă©tĂ© rapportĂ©s dans 40 des 53 pays de la RĂ©gion europĂ©enne, dont dix pays de l’Union europĂ©enne (UE) et de l’Espace Ă©conomique europĂ©en (EEE). Sur ces 30 000 cas dĂ©clarĂ©s, 98 % l’ont Ă©tĂ© dans dix pays (tableau 3). Selon l’évaluation de la menace publiĂ©e le 16 fĂ©vrier 2024 par le Centre europĂ©en de prĂ©vention et de contrĂ´le des maladies (ECDC), les flambĂ©es de rougeole ont continuĂ© Ă  augmenter dans plusieurs pays de l’UE/EEE en janvier et au dĂ©but du mois de fĂ©vrier 2024.

Tableau 3. Pays de la RĂ©gion europĂ©enne de l’OMS prĂ©sentant le plus grand nombre de cas de rougeole, novembre 2022-octobre 2023

PaysCas rapportésIncidence par million d’habitants
Kazakhstan12 304,00627,54
Kirghizistan3 639,00540,28
Arménie487,00175,31
Turquie4 602,0053,63
Tadjikistan538,0053,04
Roumanie981,0049,31
Fédération russe6 131,0042,45
Ouzbékistan810,0023,03
Autriche157,0017,52
GĂ©orgie28,007,51

Remarque. Tableau reproduit Ă  partir du document WHO â€” Measles and rubella monthly update: WHO European Region — December 6, 2023.  

Dans les pays de l’UE/EEE, 2 361 cas de rougeole ont Ă©tĂ© signalĂ©s en 2023, dont 74,3 % (1 755 cas) en Roumanie.

Figure 5. Incidence des cas de rougeole par million d’habitants dans les pays membres de l’UE/AELE, du 1er janvier 2023 au 31 dĂ©cembre 2023

Remarque. Figure reproduite Ă  partir du document Threat Assessment Brief (16 fĂ©vrier 2024) du Centre europĂ©en de prĂ©vention et de contrĂ´le des maladies (ECDC). Le taux d’incidence Ă©levĂ© au Liechtenstein est dĂ» Ă  trois cas de rougeole importĂ©s en 2023.

Roumanie

La Roumanie a connu une augmentation de l’activitĂ© de la rougeole depuis la mi-fĂ©vrier 2023. Entre le 1er janvier 2023 et le 6 fĂ©vrier 2024, 4 679 cas confirmĂ©s ont Ă©tĂ© signalĂ©s en Roumanie, soit une augmentation de plus de 160 % par rapport aux 1 755 cas de 2023.

Threat Assessment Brief (16 fĂ©vrier 2024) du Centre europĂ©en de prĂ©vention et de contrĂ´le des maladies (ECDC).

WHO â€“ News â€” A 30-fold rise of measles in 2023 in the WHO European Region warrants urgent action â€“ December 14, 2023

Quel est le risque actuel de rougeole pour les Canadiens?

Bien que le Canada ait obtenu le statut d’élimination, le risque d’importation de cas de rougeole par des personnes non vaccinées qui voyagent est en augmentation. Les personnes qui ne sont pas vaccinées, sont « sous-vaccinées » ou qui n’ont jamais été infectées par la rougeole sont à risque de contracter le virus de la rougeole. On présume généralement que les adultes nés avant 1970 sont immunisés en raison des niveaux élevés de circulation de la rougeole avant 1970.

Les personnes les plus Ă  risque de complications dues Ă  la rougeole sont :

  • les personnes enceintes ;
  • les enfants de moins de 5 ans ;
  • les personnes immunodĂ©primĂ©es.

Recommandations pour les voyageurs :

Pour éviter de contracter la rougeole et de transmettre le virus à d’autres personnes, il est important qu’avant de voyager, les individus non vaccinés se fassent vacciner contenant l’antigène rougeoleux.

Pour les personnes nĂ©es avant 1970 et n’ayant pas eu la rougeole, une dose de vaccin contenant l’antigène rougeoleux est recommandĂ©e avant de voyager.

Pour les personnes nĂ©es en 1970 ou après (12 mois ou plus) qui n’ont pas eu la rougeole, deux doses d’un vaccin contenant l’antigène rougeoleux sont recommandĂ©es avant de voyager.

Les enfants de moins d’un an doivent recevoir une dose de vaccin ROR avant de voyager et peuvent ĂŞtre vaccinĂ©s Ă  partir de l’âge de 6 mois.

L’ASPC classe la rougeole au niveau 1 des conseils de santĂ© aux voyageurs. Des conseils de santĂ© aux voyageurs de niveau 1 visent Ă  rappeler aux voyageurs de prendre des prĂ©cautions sanitaires :

  • s’assurer avoir reçu tous les vaccins ;
  • pratiquer une bonne hygiène des mains ;
  • Ă©viter les piqĂ»res d’insectes.

Quelles mesures devrait-on prendre pour un cas soupçonné de rougeole ou de contact avec la rougeole?

Gestion des cas et des contacts :

Les autoritĂ©s de santĂ© publique doivent ĂŞtre notifiĂ©es des cas de rougeole dans les plus brefs dĂ©lais. Tous les contacts d’une personne infectĂ©e par la rougeole doivent ĂŞtre classĂ©s comme Ă©tant Ă  risque ou non dans les 24 heures suivant la dĂ©claration.

DĂ©finition de cas :

Cas confirmé

Confirmation en laboratoire de l’infection en absence d’immunisation rĂ©cente (c’est-Ă -dire de moins de 28 jours) avec un vaccin contenant l’antigène rougeoleux :

  • isolement du virus de la rougeole dans un Ă©chantillon clinique appropriĂ©

OU

  • dĂ©tection de l’ARN du virus de la rougeole

OU

  • augmentation marquĂ©e (par un facteur d’au moins quatre) du titre des anticorps IgG dirigĂ©s contre le virus de la rougeole dans le sĂ©rum en phase de convalescence par rapport au sĂ©rum en phase aiguĂ«

OU

  • sĂ©rologie positive pour l’anticorps IgM dirigĂ© contre le virus de la rougeole Ă  l’aide d’une mĂ©thode recommandĂ©e chez une personne ayant un lien Ă©pidĂ©miologique avec un cas confirmĂ© en laboratoire ou qui a voyagĂ© rĂ©cemment dans une rĂ©gion oĂą l’on sait qu’il y a des cas de rougeole

OU

  • maladie clinique chez une personne ayant un lien Ă©pidĂ©miologique avec un cas confirmĂ© en laboratoire

Cas probable

Maladie clinique en l’absence d’épreuves de laboratoire appropriées ou en l’absence d’épreuves de laboratoire appropriées ou chez une personne qui a voyagé récemment dans une région où l’on sait qu’il y a des cas de rougeole.

Cas suspecté/maladie clinique

  • Forte fièvre (Ă©gale ou supĂ©rieure Ă  38,3 Â°C)
  • Toux, coryza (rhume et nez qui coule) ou conjonctivite (yeux rouges et larmoyants)
  • Éruption maculopapulaire gĂ©nĂ©ralisĂ©e durant au moins trois jours

Identification et dĂ©claration :

La rougeole est dĂ©clarĂ©e Ă  l’échelle nationale depuis 1924, Ă  l’exception de la pĂ©riode allant de 1959 Ă  1968.

Afin de maintenir son statut d’élimination de la rougeole, le Canada a créé en 1998 le Système canadien de surveillance de la rougeole et de la rubéole (SCSRR) et publie des rapports hebdomadaires sur la situation de la rougeole et de la rubéole au Canada et transmet ultérieurement des rapports hebdomadaires à l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS). Tous les cas suspects de rougeole doivent être signalés d’urgence à l’ASPC par l’intermédiaire des réseaux de santé publique. Veuillez consulter les lignes directrices provinciales ou territoriales pour plus de détails sur la procédure de déclaration.