Rougeole

Mis à jour le 26 février 2024

Les Points saillants sur les maladies du CCNMI fournissent aux cliniciens et aux praticiens de la santé publique du Canada des données à jour sur les principales maladies infectieuses pour la pratique de la santé publique au pays. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un examen formel de la documentation, les informations sont recueillies auprès de sources clés, notamment l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC), les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) des États-Unis, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et dans des documents évalués par les pairs.

Ce Point saillant a été préparé par Signy Baragar. Les questions, commentaires et suggestions concernant ce compte rendu sont les bienvenus et peuvent être envoyés à nccid@manitoba.ca.

Questions abordées dans ce numéro :

  1. Quelles sont les caractéristiques importantes de la rougeole?
  2. Où en sont les éclosions actuelles de rougeole?
  3. Quel est le risque actuelderougeole pour les Canadiens?
  4. Quelles mesures devrait-on prendre pour un cas soupçonné de rougeole ou de contact avec la rougeole?

Quelles sont les caractéristiques importantes de la rougeole?

Cause :

Le virus de la rougeole est un virus à ARN monocaténaire qui appartient au genre Morbillivirus de la famille de Paramyxoviridae. Le virus peut provoquer une infection de la rougeole qui prend naissance dans l’épithélium respiratoire du nasopharynx. La rougeole est hautement contagieuse.

Fiches techniques-santé sur les pathogènes du Gouvernement du Canada : Agents pathogènes — Le virus de la rougeole

Signes et symptômes :

Les symptômes de la rougeole commencent habituellement de 7 à 21 jours après l’exposition au virus et se manifestent sous forme par une forte fièvre (environ 38,3 °C), une toux, un nez qui coule, une conjonctivite (yeux rouges, larmoyants), des taches de Koplik (petites taches blanches à l’intérieur des joues) et une éruption cutanée sur tout le corps. L’éruption cutanée est le plus visible des symptômes et commence typiquement sur le visage et le haut du cou avant de s’étendre aux mains et aux pieds. Elle dure généralement de 5 à 6 jours avant de disparaître.

Gravité et complications :

Parmi les complications de la rougeole, les plus courantes sont une infection de l’oreille et la diarrhée. Certaines personnes, cependant, développent des complications graves qui peuvent causer la mort. Celles-ci peuvent se traduire par :

  • une pneumonie ;
  • une défaillance respiratoire ;
  • des complications liées à la grossesse (p. ex., fausse couche, accouchement prématuré, faible poids à la naissance) ;
  • une encéphalite (enflure du cerveau).

En cas d’encéphalite, les complications à long terme peuvent comprendre la cécité, la surdité et un handicap intellectuel.

La panencéphalite sclérosante subaiguë (PESS), une affection neurologique, est une autre des complications à long terme de la rougeole. La PESS est une maladie rare, mais mortelle, qui se développe généralement de 7 à 10 ans après la rougeole, même si la personne semble s’être complètement remise de la maladie. Le risque de développer la PESS est plus élevé si la rougeole a été contractée avant l’âge de deux ans.

Épidémiologie :

Général :

La rougeole est répandue dans le monde entier, plus particulièrement dans certaines régions de l’Afrique et de l’Asie et reste l’une des principales causes de décès d’enfants évitables par la vaccination. La majorité (plus de 95 %) des décès dus à la rougeole surviennent dans des pays dont le revenu par habitant est faible ou dont les infrastructures sanitaires en place ne permettent pas de vacciner tous les enfants contre la rougeole.

Entre 2020 et 2022, plus de 61 millions de doses de vaccins contre la rougeole ont été reportées ou manquées en raison de retards liés à la COVID-19. La couverture vaccinale contre la rougeole a baissé, passant de 84 % en 2020 à 81 % en 2021, soit la couverture vaccinale la plus faible depuis 2008. En 2022, la couverture vaccinale est remontée à 83 %.

Après une baisse générale de la couverture vaccinale contre la rougeole pendant la pandémie de COVID-19, l’estimation mondiale des cas de rougeole a augmenté de 18 %, alors que les décès dus à la rougeole ont augmenté de 43 % entre 2021 et 2022, la plupart de ces décès étant survenus chez des enfants non vaccinés.

Tableau 1. Cas de rougeole déclarés par l’OMS, par région, Canada et États-Unis, 2018-2022

Lieu20182019202020212022
Afrique125 426618 595115 36988 78997 185
Europe89 148106 13010 94599825
Méditerranée orientale64 76418 4586 76926 08956 401
Asie du Sud-Est34 74129 3899 3896 44849 201
Pacifique occidental29 50378 4796 6051 0671 442
Amériques16 71421 9719 99668247
Canada28113103
États-Unis d’Amérique375S.O.1 27514S.O.

Remarque. Données reproduites à partir de l’indicateur de la rougeole de l’Observatoire mondial de la santé de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) au 13 juillet 2023. Les données des États-Unis pour les années 2019 et 2022 ne sont pas disponibles.

Canada :

La rougeole a considérablement diminué au fil du temps. Avant l’introduction du vaccin contre la rougeole en 1963, entre 10 000 et 90 000 personnes étaient infectées par la rougeole chaque année au Canada. Heureusement, les cas de rougeole ont considérablement diminué après l’introduction du vaccin, passant d’une moyenne de 9 863 cas annuels entre 1969 et 1983 à zéro cas en 2021 (figure 1). En 1998, le Canada a atteint le statut d’élimination de la rougeole (absence de transmission constante pendant plus de 12 mois).

Plus récemment, il y a eu quatre cas actifs de rougeole et un cas actif de syndrome de rubéole congénitale au Canada entre le 4 et le 10 février 2024.

Figure 1. Incidence de la rougeole au Canada de 1940 à 2022

Remarque. La figure est reproduite d’après les données du document : Gouvernement du Canada — Rougeole : Pour les professionnels de la santé. Les données de la rougeole pour les années allant de 1959 à 1968 (en bleu) ne sont pas disponibles, car la maladie n’était pas à déclaration obligatoire à l’échelle du pays.

États-Unis :

La rougeole est devenue une maladie à déclaration obligatoire aux États-Unis en 1912, avec environ 6 000 décès annuels en moyenne au cours de la première décennie de déclaration nationale. Aux États-Unis, avant l’arrivée du vaccin contre la rougeole en 1963, chaque année, entre trois et quatre millions de personnes étaient infectées par la rougeole, avec 300 à 400 décès par an. En 2000, les États-Unis ont obtenu le statut d’élimination de la rougeole.

Au cours de la dernière décennie, le nombre annuel de cas de rougeole a fluctué, atteignant un sommet de 1 274 cas en 2019. Entre septembre 2018 et septembre 2019, 26 éclosions ont été enregistrées, la plupart des cas ayant été signalés dans la ville de New York et dans le reste de l’État de New York. Au 22 février 2024, 35 cas de rougeole ont été signalés aux États-Unis.

Figure 2. Nombre de cas de rougeole aux États-Unis, 2010-2023

Remarque. Reproduit du document CDC — Measles (Rubeola) — Cases and Outbreaks. Données du 15 février 2024. Le nombre de cas pour 2023 est préliminaire et sujet à modification.

Incubation :

L’incubation de la rougeole dure environ 10 jours, mais peut varier de 7 à 18 jours. L’éruption cutanée peut apparaître entre 14 et 21 jours après l’exposition.

Réservoir :

L’humain est le seul réservoir du virus de la rougeole.

Transmission :

La rougeole est l’une des maladies infectieuses les plus contagieuses au monde. Il se propage lorsqu’une personne infectée respire, tousse, éternue ou parle. Transmis par voie aérienne, le virus peut rester dans l’air ou sur une surface jusqu’à deux heures après qu’une personne quitte le lieu. Si une autre personne pénètre dans la zone contaminée ou touche une surface infectée, elle peut devenir infectée. La rougeole peut être transmise à d’autres personnes jusqu’à quatre jours avant l’apparition de l’éruption cutanée et jusqu’à quatre jours après sa disparition.

Le taux d’attaque secondaire ou la probabilité que l’infection par la rougeole se propage parmi les personnes à risque au sein d’un groupe spécifique (par exemple, les contacts étroits) est élevé (90 %). En d’autres termes, si une personne est atteinte de la rougeole, jusqu’à 9 contacts étroits sur 10 de cette personne, seront également infectés, s’ils ne sont pas immunisés.

Le nombre de reproduction de base (R0) de la rougeole indique sa contagiosité et sa transmissibilité ; il est estimé à 12-18. Cela signifie que chaque personne infectée par la rougeole infectera en moyenne 12 à 18 autres personnes au sein d’une population à risque.

Diagnostic de laboratoire :

Les provinces et territoires du Canada sont chargés de collecter immédiatement des échantillons pour les tests sérologiques et la détection du virus, et de s’assurer de communiquer les résultats dans un délai d’au plus 72 heures.

La confirmation en laboratoire de l’infection nécessite un prélèvement immédiat d’échantillons pour un test sérologique et pour la détection du virus. Dès que possible, les échantillons doivent être prélevés par écouvillonnage nasopharyngé (de préférence) ou de gorge, au plus tard quatre jours après l’apparition de l’éruption cutanée. Les échantillons peuvent également être prélevés dans l’urine dans les sept jours suivant l’apparition de l’éruption. Pour la sérologie de l’immunoglobuline G (IgG), les cliniciens doivent prélever un premier échantillon dans les sept jours suivant l’apparition de l’éruption et un second échantillon entre 10 et 30 jours après le premier prélèvement. Pour la sérologie de l’immunoglobuline M (IgM), il est important de noter qu’un échantillon prélevé entre trois jours avant l’apparition de l’éruption cutanée et 28 jours suivant l’apparition de l’éruption cutanée peut entraîner de faux résultats négatifs.

La présence d’anticorps de classe IgM propres à la rougeole indique une infection aiguë par le virus de la rougeole lorsqu’une éruption est observée et que le cas a été exposé à la rougeole (lors d’un voyage dans une région endémique ou lorsqu’un lien épidémiologique à un cas confirmé est établi). Un test peut donner un faux résultat positif dans le cas d’un patient qui a obtenu un résultat positif au test de détection d’anticorps IgM sans avoir été exposé au virus ou s’il a reçu le vaccin rougeole-oreillons-rubéole (ROR) dans les six semaines précédant l’apparition de l’éruption cutanée.

Pour détecter les anticorps d’immunoglobuline G (IgG) spécifiques de la rougeole, l’étalon de référence est le test de séro-neutralisation par réduction des plages (TSNRP). Une épreuve immunoenzymatique, constitue un bon indicateur d’immunité contre la maladie, mais n’a pas nécessairement de lien direct avec la présence d’anticorps protecteurs et neutralisants quantifiés par l’étalon de référence, le TSNRP. Le titre d’anticorps IgG antirougeoleux protecteur est estimé entre 120 et 200 mUI.

La technique de transcription inverse suivie d’une réaction en chaîne de la polymérase (RT-PCR) est la méthode diagnostique la plus fiable pour la confirmation d’une infection par le virus rougeole. Toutefois, la sensibilité de la RT-PCR peut être influencée par certains facteurs, notamment les antécédents de vaccination, le moment du prélèvement, l’intégrité de l’échantillon et les conditions de conservation de l’échantillon. Un autre test à haute spécificité est l’isolement du virus de la rougeole dans une culture lorsqu’il est confirmé par RT-PCR ou immunofluorescence. L’isolement du virus en culture est moins sensible que la RT-PCR et dépend fortement de l’intégrité et de la rapidité de la collecte des échantillons.

Au Canada, le Laboratoire national de microbiologie (LNM) effectue le génotypage afin de relier les cas et les éclosions. Le génotypage est également utilisé pour distinguer une éruption cutanée postimmunisation d’une infection par un virus sauvage. Pour le génotypage, le type et la manutention des échantillons sont les mêmes que ceux qui sont nécessaires à la RT-PCR.

Pour plus de détails sur les tests de laboratoire de la rougeole, veuillez consulter les Lignes directrices concernant les éclosions de rougeole au Canada : Lignes directrices pour le diagnostic de la rougeole en laboratoire de l’ASPC

Prévention et contrôle :

Grâce à la réussite des programmes de vaccination systématique contre la rougeole, le Canada a obtenu le statut d’éradication de la rougeole en 1998. Pour que le Canada conserve son statut d’élimination de la rougeole au Canada, il est essentiel de maintenir une couverture vaccinale élevée dans le pays. L’ASPC recommande l’administration d’un vaccin combiné contre la rougeole, la rubéole, les oreillons et la varicelle (RROV) ou d’un vaccin combiné contre la rougeole, la rubéole et les oreillons (ROR) à tous les enfants après leur premier anniversaire (entre 12 et 15 mois). Une deuxième dose est administrée à 18 mois ou à tout moment avant l’entrée à l’école. Le vaccin RROV n’est autorisé que pour les personnes de 12 mois à moins de 13 ans. Les prestataires de soins de santé sont encouragés à promouvoir l’importance de la mise à jour des vaccinations de routine contre la rougeole auprès de leurs patients. Pour plus d’information, veuillez consulter les conseils de santé aux voyageurs du gouvernement du Canada pour connaître l’état actuel de la rougeole dans le monde.

Le vaccin ROR est une stratégie de prévention rentable qui est utilisée depuis environ 60 ans et qui coûte moins de 1,35 CAD (1,14 USD) par enfant. En 2022, 74 % des enfants dans le monde ont reçu les deux doses du vaccin contre la rougeole, et 83 % ont reçu une dose du vaccin avant leur deuxième anniversaire.

Les cas de rougeole doivent être signalés à l’ASPC le plus rapidement possible après leur détection. Conformément aux protocoles fédéraux, provinciaux et territoriaux, les annonces d’éclosion de rougeole ne se font qu’une fois que l’ASPC en a été alertée.

Traitement :

Une prophylaxie post-exposition (PPE) doit être proposée aux personnes exposées à la rougeole et qui ne sont pas immunisées contre elle. Le vaccin ROR peut être administré dans les 72 heures suivant l’exposition initiale à la rougeole ou des immunoglobulines (IG) dans les six jours suivant l’exposition afin de fournir une protection éventuelle, mais le vaccin ROR et les IG ne doivent pas être administrés simultanément.

Il n’existe aucun traitement antiviral spécifique contre une infection par le virus de la rougeole. Des soins médicaux, tels que la réhydratation, servent à soulager les symptômes et à éviter les complications de la rougeole.

La carence en vitamine A a été associée à des complications de la rougeole, telles que des lésions oculaires et la cécité, ainsi qu’à un retard du rétablissement. C’est pourquoi les prestataires de soins de santé devraient fournir deux doses de suppléments de vitamine A aux patients, à 24 heures d’intervalle.

Où en sont les éclosions actuelles de rougeole?

L’activité de la rougeole a augmenté dans le monde entier et est largement attribuée à l’augmentation du nombre de personnes non vaccinées ou insuffisamment vaccinées pendant la pandémie de COVID-19. Selon le point de presse des Nations unies du 20 février 2024, le nombre de cas de rougeole dans le monde a augmenté de 79 %, avec plus de 300 000 cas signalés en 2023. La plupart d’entre eux ont été signalés au Yémen, en Azerbaïdjan, au Kazakhstan, en Inde et en Éthiopie. Le nombre de flambées de rougeole a augmenté vers la fin de l’année 2023 et devrait continuer à croître en 2024 en raison de la faible couverture vaccinale. Les responsables de l’OMS préviennent que plus de la moitié des pays risquent de connaître une flambée de rougeole d’ici à la fin de 2024 si des mesures préventives ne sont pas prises.

Tableau 2. Pays comptant le plus grand nombre de cas de rougeole au 10 décembre 2023

PaysCasIncidence par million d’habitants
Yémen25 216,00724,79
Inde14 927,0010,41
Kazakhstan12 985,00658,97
Éthiopie11 227,0087,75
Pakistan8 316,0034,28
République démocratique du Congo (RDC)5 989,0057,73
Fédération russe4 305,0029,85
Irak4 164,0090,61
Indonésie3 827,0013,74
Nigéria3 683,0016,28

Remarque. Tableau adapté de l’article du Lancet de décembre 2023, « Urgent health update : rising measles cases in Kazakhstan » en utilisant les données du CDC — Global Measles Outbreaks et les statistiques démographiques de 2023 de Worldofmeters. Les données couvrent la période juillet-décembre 2023.

Figure 3. Répartition géographique du nombre de cas de rougeole déclarés, juillet-décembre 2023

Remarque. Figure reproduite à partir du document Threat Assessment Brief (16 février 2024) du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC).

Canada :

À ce jour, le Canada a déclaré un total de quatre cas de rougeole en 2024, comparativement à un total de 12 cas déclarés pour l’ensemble de l’année 2023. Le 10 février 2024, il y avait quatre cas actifs de rougeole et un cas actif de syndrome de rubéole congénitale.

La chronologie des cas de rougeole en 2024 se lit ainsi :

  • Semaine épidémiologique 3 (14-20 janvier 2024) : Un cas signalé dans la région sanitaire du centre de la Saskatchewan. Il s’agit d’un adulte ayant effectué un voyage à l’étranger (statut vaccinal inconnu).
  • Semaine épidémiologique 4 (21-27 janvier 2024) : Un cas déclaré dans la région sanitaire du sud-ouest de l’Ontario. Le cas est un adulte vacciné qui a contracté l’infection alors qu’il voyageait à l’extérieur du Canada.
  • Semaine épidémiologique 6 (4-10 février 2024) : Deux cas déclarés. Le premier dans la région sanitaire de Montréal et Laval au Québec. Le second cas a été déclaré dans la région sanitaire du centre-est de l’Ontario. Les deux cas étaient des enfants non vaccinés qui ont contracté l’infection alors qu’ils voyageaient à l’extérieur du Canada.

Depuis le 10 février 2024, deux cas de rougeole ont été rapportés en Ontario. Le premier cas a été déclaré le 13 février 2024 chez un enfant à Mississauga. Le deuxième cas a été rapporté le 16 février 2024 à Toronto chez un nourrisson qui a été hospitalisé. Dans les deux cas, les enfants avaient contracté l’infection lors d’un voyage à l’extérieur du Canada.

Figure 4. Répartition géographique des cas actifs* et confirmés de rougeole au Canada, par région sanitaire, du 4 au 10 février 2024.

Remarque. Figure reproduite du document Gouvernement du Canada — Rapport hebdomadaire de surveillance de la rougeole et de la rubéole — Semaine 6 : du 4 février au 10 février 2024

*Les cas actifs sont ceux pour lesquels la date d’apparition de l’éruption cutanée du cas survient dans les 42 jours (pour la rougeole) et 46 jours (pour la rubéole) précédant la date de fin de la semaine épidémiologique.

États-Unis :

Le 25 janvier 2024, le CDC a publié une alerte sanitaire concernant 23 cas confirmés de rougeole enregistrés entre le 1er décembre 2023 et le 23 janvier 2024 aux États-Unis. La plupart des cas concernaient des enfants et des adolescents non vaccinés.

Au 22 février 2024, 35 cas de rougeole étaient signalés aux États-Unis dans les 15 régions suivantes : Arizona, Californie, Floride, Géorgie, Indiana, Louisiane, Maryland, Minnesota, Missouri, New Jersey, New York City, Ohio, Pennsylvanie, Virginie et Washington.

Région européenne de L’OMS :

La Région européenne a connu une multiplication par un facteur de plus de 30 des cas de rougeole entre 2022 et 2023. En 2023, plus de 30 000 cas de rougeole et 21 000 hospitalisations ont été rapportés dans 40 des 53 pays de la Région européenne, dont dix pays de l’Union européenne (UE) et de l’Espace économique européen (EEE). Sur ces 30 000 cas déclarés, 98 % l’ont été dans dix pays (tableau 3). Selon l’évaluation de la menace publiée le 16 février 2024 par le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), les flambées de rougeole ont continué à augmenter dans plusieurs pays de l’UE/EEE en janvier et au début du mois de février 2024.

Tableau 3. Pays de la Région européenne de l’OMS présentant le plus grand nombre de cas de rougeole, novembre 2022-octobre 2023

PaysCas rapportésIncidence par million d’habitants
Kazakhstan12 304,00627,54
Kirghizistan3 639,00540,28
Arménie487,00175,31
Turquie4 602,0053,63
Tadjikistan538,0053,04
Roumanie981,0049,31
Fédération russe6 131,0042,45
Ouzbékistan810,0023,03
Autriche157,0017,52
Géorgie28,007,51

Remarque. Tableau reproduit à partir du document WHO — Measles and rubella monthly update: WHO European Region — December 6, 2023.  

Dans les pays de l’UE/EEE, 2 361 cas de rougeole ont été signalés en 2023, dont 74,3 % (1 755 cas) en Roumanie.

Figure 5. Incidence des cas de rougeole par million d’habitants dans les pays membres de l’UE/AELE, du 1er janvier 2023 au 31 décembre 2023

Remarque. Figure reproduite à partir du document Threat Assessment Brief (16 février 2024) du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC). Le taux d’incidence élevé au Liechtenstein est dû à trois cas de rougeole importés en 2023.

Roumanie

La Roumanie a connu une augmentation de l’activité de la rougeole depuis la mi-février 2023. Entre le 1er janvier 2023 et le 6 février 2024, 4 679 cas confirmés ont été signalés en Roumanie, soit une augmentation de plus de 160 % par rapport aux 1 755 cas de 2023.

Threat Assessment Brief (16 février 2024) du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC).

WHO – News — A 30-fold rise of measles in 2023 in the WHO European Region warrants urgent action – December 14, 2023

Quel est le risque actuel de rougeole pour les Canadiens?

Bien que le Canada ait obtenu le statut d’élimination, le risque d’importation de cas de rougeole par des personnes non vaccinées qui voyagent est en augmentation. Les personnes qui ne sont pas vaccinées, sont « sous-vaccinées » ou qui n’ont jamais été infectées par la rougeole sont à risque de contracter le virus de la rougeole. On présume généralement que les adultes nés avant 1970 sont immunisés en raison des niveaux élevés de circulation de la rougeole avant 1970.

Les personnes les plus à risque de complications dues à la rougeole sont :

  • les personnes enceintes ;
  • les enfants de moins de 5 ans ;
  • les personnes immunodéprimées.

Recommandations pour les voyageurs :

Pour éviter de contracter la rougeole et de transmettre le virus à d’autres personnes, il est important qu’avant de voyager, les individus non vaccinés se fassent vacciner contenant l’antigène rougeoleux.

Pour les personnes nées avant 1970 et n’ayant pas eu la rougeole, une dose de vaccin contenant l’antigène rougeoleux est recommandée avant de voyager.

Pour les personnes nées en 1970 ou après (12 mois ou plus) qui n’ont pas eu la rougeole, deux doses d’un vaccin contenant l’antigène rougeoleux sont recommandées avant de voyager.

Les enfants de moins d’un an doivent recevoir une dose de vaccin ROR avant de voyager et peuvent être vaccinés à partir de l’âge de 6 mois.

L’ASPC classe la rougeole au niveau 1 des conseils de santé aux voyageurs. Des conseils de santé aux voyageurs de niveau 1 visent à rappeler aux voyageurs de prendre des précautions sanitaires :

  • s’assurer avoir reçu tous les vaccins ;
  • pratiquer une bonne hygiène des mains ;
  • éviter les piqûres d’insectes.

Quelles mesures devrait-on prendre pour un cas soupçonné de rougeole ou de contact avec la rougeole?

Gestion des cas et des contacts :

Les autorités de santé publique doivent être notifiées des cas de rougeole dans les plus brefs délais. Tous les contacts d’une personne infectée par la rougeole doivent être classés comme étant à risque ou non dans les 24 heures suivant la déclaration.

Définition de cas :

Cas confirmé

Confirmation en laboratoire de l’infection en absence d’immunisation récente (c’est-à-dire de moins de 28 jours) avec un vaccin contenant l’antigène rougeoleux :

  • isolement du virus de la rougeole dans un échantillon clinique approprié

OU

  • détection de l’ARN du virus de la rougeole

OU

  • augmentation marquée (par un facteur d’au moins quatre) du titre des anticorps IgG dirigés contre le virus de la rougeole dans le sérum en phase de convalescence par rapport au sérum en phase aiguë

OU

  • sérologie positive pour l’anticorps IgM dirigé contre le virus de la rougeole à l’aide d’une méthode recommandée chez une personne ayant un lien épidémiologique avec un cas confirmé en laboratoire ou qui a voyagé récemment dans une région où l’on sait qu’il y a des cas de rougeole

OU

  • maladie clinique chez une personne ayant un lien épidémiologique avec un cas confirmé en laboratoire

Cas probable

Maladie clinique en l’absence d’épreuves de laboratoire appropriées ou en l’absence d’épreuves de laboratoire appropriées ou chez une personne qui a voyagé récemment dans une région où l’on sait qu’il y a des cas de rougeole.

Cas suspecté/maladie clinique

  • Forte fièvre (égale ou supérieure à 38,3 °C)
  • Toux, coryza (rhume et nez qui coule) ou conjonctivite (yeux rouges et larmoyants)
  • Éruption maculopapulaire généralisée durant au moins trois jours

Identification et déclaration :

La rougeole est déclarée à l’échelle nationale depuis 1924, à l’exception de la période allant de 1959 à 1968.

Afin de maintenir son statut d’élimination de la rougeole, le Canada a créé en 1998 le Système canadien de surveillance de la rougeole et de la rubéole (SCSRR) et publie des rapports hebdomadaires sur la situation de la rougeole et de la rubéole au Canada et transmet ultérieurement des rapports hebdomadaires à l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS). Tous les cas suspects de rougeole doivent être signalés d’urgence à l’ASPC par l’intermédiaire des réseaux de santé publique. Veuillez consulter les lignes directrices provinciales ou territoriales pour plus de détails sur la procédure de déclaration.