Dengue

Données à partir d’octobre 2023

Les Points saillants sur les maladies du CCNMI fournissent aux cliniciens et aux praticiens de la santé publique du Canada des données à jour sur les principales maladies infectieuses pour la pratique de la santé publique au pays. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un examen formel de la documentation, les informations sont recueillies auprès de sources clés, notamment l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC), les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) des États-Unis, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et dans des documents évalués par les pairs.

Ce point saillant a été préparé par Signy Baragar. Les questions, commentaires et suggestions concernant ce point saillant sont les bienvenus et peuvent être envoyés à nccid@manitoba.ca.

Questions :

  1. Quelles sont les principales caractéristiques de la dengue ?
  2. Quel est le risque actuelles Canadiens decontracter la dengue pour ?
  3. Quelle est la prévalence de la dengue au Canada ?
  4. Quelles mesures devrait-on prendre en cas de suspicion de la dengue ou de contact avec la maladie ?

Quelles sont les principales caractéristiques de la dengue ?

Caractéristiques et causes

La dengue est une infection virale transmise par la piqûre de moustiques infectés par Aedes (Ae. aegypti ou Ae. albopictus). Il existe quatre sérotypes du virus de la dengue (DENV), qui sont : DENV-1, DENV-2, DENV-3 et DENV-4. Lorsqu’un moustique pique une personne infectée par l’un des sérotypes du DENV, il devient porteur du virus et peut alors le transmettre à d’autres personnes en les piquant.

Bien que la dengue sévisse le plus souvent dans des régions tropicales et subtropicales, les moustiques porteurs du virus peuvent s’adapter à de nouveaux environnements en raison des changements climatiques et des conséquences de l’épisode 2023 du phénomène climatique El Niño qui a entraîné une augmentation des températures, des précipitations et de l’humidité.

Symptômes

Environ une sur quatre personnes atteintes de la dengue développera la maladie. De manière générale, la plupart des personnes infectées ne présentent que des symptômes bénins, voire aucun symptôme et se rétablissent en une à deux semaines.

Les symptômes bénins de la dengue peuvent être confondus avec d’autres maladies qui provoquent des symptômes semblables à ceux de la grippe. Le symptôme le plus courant de la dengue est l’apparition soudaine d’une forte fièvre (40° C/104 °F) pendant trois à cinq jours. La fièvre s’accompagne généralement d’au moins deux des symptômes suivants :

Gravité et complications

Environ 1 sur 20 personnes atteintes de la dengue présentera des complications et développera une dengue sévère. La dengue sévère survient en cas de perméabilité vasculaire et de thrombocytopénie (diminution du nombre de plaquettes), ce qui peut entraîner une hémorragie interne, une défaillance des organes et un état de choc.

Les personnes infectées pour la deuxième fois courent un risque accru de dengue sévère.

La dengue sévère, également appelée dengue hémorragique, survient souvent 24 à 48 heures après la disparition de la forte fièvre. Les symptômes de la dengue sévère comprennent :

  • vomissements persistants ;
  • douleurs abdominales sévères ;
  • saignement des gencives ou du nez ;
  • sang dans l’urine, les selles ou les vomissures ;
  • respiration difficile ou rapide ;
  • sensation de fatigue, de faiblesse, d’agitation ou d’irritation ;
  • forte sensation de soif ;
  • peau pâle et froide.

La dengue sévère peut être fatale en quelques heures et nécessite une prise en charge médicale immédiate.

Transmission

La dengue se transmet de l’homme au moustique et du moustique à l’homme. Lorsqu’un moustique pique une personne infectée par le virus de la dengue, le virus se réplique et se propage dans les tissus et les glandes salivaires du moustique en question. Environ 8 à 12 jours après l’ingestion du virus, le moustique infecté peut alors le transmettre à d’autres personnes en les piquant. Le moustique infecté peut continuer à transmettre le virus jusqu’à sa mort.

Le moustique femelle Aedes aegypti (fièvre jaune) est le principal vecteur de transmission du virus de la dengue à l’homme. Aedes albopictus, connu sous le nom de « moustique tigre » ou « moustique des forêts »,est un vecteur secondaire de la dengue en Asie.

La dengue ne se transmet pas directement d’homme à homme, sauf dans de rares cas de transfusions sanguines ou de dons d’organes.

Prévention et contrôle

Le meilleur moyen de prévenir la dengue consiste à réduire le nombre de gîtes larvaires des moustiques. En réduisant le nombre de gîtes larvaires, peu de moustiques adultes pourront émerger pour transmettre le virus de la dengue.

Les moustiques Aedes aegypti pondent leurs œufs dans des récipients contenant de l’eau stagnante et préfèrent vivre dans des zones urbaines à proximité des habitations. Ces œufs éclosent au contact de l’eau.

Pour limiter le nombre de moustiques adultes qui émergent du stade œuf/larve/pupe, il convient de couvrir ou de disposer soigneusement des récipients d’eau stagnante. Les récipients contenant de l’eau stagnante doivent être vidés, nettoyés et frottés une fois par semaine pour éliminer les œufs de moustiques.

Les gîtes larvaires des moustiques Aedes aegypti à l’intérieur des habitations comprennent :

  • Bouteilles, récipients en plastique ;
  • Réservoirs de stockage d’eau (eau potable domestique, salle de bain, etc.) ;
  • Pots de fleurs ;
  • Pièges à fourmis.

Les gîtes larvaires à l’extérieur des habitations peuvent inclure :

  • Bouteilles, récipients et boîtes de conserve jetés ;
  • Fûts d’eau ;
  • Bateaux, équipements ;
  • Feuilles de plantes diverses ;
  • Creux dans les arbres, nids-de-poule et trous dans des sites de construction ;
  • Fruits d’arbres.

Protection individuelle et des ménages

Les moustiques Aedes aegypti se nourrissent du sang humain pendant la journée, surtout tôt le matin et le soir avant le crépuscule. Dans les zones à risque, il est important de :

  • porter des vêtements qui couvrent autant que possible votre corps ;
  • appliquer des répulsifs contre les moustiques (contenant du DEET, de l’icaridine ou de l’IR3535) ;
  • utiliser des moustiquaires idéalement imprégnées de répulsif si vous dormez pendant la journée (lorsque les moustiques Aedes aegypti sont plus actifs) ;
  • installer des écrans anti-insectes aux fenêtres et aux portes ;
  • utiliser des insecticides sous forme d’aérosols, des vaporisateurs ou des serpentins fumigènes.
  • OMS : Dengue et dengue sévère
  • OMS : Dengue et dengue sévère — Questions-réponses
  • Gouvernement du Canada — Dengue

Vaccins

Le tout premier vaccin contre la dengue (Dengvaxia®) a été homologué au Mexique en 2015 pour les personnes âgées de 9 à 45 ans. À ce jour, ce vaccin est autorisé dans 20 pays pour les personnes vivant dans des zones où la dengue est endémique. L’utilisation du vaccin contre la dengue n’est pas approuvée au Canada.

L’Organisation mondiale de la Santé a recommandé de limiter l’administration de Dengvaxia® aux personnes ayant déjà été infectées par la dengue.

Traitement

Il n’existe pas de traitement spécifique contre la dengue.

L’acétaminophène (paracétamol) est souvent utilisé dans le traitement symptomatique de la fièvre et des douleurs. Il est déconseillé de prendre de l’aspirine, de l’ibuprofène ou d’autres anti-inflammatoires non stéroïdiens, car ils peuvent augmenter le risque de saignement.

Les patients présentant des symptômes de dengue sévère doivent se rendre immédiatement à l’hôpital. La dengue sévère constitue une urgence sanitaire.

 Epidémiologie

Généralités

Au cours des deux dernières décennies, l’incidence mondiale de la dengue a été multipliée par dix, passant de 500 000 cas en 2000 à un pic de 5,2 millions de cas en 2019. Après un léger recul entre 2020 et 2022 en raison de la pandémie de COVID-19, une recrudescence des cas de dengue a été observée en 2023, ainsi qu’une propagation du virus dans des régions jusque-là épargnées par la maladie. La transmission de la dengue est cyclique, avec de grandes flambées pouvant survenir tous les trois à quatre ans.

Près de la moitié de la population mondiale vit dans des régions où il existe un risque de contracter la dengue. La dengue est endémique dans plus de 100 pays répartis dans cinq des six régions de l’OMS, à savoir : les Amériques, l’Afrique, la Méditerranée orientale, l’Asie du Sud-Est et le Pacifique occidental. Elle sévit principalement dans les zones urbaines et semi-urbaines des régions tropicales et subtropicales.

En raison de l’augmentation des températures et de l’évolution des régimes de précipitations dus aux chocs climatiques, la dengue pourrait devenir endémique dans le sud des États-Unis, en Europe méridionale et dans certaines régions de l’Afrique au cours des 10 prochaines années.

Région OMS des Amériques

La région des Amériques a connu une augmentation significative de la prévalence de la dengue au cours de la dernière décennie. Entre 2010 et 2019, environ 17,5 millions de cas de dengue ont été signalés dans la région, le précédent record historique étant de 3,18 millions de cas en 2019. Après une légère baisse observée entre 2020 et 2022 en raison de la pandémie de COVID-19, un record historique de 4,1 millions de cas suspects (incidence cumulée de 419 cas pour 100 000 habitants), dont 6710 cas graves et 2049 décès ont été signalés entre le 1er janvier et le 11 décembre 2023. Au 12 novembre 2023, 1 895 122 cas (soit 45 % du nombre total de cas suspects signalés) avaient été confirmés en laboratoire.

À l’heure actuelle, 46 pays et territoires de la Région des Amériques communiquent systématiquement à l’Organisation mondiale de la Santé leurs données sur la dengue. D’après les données enregistrées lors de la semaine épidémiologique 48 (du 26 novembre au 2 décembre 2023), le Brésil a signalé le plus grand nombre de cas suspects dans la Région (n = 2 909 404, soit 1359 cas pour 100 000 habitants), suivi du Pérou (n = 271 279, soit 813 cas pour 100 000 habitants) et du Mexique (n = 235 616, soit 179 cas pour 100 000 habitants).

Les quatre sérotypes de DENV sévissent actuellement dans la Région des Amériques, notamment au Brésil, en Colombie, au Costa Rica, au Guatemala, au Honduras, au Mexique, au Nicaragua, au Panama et au Venezuela. Les sérotypes DENV-1 et DENV-2 ont été les plus couramment détectés dans la région des Amériques ; cependant, la fréquence de détection des sérotypes DENV-3 et DENV-4 s’est également accrue en 2023.

Canada

Au Canada, aucun cas de dengue contracté localement n’a été signalé. Tous les cas signalés au Canada ont été détectés chez des voyageurs revenant de zones où la dengue est présente.

États-Unis d’Amérique

En 2023, 2343 cas de dengue — dont, 1347 cas détectés chez des voyageurs et 996 cas contractés localement — ont été signalés dans les 52 États. Parmi les cas contractés localement, le Porto Rico a signalé le plus grand nombre de cas, suivi des États méridionaux de la Floride, de la Californie et du Texas.

Période d’incubation

La période d’incubation commence quatre à dix jours après l’infection et dure de deux à sept jours.

Quel est le risque actuel les Canadiens de contracter la dengue pour ?

Le risque de contracter la dengue au Canada est faible ; toutefois, tous les voyageurs sont exposés au risque de contracter la dengue s’ils se rendent dans des régions où la dengue est endémique.

Quelle est la prévalence de la dengue au Canada ?

Environ 200 à 300 cas de dengue sont importés chaque année au Canada. Tous les cas ont été détectés chez des voyageurs revenant de pays où la dengue est présente.

Quelles mesures devrait-on prendre en cas de suspicion de dengue ou de contact avec la maladie ?

Il est recommandé aux voyageurs de consulter un professionnel de la santé si des symptômes de la dengue apparaissent lors d’un voyage ou après le retour au Canada. Un professionnel de la santé posera un diagnostic précis compte tenu des antécédents de voyage, des symptômes et des tests de laboratoire.

Définition de cas

Identification et déclaration

La dengue n’est pas une maladie à déclaration obligatoire au Canada.

Détection en laboratoire

Le Laboratoire national de microbiologie (LNM) de l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) fournit quatre services de référence pour la détection de la dengue, notamment : la détection moléculaire par la réaction en chaîne de la polymérase après transcription inverse en temps réel (RT-PCR) ; la détection sérologique d’anticorps IgM et IgG dirigés contre le virus de la dengue par méthode immunoenzymatique (ELISA) ; la détection sérologique d’anticorps au moyen du test de séroneutralisation par réduction des plages (PRNT)*. Bien que ces quatre méthodes de détection requièrent toutes des échantillons de sérum, les tests moléculaires peuvent aussi être réalisés sur des échantillons de plasma ou de liquide céphalo-rachidien (LCR).

Le délai d’exécution des tests au LNM est de 21 jours civils pour la RT-PCR et de 14 jours civils pour les tests d’anticorps IgM et IgG ELISA. En ce qui concerne les tests PRNT, le délai d’exécution est de 21 jours civils après la réalisation de l’épreuve préliminaire ELISA.

Au LNM, les tests PRNT sont réalisés uniquement sur des échantillons réactifs (positifs) aux tests de détection d’anticorps IgM/IgG ELISA. Les échantillons non réactifs (négatifs) ne sont pas soumis au PRNT.

Interprétation des résultats

Des résultats positifs au test RT-PCR indiquent la présence de la dengue. Un résultat au test RT-PCR est jugé positif si l’un des quatre sérotypes cibles de la dengue est détecté par son épreuve uniplexe et si la valeur CT se situe à l’intérieur du seuil préétabli pour cette épreuve ou ce sérotype précis.

La détection d’anticorps IgG dans un test de détection d’anticorps IgG anti-dengue indique une exposition passée ou présente à la dengue. Un cas de dengue est considéré comme « confirmé » lorsqu’il y a une augmentation d’au moins quatre fois du titre d’anticorps neutralisants, ou une séroconversion dans des sérums appariés.

La détection d’anticorps IgM indique une exposition à la dengue à une période indéterminée. Toutefois, il est important de noter que la seule détection d’IgM ne suffit pas pour confirmer une infection aiguë, car les anticorps IgM peuvent rester dans le sérum pendant un an ou plus après l’exposition au virus.