Ignatzschineria indica

Les Points saillants du CCNMI offrent aux praticiens et aux cliniciens canadiens de la santé publique un examen actualisé des renseignements essentiels relatifs à des maladies infectieuses importantes, de manière à orienter la pratique en santé publique au Canada. Bien que cet examen ne constitue pas une revue formelle de la littérature, les renseignements proviennent de sources clés telles que l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC), les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) des États-Unis et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), ainsi que de documents à comité de lecture.

Les Points saillants suivants ont été préparés par Ankita Mehra. Les questions, commentaires et suggestions à ce sujet sont les bienvenus et peuvent être envoyés à nccid@manitoba.ca

Que sont les Points saillants? Pour en savoir davantage sur la manière dont l’information est recueillie, consultez notre page consacrée aux Points saillants.

Quelles sont les principales caractéristiques d’Ignatzschineria indica ?

Cause

L’infection à Ignatzschineria indica (I. indica) est causée par une myiase, c’est-à-dire l’infection de tissus humains par des larves de mouches. I. indica est une bactérie de type bacille à Gram négatif, aérobie et non mobile. I. indica appartient à la classe des gammaprotéobactéries, qui comporte trois autres espèces : Ignatzschineria larvae, Ignatzschineria ureiclastica et Ignatzschineria cameli. (Ces espèces étaient auparavant classées dans la catégorie Schineria). Elle est transmise par les larves (asticots) des mouches à viande, qu’elles soient grises (Sarcophaginae) ou vertes et bleues (Calliphoridae).

Signes et symptômes

Les personnes infectées présentent généralement une plaie infestée d’asticots. Les symptômes, qui peuvent être plus ou moins graves, sont notamment la fièvre, un taux élevé de globules blancs, des douleurs et une hypothermie. Il est possible d’être infecté sans que cela altère les signes vitaux.

Gravité et complications

Compte tenu de sa rareté, aucun taux de mortalité n’est disponible pour cette maladie. Dans les études de cas, les conclusions vont de la maladie grave voire du décès au rétablissement complet. Les comorbidités, le délai de diagnostic et d’autres déterminants de la santé sont autant de facteurs susceptibles d’avoir une influence significative sur la progression de la maladie.

Épidémiologie

Généralités :

Des cas d’Ignatzschineria ont été signalés en Europe, au Canada et aux États-Unis. Les espèces Ilarvae et I. ureiclastica dominent en Europe, tandis que I. indica est la seule espèce recensée en Amérique du Nord. L’infection est assez rare : on dénombre deux cas confirmés au Canada, huit en Europe et sept aux États-Unis. Les principaux facteurs de risque d’infection à I. indica sont un cadre de vie insalubre, une situation sociale difficile, la consommation de substances, l’absence de domicile fixe et un mode de vie précaire.

Diagnostic clinique et de laboratoire :

Les techniques de diagnostic recommandées sont la culture de tissus et la PCR. I. indica a été isolée à partir de prélèvements de sang, d’urine et d’abcès mammaire, et mise en culture à des fins d’identification dans différents milieux : gélose Muller-Hinton, gélose MacConkey, gélose Salmonella Shigella, gélose cœur-cervelle et gélose de base King A (HiMedia). Dans la plupart des études de cas, les cultures ont révélé la présence de différents microbes, et des organismes appartenant au genre Acinetobacter, Oligella, Alcaligenes et Psychrobacter ont été identifiés à tort comme I. indica. Le recours à des méthodes moléculaires est donc conseillé pour confirmer les résultats, notamment l’amplification et le séquençage de l’ARN 16S. Parmi les tests complémentaires possibles figurent la coloration de Gram, l’épreuve catalase et la recherche d’oxydase. I. indica est une bactérie à Gram négatif, catalase positive et oxydase positive.

Prévention et contrôle

I. indica est un pathogène à transmission vectorielle ; la mouche verte (Lucilia seracata) et la mouche carnassière (Wohlfahrtia magnifica) en sont des vecteurs confirmés. La mouche verte est présente dans le sud du Canada, mais pas la mouche carnassière. Il existe une incertitude quant au type de larve de mouche responsable de la transmission d’I. indica au Canada. Les efforts de prévention de l’infection devraient s’axer sur l’amélioration des déterminants de la santé et de l’accès aux soins pour les groupes vulnérables, afin d’éviter le développement de plaies infestées de larves.

Vaccination

Il n’existe aucun vaccin contre l’infection à I. indica.

Traitement

Les échantillons cliniques de patients atteints de myiase doivent être examinés à la recherche d’infections rares, notamment I. indica. Aucun traitement optimal n’a été défini pour I. indica, mais il a été constaté que la bactérie est sensible aux aminoglycosides, au triméthoprime-sulfaméthoxazole et aux fluoroquinolones. Une résistance aux céphalosporines de troisième génération, à la pipéracilline-tazobactam et aux carbapénèmes a été observée.

Les larves peuvent être retirées par intervention chirurgicale, ou au moyen d’une brosse spéciale avec le patient sous anesthésie.

Où en est la situation concernant l’actuelle éclosion ?

Seuls deux cas ont été recensés au Canada : à Ottawa (Ontario) en 2019, et à Winnipeg (Manitoba) en 2020. Dans les deux cas, il s’agissait d’un patient vulnérable présentant un ulcère infesté par des asticots.

Quel risque les Canadiens encourent-ils à l’heure actuelle ?

Le risque est très faible dans la population générale. Il est plus élevé au sein des populations vulnérables atteintes de myiase, en particulier les personnes âgées, les toxicomanes et les personnes vivant dans des conditions insalubres.

Quelles sont les mesures à prendre en cas de suspicion de cas ou de contact ?

Il n’existe pas de protocole de déclaration des cas suspects ou confirmés au Canada.