Mis à jour le 28 octobre 2025
Points saillants sur les maladies du CCNMI fournissent aux praticiens et aux cliniciens de la santé publique canadienne des analyses actualisées des informations essentielles sur les maladies infectieuses importantes pour la pratique de la santé publique au Canada. Bien qu’il ne s’agisse pas d’une revue de littérature officielle, les informations sont recueillies auprès de sources clés, notamment l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC), les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) des États-Unis, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et la littérature évaluée par des pairs.
Ces Points saillants sur les maladies ont été préparés par Kevin Yie. Les questions, commentaires et suggestions concernant ces Points saillants sur les maladies sont les bienvenus et peuvent être envoyés à CCNMI@manitoba.ca.
Que sont les Points saillants sur les maladies ? Pour en savoir plus sur la manière dont les informations sont collectées, consultez notre page consacrée aux Points saillants sur les maladies.
Questions abordées dans ces Points saillants :
- Quelles sont les caractéristiques importantes de la myiase à Cochliomyia hominivorax ?
- Que se passe-t-il actuellement avec les épidémies de myiase à Cochliomyia hominivorax ?
- Quel est le risque actuel pour les Canadiens lié à la myiase à Cochliomyia hominivorax ?
- Quelles mesures faut-il prendre en cas de suspicion de myiase à Cochliomyia hominivorax ou de contact avec cette espèce ?
Quelles sont les caractéristiques importantes de la myiase à Cochliomyia hominivorax ?
Cause
La myiase à Cochliomyia hominivorax (infestation parasitaire d’un animal vivant par des larves de mouches) est une infection causée par la mouche Cochliomyia hominivorax. La maladie se transmet lorsqu’une mouche femelle pond ses œufs sur une plaie ouverte. Ses larves éclosent alors et infestent la plaie, entreprenant une myiase obligatoire pour achever leur cycle de vie parasitaire. La durée de vie de cette espèce est d’environ 20 jours. La période d’incubation après la ponte des œufs fécondés par une mouche est courte, de 12 à 24 heures. Une fois écloses, les larves se nourrissent de leur hôte pendant 5 à 7 jours avant de tomber au sol pour se métamorphoser.
Bien qu’il s’agisse principalement d’une zoonose, cette espèce peut également entraîner une infection chez les êtres humains, dans certaines circonstances. Le premier cas répertorié de myiase à Cochliomyia hominivorax a été découvert en 1858 à partir d’un échantillon humain prélevé sur l’île du Diable, près de la Guyane française. Depuis, les rapports de cas ont indiqué que le parasite était endémique en Amérique du Sud et en Amérique centrale.
En Amérique du Nord, grâce à l’emploi de la technique de stérilisation des insectes, cette espèce semblait avoir été éradiquée chez la faune sauvage et le bétail aux États-Unis dans les années 1960 et au Mexique dans les années 1970. Cependant, en 2025, la myiase à Cochliomyia hominivorax e a fait son retour chez les bovins mexicains, et le tout premier cas d’infection humaine en Amérique du Nord a été signalé. Cette découverte indique que le parasite a migré vers le nord en raison du changement climatique. La Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis et l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) ont toutes deux mis en garde contre l’importation de produits d’origine animale infestés par cette espèce, la première ayant déjà interdit les importations d’animaux en provenance du Mexique en 2025 afin de limiter la résurgence.
USDA : Southeastern United States Collection: Screwworm Eradication Program Records
CDC : Resurgence of New World Screwworm in the Americas: What Healthcare Providers Need to Know
Signes et symptômes
La myiase à Cochliomyia hominivorax est une maladie très douloureuse, caractérisée par la présence d’asticots ou de larves autour de la zone blessée ou à l’intérieur. Si la plaie est proche du nez, des yeux ou de la bouche du patient, les larves peuvent également migrer vers ces orifices.
La gravité des symptômes peut varier en fonction du stade du cycle de vie du parasite. Les symptômes comprennent des douleurs, des saignements au niveau de la ou des plaies, une absence de cicatrisation naturelle de la ou des plaies et une odeur nauséabonde autour et au niveau du ou des sites d’infection. Le patient est également susceptible de sentir les larves bouger dans la ou les zones présentant des plaies et peut voir les larves, selon l’endroit où la plaie est située. Des infections bactériennes secondaires peuvent également survenir et doivent être exclues. Les symptômes varient en fonction de l’étiologie et de la pathogenèse de l’infection secondaire, mais comprennent généralement de la fièvre et des frissons.
CDC : About New World Screwworm Myiasis
Gravité et complications
La myiase à Cochliomyia hominivorax n’est pas mortelle si l’infestation est détectée à un stade précoce et traitée. La maladie peut causer des douleurs intenses et prolongées, même après le traitement, en raison des lésions nerveuses. D’autres complications peuvent également survenir si les larves s’enfouissent dans des zones vitales, en particulier lorsque le site d’infection est proche d’un organe, par exemple du cuir chevelu au cerveau, comme dans un cas signalé. Des complications peuvent également survenir en raison d’infections opportunistes secondaires. Deux décès dus à une myiase à Cochliomyia hominivorax ont été signalés chez des êtres humains, tous deux au Costa Rica, chez des personnes âgées.
The BMJ : New World screwworm: Nicaragua confirms 30 human cases of flesh-eating parasite
Épidémiologie : généralités
Les principaux vecteurs de la myiase à Cochliomyia hominivorax sont le bétail, les animaux domestiques et la faune sauvage. Les cas chez les êtres humains représentent moins de 1 % de tous les cas signalés de myiase à Cochliomyia hominivorax.
Au Canada, aucun cas de myiase à Cochliomyia hominivorax n’a été signalé, en raison du climat plus froid et non tropical du pays, qui ne convient pas au cycle de vie de ces mouches. La myiase à Cochliomyia hominivorax représente toujours un risque pour le système agricole du pays en raison de l’importation de bétail et d’animaux infectés par le parasite. Aucun cas de myiase à Cochliomyia hominivorax chez les animaux n’a été signalé à la suite de l’importation de bétail en provenance de pays à forte prévalence au Canada. Un cas a été signalé chez un citoyen canadien qui a été infecté lors d’un voyage à l’étranger.
The BMJ : New World screwworm: Nicaragua confirms 30 human cases of flesh-eating parasite
Diagnostic au laboratoire
Le diagnostic de la myiase à Cochliomyia hominivorax nécessite de différencier ses larves de celles d’autres espèces parasitaires. Les larves retirées de la ou des zones infectées d’un patient doivent être immergées dans une solution d’éthanol à 70 % afin de préserver l’échantillon pour analyse. D’autres solutions de conservation, telles que le formol à 5-10 %, peuvent être utilisées à titre de solution de rechange, mais ne sont pas recommandées.
Les asticots de cette espèce sont relativement gros par rapport aux autres espèces de larves, pouvant mesurer de 6,5 mm à 17 mm de long après le cycle d’alimentation. Comme beaucoup d’autres espèces de larves, elles présentent une morphologie muscidiforme amincie à l’avant et arrondie à l’arrière. Les larves ont également des bandes de courtes épines à 1, 2 ou 3 pointes sur chaque segment du corps.
Contrairement aux autres larves, les troncs trachéaux des larves partent de leurs stigmates postérieurs. Leur couleur pigmentaire varie du brun foncé au noir, la partie pigmentée s’étendant vers l’avant sur au moins deux segments complets du corps (3 à 4 en moyenne). Deuxièmement, le péritrème du stigmate postérieur des larves n’est pas fermé à la base.
American College of Laboratory Animal Medicine : MYIASIS (Muscoidea, Oestroidea)
CDC : Lab Identification of New World Screwworm
Transmission
Les mouches femelles sont attirées par les blessures et les orifices des animaux vivants à sang chaud. L’infestation commence lorsqu’une mouche femelle pond ses œufs fécondés sur le ou les sites sensibles à l’infection. Ces œufs finissent par éclore et les larves commencent à se nourrir de la chair environnante. Après s’être nourries, les larves tombent au sol, se métamorphosent et émergent sous la forme de mouches, achevant ainsi le cycle parasitaire.
CDC : Clinical Overview of New World Screwworm Myiasis
Prévention et contrôle
La prévention individuelle contre la myiase à Cochliomyia hominivorax dépend de la protection des plaies ouvertes. Lorsque vous voyagez à l’extérieur dans des régions où la prévalence de cette espèce est élevée, il est essentiel de garder les plaies ouvertes propres et couvertes (bandages, gaze). Les voyageurs doivent porter des chemises et des pantalons amples à manches longues, des chaussettes pour une protection supplémentaire, et utiliser un insectifuge pour une protection générale. Les personnes qui se rendent dans des zones rurales d’élevage doivent vérifier qu’il n’y a pas de larves ou d’œufs sur leur corps après chaque visite et protéger leurs lieux de couchage avec des moustiquaires ou des filets.
La lutte à grande échelle contre la myiase à Cochliomyia hominivorax nécessite des interventions visant à interrompre le processus d’accouplement des mouches. La libération contrôlée de mouches mâles stérilisées (technique de stérilisation des insectes) empêche les œufs d’éclore après avoir été pondus. L’utilisation de la technique de stérilisation des insectes aux États-Unis s’est avérée efficace pour l’éradication des épidémies de myiase à Cochliomyia hominivorax dans le passé et est actuellement utilisée comme mesure de prévention contre la résurgence actuelle du parasite.
CDC : About New World Screwworm Myiasis
AVMA : Mexico screwworm case triggers US emergency response
Vaccination
Il n’existe aucun vaccin contre la myiase à Cochliomyia hominivorax.
Traitement
Le traitement primaire de la myiase à Cochliomyia hominivorax consiste à retirer physiquement les larves du ou des sites d’infection. Le retrait se fait généralement à l’aide d’une pince à épiler, mais une intervention chirurgicale peut être nécessaire en cas d’infestation plus profonde. Ensuite, des antiseptiques et des médicaments antiparasitaires doivent être appliqués sur le ou les sites d’infection afin de prévenir les infections secondaires ou les réinfections. Il convient d’examiner régulièrement (toutes les 24 heures) le ou les sites d’infection afin de s’assurer qu’aucune larve vivante n’est présente.
CDC : Clinical Overview of New World Screwworm Myiasis
AVMA : New World Screwworm (NWS)
Que se passe-t-il actuellement avec les épidémies de myiase à Cochliomyia hominivorax ?
Aucun cas de myiase à Cochliomyia hominivorax n’a été signalé au Canada. Un cas importé a été signalé chez un ressortissant canadien âgé qui a contracté une myiase à Cochliomyia hominivorax dans une plaie au tibia pendant des vacances au Costa Rica.
Aux États-Unis d’Amérique, aucun cas de myiase à Cochliomyia hominivorax chez les êtres humains n’a été signalé depuis l’éradication de l’espèce de mouche parasite en 1966. Une épidémie de myiase à Cochliomyia hominivorax survenue en 2017 dans l’État de Floride, qui a principalement touché les animaux domestiques et les cerfs des Keys de Floride, a fait l’objet d’une opération d’éradication à l’aide de la même méthode.
En Amérique centrale, plusieurs pays ont déclaré l’urgence nationale en raison de la résurgence de la myiase à Cochliomyia hominivorax au cours des deux dernières années, qui touche à la fois les animaux et les êtres humains. Au Costa Rica, 28 cas de myiase à Cochliomyia hominivorax ont été signalés chez des êtres humains. Au Nicaragua, 30 cas de myiase à Cochliomyia hominivorax ont été signalés chez des êtres humains.
The BMJ : New World screwworm: Nicaragua confirms 30 human cases of flesh-eating parasite
Quel est le risque actuel pour les Canadiens lié à la myiase à Cochliomyia hominivorax ?
Le risque de myiase à Cochliomyia hominivorax est faible pour les êtres humains, même dans les zones endémiques. Les Canadiens qui se rendent dans des régions où la prévalence de cette espèce est élevée devraient toutefois suivre les lignes directrices actuelles en matière de prévention et de contrôle de la maladie établies par les agences de santé publique et de santé animale.
Quelles mesures faut-il prendre en cas de suspicion de myiase à Cochliomyia hominivorax ou de contact avec cette espèce ?
Il n’existe aucun protocole pour les cas suspects chez les êtres humains dans les provinces et les territoires. La myiase à Cochliomyia hominivorax est classée comme une « maladie à notification immédiate » par l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) pour tout cas suspect chez le bétail ou tout contact suspect.
