Le virus du Nil occidental (VNO)

Les Points saillants du CCNMI offrent aux praticiens et aux cliniciens canadiens de la santé publique un examen actualisé des renseignements essentiels relatifs à des maladies infectieuses importantes, de manière à orienter la pratique en santé publique au Canada. Bien que cet examen ne constitue pas une revue formelle de la littérature, les renseignements proviennent de sources clés telles que l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC), les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies des États-Unis (CDC) des États-Unis et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), ainsi que de documents à comité de lecture.

Les Points saillants suivants ont été préparés par Christine Yanagawa. Les questions, commentaires et suggestions à ce sujet sont les bienvenus et peuvent être envoyés à ccnmi@umanitoba.ca.

Que sont les Points saillants? Pour en savoir davantage sur la manière dont l’information est recueillie, consultez notre page consacrée aux Points saillants.

Questions abordées dans le présent bulletin :

  1. Quelles sont les caractéristiques importantes du virus du Nil occidental?
  2. Où en sont les éclosions actuelles du virus du Nil occidental?
  3. Quel risque le virus du Nil occidental pose-t-il actuellement aux Canadiens?
  4. Quelles mesures faut-il prendre en présence de contacts ou de cas soupçonnés de virus du Nil occidental?

Le virus du Nil occidental (VNO) est une maladie transmise par les moustiques, causée par un virus dont le génome est formé d’un simple brin d’ARN de polarité positive appartenant au genre Flavivirus. Présent en Afrique, en Europe, au Moyen-Orient, en Asie occidentale et en Amérique du Nord, le VNO se maintient dans la nature par un cycle de transmission enzootique moustique-oiseau-moustique. Bien que l’humain puisse être infecté, il ne fait pas partie du cycle de vie de l’agent pathogène. Les symptômes du VNO chez les humains vont d’asymptomatiques à légers, modérés, graves et critiques. La meilleure façon de réduire le risque d’infection est d’éviter les piqûres de moustiques.

Quelles sont les caractéristiques importantes du virus du Nil occidental?

Cause

Le virus du Nil occidental (VNO) est une maladie transmise par les moustiques causée par un virus dont le génome est formé d’un simple brin d’ARN de polarité positive appartenant au genre Flavivirus, dans la famille des Flaviviridæ. Parmi les autres membres de la famille du VNO, on retrouve les virus qui causent la fièvre jaune, la dengue et le Zika. Présent en Afrique, en Europe, au Moyen-Orient, en Asie occidentale et en Amérique du Nord, y compris au Canada, le VNO se maintient dans la nature par un cycle de transmission enzootique moustique-oiseau-moustique. Les oiseaux de la famille des corvidés (geais, corneilles, pies et corbeaux) et les moustiques de la famille des Culex spp. sont les plus sensibles. Principaux vecteurs du VNO, les moustiques, peuvent s’infecter en se nourrissant du sang d’un oiseau contaminé, l’hôte réservoir. Lors de leurs piqûres suivantes, ils peuvent transmettre le virus aux humains et à d’autres animaux, avec le potentiel de se multiplier et de causer des maladies. La transmission verticale (de l’adulte aux œufs) peut également propager le VNO dans les populations de moustiques.

Bien que les humains, les chevaux et d’autres mammifères puissent être infectés, ils ne font pas partie du cycle de vie de l’agent pathogène; à ce titre, ils sont considérés comme des hôtes occasionnels ou des culs-de-sac épidémiologiques. Dans un petit nombre d’infections humaines, le VNO a été transmis par la transplantation d’organes, la transfusion sanguine, l’exposition en laboratoire et de la mère à l’enfant par transmission transplacentaire, accouchement ou allaitement. Jusqu’à présent, aucune transmission interhumaine par contact occasionnel n’a été signalée. En outre, rien ne prouve que le VNO puisse être transmis à l’homme par le contact avec des animaux vivants infectés, comme les chevaux. En revanche, la manipulation du sang ou d’autres tissus d’un animal mort infecté peut transmettre le VNO à l’homme, notamment par des plaies ouvertes. 

Signes, symptômes et gravité

Les symptômes du VNO vont d’asymptomatiques à légers, modérés, graves et critiques. La plupart des personnes infectées, de 70 % à 80 % d’entre elles, sont asymptomatiques ou subcliniques, alors qu’environ 20 % des personnes infectées présentent des symptômes de maladie fébrile allant de légers à modérés. Ils peuvent comprendre des maux de tête, de la fièvre, de la fatigue, des malaises, de la nausée, des vomissements, de la diarrhée et, rarement, des ganglions lymphatiques enflés et une éruption cutanée sur le torse.

Moins de 1 % des patients développent un syndrome neurologique du VNO, une affection neuro-invasive touchant le système nerveux central, qui se manifeste généralement parune encéphalite, une méningite ou une poliomyélite. Les symptômes peuvent inclureune forte fièvre et une altération de l’état mental, une raideur de la nuque, des convulsions, des déficits neurologiques focaux ou des troubles du mouvement, et une paralysie. Bien que rares, on rapporte également les symptômes suivants : rhabdomyolyse, névrite optique, uvéite, pancréatite, hépatite, myocardite et dysrythmies cardiaques. Le taux de létalité chez les patients atteints de la maladie neuro-invasive du VNO est d’environ 10 %.

La période d’incubation de la maladie du VNO varie de 2 à 14 jours, et jusqu’à plusieurs semaines chez les personnes immunodéprimées. Bien que la majorité des personnes infectées par le VNO se rétablit complètement, la convalescence peut comprendre plusieurs semaines ou mois de fatigue, de malaise et de faiblesse. Des patients qui se remettent d’une encéphalite ou poliomyélite du Nil occidental ont souvent des déficits neurologiques résiduels permanents.

Épidémiologie

Généralités

Le virus du Nil a été isolé et détecté pour la première fois chez une personne infectée en 1937, en Ouganda, dans la région du Nil occidental. Les infections au VNO ont depuis été signalées dans de nombreux pays, dont des flambées importantes en Grèce, en Israël, en Roumanie et en Russie. En 1999, le VNO a été introduit dans l’État de New York et est ensuite devenu endémique dans la plus grande partie des États-Unis. Le premier cas humain de VNO au Canada a été détecté en Ontario en 2002. Parce que la température joue un rôle majeur dans la biologie, l’écologie et l’épidémiologie du VNO (autrement dit, l’amplification virale et le rythme de développement des moustiques s’accélèrent lorsque les températures sont plus élevées), le risque d’infection au virus du Nil occidental commence, dans la plupart des régions du Canada, à la mi-avril et se poursuit jusqu’à la première gelée du sol (fin septembre ou octobre). Ainsi, la majorité des Canadiens est le plus à risque entre la mi-juillet et le début du mois de septembre et à l’aube et au crépuscule, lorsque les moustiques sont les plus actifs. Outre la température, d’autres facteurs climatiques, comme les précipitations et l’humidité relative, constituent autant de variables importantes du cycle de transmission du VNO. Au cours des 20 dernières années, les changements climatiques ont contribué à l’augmentation de 10 % de l’incidence du VNO au Canada.

Bien que tout le monde soit susceptible de contracter le VNO, la sensibilité de l’hôte joue un rôle important dans la manifestation des symptômes; les personnes âgées de plus de 50 ans, celles atteintes de maladies chroniques comme le cancer, le diabète, l’alcoolisme et la cardiopathie, ou encore celles qui prennent des médicaments ou suivent des traitements immunosuppresseurs sont plus à risque de développer des résultats cliniques plus graves. De même, les enfants immunodéprimés risquent de tomber plus gravement malade. La plupart des femmes qui, pendant leur grossesse, ont été atteintes d’une infection au VNO documentée ont donné naissance à des enfants sans infection ni anomalie clinique.

Diagnostic clinique et en laboratoire

Le virus du Nil occidental est diagnostiqué en fonction du patient, des expositions connues et des résultats de laboratoire. Le diagnostic doit être aussi envisagé chez un nourrisson né d’une mère infectée au virus pendant la grossesse ou pendant l’allaitement.

Le diagnostic de laboratoire est établi par des tests ELISA (Enzyme-Linked Immunosorbent Assays) sur le sérum sanguin ou le liquide céphalorachidien afin d’identifier les anticorps IgM et IgG propres au VNO. Les anticorps gM sont détectables de 3 à 8 jours après le début des symptômes et persistent généralement de 30 à 90 jours. Cependant, ces immunoglobulines peuvent persister plus longtemps; des résultats positifs peuvent donc refléter une infection au VNO antérieure. Si le sérum est prélevé dans les 8 jours suivant l’apparition de la maladie, il se peut que les anticorps IgM spécifiques du virus ne soient pas encore détectables, en quel cas, il est nécessaire de reprendre le test à une date ultérieure.

Bien qu’une réponse anticorps IgM réactive résulte rarement d’anticorps à réaction croisée avec d’autres flavivirus, un test de séroneutralisation par réduction des plages (PRNT) peut être utilisé pour confirmer les infections au VNO pour les cas émergeant en dehors de la saison du VNO (de la région sanitaire locale).

D’autres tests de dépistage du virus du Nil occidental peuvent inclure la méthode de transcription inverse et réaction en chaîne de la polymérase en temps réel (RT-PCR) , bien que la sensibilité du test pour l’identification moléculaire soit inférieure à celle du dépistage effectué par ELISA.

Prévention et contrôle

Étant donné qu’il n’existe pas de vaccins contre le VNO, le meilleur moyen de réduire le risque d’infection au VNO est d’éviter les piqûres de moustique. Les Centers for Disease Control and Prevention (Centres pour le contrôle et la prévention des maladies) et l’Agence de santé publique du Canada recommandent aux gens :

  • de porter des vêtements protecteurs pâles, tels des pantalons longs et des chandails amples avec des manches longues, des chaussettes et un chapeau;
  • d’éviter les activités à l’extérieur lorsque les moustiques sont les plus actifs (aube et crépuscule);
  • d’appliquer des insectifuges contenant du DEET ou de l’icaridine;
  • de couvrir les poussettes et les porte-bébés d’une moustiquaire.

En outre, il existe de nombreux moyens recommandés pour réduire les habitats de moustiques près des maisons.

Les oiseaux morts dont on soupçonne qu’ils ont le VNO doivent être déclarés au Réseau canadien pour la santé de la faune.

Comme le VNO peut se transmettre par un contact de sang à sang, lors de la chasse ou du dépeçage d’animaux :

  • toujours couvrir toute blessure ouverte sur les mains ou les bras;
  • toujours se laver les mains, d’abord gantées, puis sans les gants après avoir manipulé un animal mort.

Vaccination

Il n’existe pas de vaccin contre les infections au virus du Nil occidental chez les humains; cependant, le Canada dispose de trois vaccins approuvés qui peuvent être utilisés chez les chevaux.

Traitement

Il n’existe aucun traitement antiviral spécifique pour le VNO; des soins de soutien sont plutôt prodigués en fonction des symptômes du patient. Les symptômes légers à modérés peuvent être traités avec des analgésiques en vente libre pour faire baisser la fièvre et soulager l’inconfort, tandis que les symptômes graves et les cas de VNO neuroinvasif peuvent nécessiter une hospitalisation, l’administration de fluides par voie intraveineuse, une assistance respiratoire, une thérapie antiémétique et le traitement d’infections secondaires. Bien que divers agents thérapeutiques aient été soumis à des essais cliniques, aucun d’entre eux ne démontre d’avantages démontrés.

Où en sont les éclosions actuelles du virus du Nil occidental?

Jusqu’à présent (2012) :

  • 29 cas cliniques humains ont été signalés à travers le Canada : en Ontario (18), au Québec (6), au Manitoba (5);
  • 26 cas positifs d’oiseaux sauvages ont été signalés : en Ontario (8), au Québec (15), au Manitoba (3);
  • 20 cas positifs de chevaux ont été signalés : en Ontario (3), au Manitoba (6), en Saskatchewan (10) et en Alberta (1).

Pour les mises à jour de la situation, le dénombrement des cas et les activités de surveillance, les résidents des Premières Nations et des communautés inuit peuvent communiquer avec leur agent d’hygiène de l’environnement, leur centre de santé communautaire

Pour leur poste de soins infirmiers.

Quel est le risque à l’heure actuelle pour la population canadienne?

Le risque d’une infection au VNO varie en fonction des saisons et des lieux. Depuis son dépistage au Canada en 2020, le nombre de cas annuels chez l’humain a fluctué, passant de 1 481 cas en 2003 à 5 cas en 2010. Ces fluctuations sont dues en partie aux variations météorologiques ayant une incidence sur la reproduction des moustiques et les taux de transmission du virus. En 2003 et 2007, la plupart des cas de virus du Nil occidental chez l’humain ont été déclarés dans les régions des Prairies (Alberta, Saskatchewan et Manitoba), mais en 2002, 2012 et 2018, la plupart des cas sont survenus en Ontario et au Québec, reflétant une variation géographique du risque pour la population canadienne.

En 2019, au Canada, le taux d’incidence des infections au VNO (cliniques et asymptomatiques) était de 0,09 pour 100 000.habitants.

Quelles mesures faut-il prendre en présence de contacts ou de cas soupçonnés de virus du Nil occidental?

Les prestataires de soins de santé doivent déclarer tous les cas probables et confirmés de maladie à virus du Nil occidental, y compris le syndrome neurologique lié au virus du Nil occidental (SNVNO), le syndrome non neurologique lié au VNO (SNNVNO) et l’infection asymptomatique liée au virus du Nil occidental (IAVNO), à leurs autorités sanitaires locales respectives.

Dans les communautés des Premières Nations et des Inuits, il est recommandé au personnel de santé régional d’informer les chefs, les conseils ou les ministères fédéraux appropriés.

Pour les cas équins suspects, les rapports doivent être adressés aux vétérinaires en chef provinciaux et territoriaux.Définition nationale de cas : Virus du Nil occidental – Pour les professionnels de la santé – Agence de la santé publique du Canada