virus de Powassan

Les Points saillants du CCNMI offrent aux praticiens et cliniciens canadiens de la santé publique des revues actualisées sur les renseignements essentiels liés aux maladies infectieuses importantes, de manière à ce qu’ils servent à la pratique en santé publique au Canada. Bien qu’ils ne constituent pas des revues de littérature formelles, les Points saillants sont rédigés à partir de sources clés dont des revues scientifiques évaluées par les pairs, l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC), les centres pour le contrôle et la prévention des maladies des États-Unis (Centers for Disease Control and Prevention, CDC) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Le présent bulletin a été préparé par Ankita Mehra. N’hésitez pas à nous faire part de vos questions, commentaires et suggestions le concernant à l’adresse suivante : nccid@manitoba.ca.

Que sont les Points saillants ? Pour en savoir plus sur la manière dont nous recueillons l’information, veuillez consulter notre page dédiée Points saillants.

Questions abordées dans le présent bulletin :

  1. Quelles sont les principales caractéristiques de la maladie de Powassan ?
  2. Où en est la situation concernant l’actuelle éclosion de la maladie de Powassan ?
  3. Quel risque les Canadiens ont-ils de contracter la maladie de Powassan à l’heure actuelle ?
  4. Quelles sont les mesures à prendre en cas de suspicion de maladie de Powassan ou de contact ?

Quelles sont les principales caractéristiques de la maladie de Powassan ?

Causes

Le virus de Powassan est un flavivirus transmis par les tiques qui provoque la maladie de Powassan. L’agent pathogène est enveloppé, avec un génome composé d’ARN monocaténaire à polarité positive. Le virus tient son nom de la ville de Powassan, en Ontario, où il a été découvert en 1958. Deux types de virus de Powassan ont été recensés en Amérique du Nord : les virus de Powassan de lignée 1 (prototype) et de lignée 2 (virus de la tique du cerf). Les deux lignées sont impossibles à distinguer d’un point de vue sérologique, et appartiennent donc à la même espèce virale.

Signes et symptômes

La plupart des personnes infectées ne présentent que des symptômes pseudo-grippaux légers, voire aucun symptôme. Le délai entre la piqûre de tique et l’apparition des symptômes varie d’une semaine à un mois. Les premiers symptômes sont la fièvre, les maux de tête, les vomissements et un état de faiblesse général. Les symptômes les plus graves incluent la confusion, la perte de coordination, les difficultés d’élocution et les convulsions. Certaines personnes peuvent développer une maladie grave de type encéphalite ou méningite.

Gravité et complications

La maladie de Powassan peut être bénigne ou grave. Parmi les personnes souffrant d’une forme grave de la maladie avec des symptômes sévères, une sur 10 meurt. Environ 10 % des cas graves qui développent une encéphalite (inflammation du cerveau) causée par le virus de Powassan sont mortels, et près de la moitié des personnes qui survivent à la maladie souffrent de problèmes neurologiques à long terme tels que des maux de tête à répétition, une perte de la masse musculaire et des troubles de la mémoire.

Épidémiologie

Généralités

Les cas de maladie de Powassan sont rares, mais les infections sont endémiques dans le nord du Midwest (États-Unis), au Canada et dans l’extrême-est de la Russie. C’est le seul virus transmis par les tiques à être endémique en Amérique du Nord. Les cas se produisent principalement à la fin du printemps, au début de l’été et au milieu de l’automne, lorsque les tiques sont le plus actives sous l’effet de la chaleur. L’incidence saisonnière dépend de l’activité des tiques vectrices. L’incidence la plus élevée est relevée en zones rurales et forestières, des mois de juin à septembre. Seuls 21 cas de maladie de Powassan ont été recensés au Canada depuis 2017 : le risque de contracter la maladie y est donc très faible. Les hommes et les enfants s’infectent plus fréquemment, peut-être du fait qu’ils ont tendance à passer plus de temps à l’extérieur. Jusqu’à 27 cas ont été recensés en Amérique du Nord depuis 1958.

Période d’incubation

La période d’incubation du virus de Powassan varie d’une à quatre semaines.

Réservoir et transmission

Par sa piqûre, la tique à pattes noires ou tique du cerf est souvent responsable de la transmission de la maladie à l’homme. Elle se nourrit principalement du sang de la souris à pattes blanches et du cerf de Virgine, ce qui en fait les réservoirs les plus courants transmettant le virus de Powassan à la tique à pattes noires ou tique du cerf. Les autres tiques connues pour propager la maladie sont la tique de la marmotte et la tique Ixodes marxi, qui piquent rarement les humains. Les tiques peuvent se fixer à n’importe quelle partie du corps, mais on les trouve souvent dans les zones difficiles à voir telles que l’aine, les aisselles ou le cuir chevelu. Les aires de répartition traditionnelles des tiques s’étendent, et l’incidence de la maladie de Powassan augmente. Cette maladie ne peut se propager d’une personne à l’autre, l’homme étant considéré comme un hôte « cul-de-sac ». La maladie de Powassan peut toutefois se transmettre par transfusion sanguine. C’est pourquoi les personnes dont l’infection par le virus de Powassan est confirmée doivent s’abstenir de donner leur sang dans les six mois suivant la maladie.

Diagnostic en laboratoire

Les tests de laboratoire permettent de détecter dans le sang ou le liquide céphalo-rachidien les anticorps que le système immunitaire fabrique contre le virus de Powassan. Selon les CDC, le liquide céphalo-rachidien (LCR) ou le sérum est testé afin de détecter la présence d’immunoglobulines M (IgM) spécifiques au virus de Powassan. Le dépistage sérologique initial est réalisé à l’aide d’un essai d’immuno-absorption enzymatique de détection des anticorps IgM. Un résultat positif au test de dépistage des anticorps IgM du virus de Powassan doit être confirmé par une recherche d’anticorps neutralisants sur des échantillons de LCR.

Des tests moléculaires visant à détecter l’ARN viral peuvent être effectués sur des échantillons de sérum, de LCR ou de tissu prélevés en début de maladie. En cas de résultat positif, l’infection par le virus de Powassan est confirmée.

Prévention et contrôle

La prévention du virus de Powassan repose très largement sur les mesures de protection individuelle visant à réduire l’exposition aux tiques infectées.

  • Réduisez les habitats des tiques autour de chez vous en entretenant bien votre pelouse et votre jardin pour les maintenir à distance.
  • Protégez-vous contre les piqûres de tiques, notamment en portant des vêtements de couleur claire qui permettent de les repérer plus facilement, en vous couvrant davantage pour sortir (chemise à manches longues, pantalon et chaussures fermées), et en utilisant un répulsif contenant du DEET ou de l’icaridine.
  • Connaître les gestes à adopter en cas de piqûre de tique peut également limiter les risques d’infection par le virus de Powassan. Il convient de retirer rapidement la tique accrochée à votre peau à l’aide d’une pince à épiler propre, de désinfecter la zone avec de l’alcool ou un désinfectant pour les mains, de conserver l’insecte et de noter la date de la piqûre.

Vaccination

Il n’existe pas de vaccin permettant de prévenir la maladie de Powassan. La meilleure prévention consiste à se prémunir contre les piqûres de tiques.

Traitement

Il n’existe pas de traitement médicamenteux spécifique contre la maladie de Powassan. Les personnes qui ne développent pas de symptômes ne nécessitent aucun traitement. Les personnes présentant des symptômes graves doivent être hospitalisées pour recevoir des liquides par voie intraveineuse (pour rester hydratées), une assistance respiratoire (aide à la respiration) et des médicaments pour réduire l’œdème cérébral.

CDC – Powassan Virus Treatment and Prevention [en anglais]

Où en est la situation concernant l’actuelle éclosion de la maladie de Powassan ?

Bien que rares, les cas de maladie de Powassan ont augmenté ces dernières années. Aux États-Unis, l’incidence des infections par le virus de Powassan a augmenté, passant d’un cas estimé par an avant 2005 à 10 cas par an au cours de la décennie suivante. Au Canada, plus précisément dans le sud du Québec, une femme de 68 ans a reçu un diagnostic d’encéphalite de Powassan en 2018.

Quel risque les Canadiens ont-ils de contracter la maladie de Powassan à l’heure actuelle ?

Seuls 21 cas de maladie de Powassan ont été recensés au Canada depuis 2017 : le risque de contracter la maladie y est donc très faible. La période propice aux piqûres de tiques s’étend du printemps à l’automne (lorsque le temps est plus chaud).

Les Canadiens qui vivent, travaillent ou pratiquent des activités de loisirs à l’extérieur dans des zones touchées par les tiques qui propagent la maladie courent un risque accru d’infection. Toutefois, le risque de contracter la maladie de Powassan reste bien inférieur à celui de contracter la maladie de Lyme, qui se transmet également à l’homme par la piqûre de la tique à pattes noires ou tique du cerf. Cette tique est donc connue pour propager à la fois la maladie de Powassan et celle de Lyme – rappelons cependant qu’elle doit rester accrochée 36 à 48 heures ou plus avant que la bactérie de la maladie de Lyme puisse être transmise. Il appartient aux Canadiens de se montrer prudents et de prendre les précautions nécessaires lorsqu’ils pratiquent des activités de plein air comme la randonnée, la pêche, le camping, la chasse, le jardinage, etc.

La tique Ixodes marxi et la tique de la marmotte, qui ne piquent que rarement les humains, sont présentes en Ontario, au Québec et dans les provinces de l’Atlantique.

La tique à pattes noires, qui pique souvent les humains, est présente dans les régions du sud du Québec, du Manitoba, de la Colombie-Britannique et du Nouveau-Brunswick. On la trouve également dans certaines parties de la Nouvelle-Écosse et dans le sud, l’est et le nord-ouest de l’Ontario. 

Restrictions relatives aux déplacements

Si vous voyagez aux États-Unis, faites preuve de prudence dans les États du nord-est et la région des Grands Lacs qui enregistrent le plus grand nombre de cas de maladie de Powassan.

Quelles sont les mesures à prendre en cas de suspicion de maladie de Powassan ou de contact ?

Cas et gestion des contacts

L’ASPC et les CDC ont élaboré de brèves directives pour aider les prestataires de soins de santé dans la prise en charge des personnes infectées par le virus de Powassan. Cela inclut le diagnostic et le signalement, les signes et symptômes cliniques, le contrôle, la prévention, le dépistage, la vaccination et la déclaration.

Le virus de Powassan ne peut se propager d’une personne à l’autre, l’homme étant considéré comme un hôte « cul-de-sac ». Il se transmet exclusivement par la piqûre d’une tique infectée. Le virus de Powassan peut toutefois se transmettre par transfusion sanguine. C’est pourquoi les personnes dont l’infection par le virus de Powassan est confirmée doivent s’abstenir de donner leur sang dans les six mois suivant la maladie.

Identification et déclaration

Toute personne présentant des symptômes fébriles ou souffrant d’une maladie neurologique aiguë susceptible d’avoir été exposée à des tiques (tique Ixodes marxi, tique de la marmotte et tique à tête noire essentiellement) dans des zones endémiques du virus de Powassan – telles que le nord du Midwest aux États-Unis, l’extrême-est de la Russie et l’Amérique du Nord – doit être considérée comme potentiellement atteinte de la maladie de Powassan.

Il s’agit d’une maladie à déclaration obligatoire au niveau national : tous les cas de maladie de Powassan doivent donc être signalés aux autorités locales de santé publique en temps utile.

Prévention et contrôle de l’infection

Il n’existe pas de vaccin ni de traitement médicamenteux contre le virus de Powassan. La prévention repose donc très largement sur les mesures de protection individuelle visant à réduire l’exposition aux tiques infectées – éviter les zones boisées et broussailleuses où l’herbe est haute dans les zones endémiques, par exemple. Se prémunir contre les piqûres de tiques reste la meilleure prévention.

Le virus de Powassan peut se transmettre par transfusion sanguine, c’est pourquoi les personnes dont l’infection par le virus de Powassan est confirmée doivent s’abstenir de donner leur sang dans les six mois suivant la maladie.