Introduction
Suivant la pandémie de grippe de 2009, les souches grippales A(H1N1) prépandémiques ont été presque entièrement déplacées par la souche virale A(H1N1)pdm09 pandémique, qui continue de provoquer des épidémies saisonnières importantes. À partir de la saison 2010 2011, l’Organisation mondiale de la Santé a recommandé d’inclure chaque année la souche A/California/07/2009 pandémique dans les vaccins antigrippaux pour les deux hémisphères. Nous avons entrepris une revue systématique de la littérature afin de résumer les preuves épidémiologiques de l’efficacité des vaccins contre la grippe saisonnière A(H1N1)pdm09 au cours des saisons post-pandémiques.
Méthodes
Nous avons cherché dans les bases de données électroniques de Medline, Scopus et Google Scholar des articles portant sur l’efficacité du vaccin contre la grippe A/H1N1 publiés en anglais entre le 1er janvier 2010 et le 31 mars 2014. Cette revue de la littérature a porté uniquement sur les articles faisant rapport sur des études menées durant une ou plusieurs saisons post pandémiques (saisons 2010 2011 à 2013 2014). Les résultats de 27 études réalisées en Amérique du Nord, en Europe occidentale et en Australie ont été résumés.
Constatations
La plupart des études (18 sur 27) ont été effectuées durant la saison grippale 2010 2011, qui a donné lieu à une activité virale importante, surtout en Europe. Au cours de cette saison, les estimations de l’efficacité des vaccins contre les infections au virus A(H1N1)pdm09 confirmées en laboratoire chez les patients non hospitalisés ont varié de 46 % à 79 % (médiane=60 %; moyenne=61 %). Une seule de ces études s’est penchée sur l’efficacité de vaccins en regard de l’hospitalisation de patients infectés au A(H1N1)pdm09 (souche confirmée en laboratoire), avec des estimations similaires (58 %, 16 à 79 %) à celles de l’efficacité vaccinale contre toute infection (1). Les vaccins contre la grippe saisonnière ont été légèrement plus efficaces chez les enfants que chez les adultes. Étonnamment, les résultats de six études évaluant l’efficacité vaccinale signalée au sein des populations plus à risque (p. ex., les patients atteints de maladies chroniques) étaient égaux ou supérieurs aux estimations générales de l’efficacité vaccinale, allant de 47 % à 85 %. Aucune étude n’a examiné précisément l’efficacité des vaccins en regard des taux d’admission à une unité de soins intensifs, de la gravité de l’atteinte ou de décès dus à la souche grippale A(H1N1)pdm09, et nous n’avons trouvé aucuns essais cliniques randomisés. Il y avait moins d’études portant sur l’efficacité de la vaccination contre l’infection par la souche A(H1N1)pdm09 durant les saisons grippales 2011 2012, 2012 2013 et 2013 2014 (2). Leurs estimations étaient généralement comparables à celles de la saison 2010 2011.
Conclusions
Selon les résultats de cette revue, on peut raisonnablement penser que les vaccins contre la grippe saisonnière ont été modérément efficaces (à environ 60 %) pour prévenir l’infection par le virus A(H1N1)pdm09 durant les saisons suivant la pandémie de 2009. Ces estimations sont comparables à celles des vaccins utilisés contre la grippe saisonnière avant cette pandémie. D’après les données probantes tirées des études visées par ce rapport ainsi que des données de surveillance nationale, le virus A(H1N1)pdm09 en circulation demeure génétiquement et antigéniquement similaire au virus A/California/07/2009, qui a causé la pandémie de 2009, et confirme son statut de souche vaccinale de référence de la saison grippale 2013 2014. Ces résultats viennent soutenir la décision prise par l’Organisation mondiale de la Santé de désigner la souche apparentée à A/California/07/2009 comme étant la composante H1N1 des vaccins pour les saisons subséquentes. Les données probantes concernant l’efficacité de la vaccination chez les personnes à risque élevé de complications dues à l’influenza demeurent très limitées. Malgré les progrès importants réalisés par plusieurs réseaux nationaux dans l’évaluation de l’efficacité des vaccins contre des types spécifiques de virus, nous sommes encore loin d’atteindre l’objectif qui consiste à mesurer exactement l’efficacité des vaccins contre l’influenza pour prévenir les infections sévères, surtout chez les populations très vulnérables. Pour y arriver, il faudra élargir et renforcer les réseaux nationaux de surveillance de l’influenza. Le présent résumé se fonde sur une revue commandée par le Centre de collaboration nationale des maladies infectieuses (CCNMI) et a été préparé sous forme de manuscrit pour publication dans une revue universitaire révisée par les pairs. Les informations sur les études décrites et une liste complète des documents de référence sont incluses dans le manuscrit intégral. Veuillez communiquer avec l’auteur Salah Mahmud ou avec le CCNMI pour obtenir d’autres détails.
Références
1. Castilla, J.M.-A., V.; Salcedo, E.; Martinez-Baz, I.; Garcia Cenoz, M.; Guevara, M.; Alvarez, N.; Irisarri, F.; Moran, J.; Barricarte, A. Network for Influenza Surveillance in Hospitals of Navarre. « Vaccine effectiveness in preventing influenza hospitalizations in Navarre, Spain, 2010-2011; Cohort and case-control study ». Vaccine. 2012;30:195-200.
2. Kissling E.V., M.; Bucholz, U.; Larrauri, A.; Cohen, J.M.; Nunes, B.; Rogalska, J.; Pitigol, D.; Paradowska-Stankiewicz, I.; Reuss, A.; Jimenez-Jorge, S.; Daviaud, J.; Guiomar, R.; O’Donnell, J.; Necula, G.; Gluchowska, M.; Moren, A. « Influenza vaccine effectiveness estimates in Europe in a season with three influenza type/subtypes circulating:the I-MOVE multicentre case–control study, influenza season 2012/13 ». Eurosurveillance. 13 février 2014;19(6).