La notification aux partenaires (NoPa) constitue une intervention essentielle dans le domaine de la santé publique pour assurer le contrôle des infections transmissibles sexuellement (ITS).
Idéalement, lorsque des patients reçoivent un diagnostic d’ITS, leurs partenaires sexuels sont avertis qu’ils ont été exposés à l’infection et sont encouragés à se faire examiner, à recevoir des services de counseling et, si nécessaire, à suivre un traitement. La notification aux partenaires a pour but d’assurer le traitement des individus touchés et de réduire la propagation des ITS. La NoPa est une pratique importante pour toutes les ITS mais elle est essentielle lorsqu’il s’agit d’infections qui sont dans la plupart des cas asymptomatiques, comme la chlamydia, et de populations à risque élevé.
La notification aux partenaires peut s’avérer un défi. Les patients peuvent avoir peur ou éprouver de la gêne à l’idée de communiquer de l’information à des partenaires intimes, et les agences de santé publique
ne disposent pas toujours des ressources nécessaires pour identifier toutes les personnes exposées à une ITS et pour communiquer avec elles. Par ailleurs, la NoPa est particulièrement difficile lorsque les partenaires sont anonymes et que les individus ne se connaissant pas.
Par exemple, les partenaires sexuels qui se rencontrent par Internet peuvent avoir pour seules coordonnées une adresse courriel ou un pseudonyme (nom électronique). De même, il se peut que des partenaires sexuels occasionnels ou d’un jour ne s’échangent pas leur nom et leurs coordonnées. Par conséquent, l’identification et la localisation de partenaires anonymes peut s’avérer difficile, voire impossible.
Historiquement, les hommes qui ont des relations sexuelles avec d’autres hommes (HARSAH) affichent les plus hauts taux de partenaires anonymes. Selon une étude réalisée dans huit villes américaines portant sur la NoPa chez les HARSAH atteints de syphilis, le taux de sexe anonyme pratiqué par cette population varie de 45 à 88 pour cent. Toutefois, le sexe anonyme est aussi pratiqué par d’autres populations, et jusqu’à 60 pour cent des personnes atteintes d’ITS disent avoir déjà eu un partenaire anonyme. Quant aux taux de réinfection, la recherche suggère qu’ils sont les plus élevés chez les individus ayant plusieurs partenaires et des partenaires anonymes. En raison de la prévalence et des effets possibles du sexe anonyme sur la santé publique, il est impératif de trouver des façons de contacter les partenaires anonymes.
Des études démontrent que les approches traditionnelles à la NoPa, soit les discussions en face-à-face, la communication téléphonique et le recours à la poste, ont contribué à une augmentation des taux de dépistage et de traitement et à une diminution des comportements à risque. Bien que ces méthodes ne puissent pas être utilisées pour la NoPaA, de nouvelles technologies, notamment Internet, le courrier électronique et la messagerie texte, peuvent augmenter les possibilités de joindre les partenaires anonymes qui ont été exposés à des ITS.
La notification aux partenaires par Internet semble être acceptée par nombre de patients. Par exemple, une étude américaine a constaté que 92 pour cent des HARSAH qui fréquentent les sites Web pour trouver des partenaires sexuels étaient également disposés à utiliser Internet pour notifier des partenaires d’une ITS. D’autres recherches indiquent que la NoPa par courriel est appréciée de façon constante, tant chez la population générale que chez les HARSAH. La notification par messagerie texte semble être la moins appréciée, bien qu’elle soit probablement plus populaire chez les hommes de moins de 25 ans qui ont accès à un téléphone cellulaire et qui sont plus scolarisés.
L’utilisation de moyens technologiques à des fins de NoPaA doit être envisagée avec une certaine prudence. Certains sites Web, blogues et forums Internet sont réfractaires aux efforts de NoPa, notamment lorsqu’ils proviennent d’agences de santé publique (ASP) et non de membres. Dans certains cas, les agences de santé publique recourent à la création de profils de personnes fictives pour notifier les partenaires par Internet. De plus, certaines études rapportent que l’efficacité de la NPI varie fortement, soit de 26 à 80 pour cent. Par exemple, deux sites Web de notification aux partenaires, InSpot et Let Them Know, ont été créés et adoptés dans plusieurs pays, mais les taux de fréquentation initiaux n’ont pas été maintenus. De plus, il n’existe aucune donnée concernant leur impact sur l’augmentation des taux de dépistage et de traitement et la réduction des comportements à risque.
De plus amples recherches sur l’efficacité et le rapport coût-efficacité de la notification aux partenaires anonymes par Internet des ITS doivent être menées. Par ailleurs, nous reconnaissons qu’il vaut mieux prendre des mesures pour joindre un faible nombre de partenaires anonymes que de ne faire aucune NoPa. À l’ère pré-Internet, nombre de partenaires anonymes n’auraient pas été notifiés. Une notification aux partenaires réussie est un élément clé dans les efforts pour contrôler les ITS, et la notification aux partenaires anonymes est un problème important pour les agences de santé publiques. La NoPa par Internet, courrier électronique et messagerie texte constitue présentement l’approche la plus prometteuse pour la NoPaA.