Helicobacter pylori

15 juin 2023

Les Points saillants du CCNMI offrent aux praticiens et aux cliniciens canadiens de la santé publique un examen actualisé des renseignements essentiels relatifs à des maladies infectieuses importantes, de manière à orienter la pratique en santé publique au Canada. Bien que cet examen ne constitue pas une revue formelle de la littérature, les renseignements proviennent de sources clés telles que l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC), les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) des États-Unis et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), ainsi que de documents à comité de lecture.

Les Points saillants suivants ont été préparés par Signy Baragar. Les questions, commentaires et suggestions à ce sujet sont les bienvenus et peuvent être envoyés à ccnmi@umanitoba.ca.

Que sont les Points saillants? Pour en savoir davantage sur la manière dont l’information est recueillie, consultez notre page consacrée aux Points saillants.


Questions abordées dans ces Points saillants :

  1. Quelles sont les caractéristiques importantes de H. pylori ?
  2. Quel est le risque actuel de H. pylori pour les Canadiens ?
  3. Quelle est la prévalence de H. pylori au Canada ?
  4. Quelles mesures devrait-on prendre pour un cas soupçonné d’infection à H. pylori ou un contact ?

Quelles sont les caractéristiques importantes de H. pylori ?

Caractéristiques et causes

Helicobacter pylori (H. pylori) est un bacille Gram négatif microaérophile incurvé ou en forme spiralée en « S » qui infecte la paroi interne de l’estomac. H. pylori produit un enzyme uréase qui neutralise les acides de l’estomac et induit une inflammation chronique de la paroi de l’estomac.

L’infection à H. pylori peut durer toute la vie si l’hôte n’est pas traité adéquatement. La plupart des personnes atteintes d’une infection à H. pylori ne le savent paset sont asymptomatiques. D’autres peuvent développer une inflammation à long terme de la paroi de l’estomac, appelée « gastrite chronique ».

Une infection à H. pylori est l’une des causes majeures du cancer gastrique (de l’estomac) et de la maladie ulcéreuse gastroduodénale. Elle peut également être responsable d’un lymphome du tissu lymphoïde associé aux muqueuses (MALT).

Symptômes

La plupart des gens atteints d’une infection à H. pylori ne manifestent aucun symptôme. Cependant, certains développent une gastrite chronique en raison d’une inflammation et d’une détérioration de la paroi de l’estomac. H. pylori peut également causer des ulcères peptiques dans la paroi de l’estomac ou le duodénum.

Des douleurs abdominales, des nausées et des vomissements figurent parmi les symptômes les plus fréquents d’une infection à H. pylori. D’autres symptômes peuvent être présents :

  • perte d’appétit
  • perte de poids
  • sensation de brûlure à l’estomac ou sentiment de satiété
  • rots ou hoquets
  • sang dans les vomissures ou méléna (selles noires ou goudronneuses) associés à l’ulcère gastro-intestinal

Les symptômes de l’infection à H. pylori peuvent être causés par d’autres problèmes d’estomac, et le diagnostic doit être confirmé par un fournisseur de soins.

Gravité et complications

L’infection à H. pylori est une cause majeure du cancer gastrique et de la maladie ulcéreuse gastroduodénale. Presque tous les cancers gastriques et les ulcères duodénaux sont liés à une infection à H. pylori. Cependant, le risque de développer des complications graves d’une telle infection est faible. Environ une personne sur dix infectée par H. pylori développera un ulcère, tandis que moins de 3 % des personnes développeront un cancer de l’estomac.

Une infection à H. pylori peut également augmenter le risque de développer un lymphome de type MALT. Le lymphome de type MALT (tissu lymphoïde associé aux muqueuses) est un cancer du système lymphatique qui se développe dans la paroi interne (muqueuse) des organes et des cavités du corps. La plupart des personnes atteintes d’un lymphome de type MALT ont déjà été infectées par H. pylori. Toutefois, les personnes infectées par H. pylori risquent peu d’être atteintes d’un lymphome du MALT (moins de 1 %).

Transmission

La voie de transmission exacte de H. pylori est inconnue, mais on soupçonne que la transmission a lieu par contact fécal-oral ou, possiblement, par contact direct avec de la salive, des vomissures ou par de l’eau ou des aliments contaminés. Cela se produit généralement durant l’enfance.

Prévention et contrôle

Une bonne hygiène des mains peut réduire le risque de contracter une infection à H. pylori, en particulier lors de la préparation des aliments. Cela veut dire se laver les mains avec de l’eau et du savon pendant au moins 20 secondes ou utiliser un désinfectant pour les mains. Boire de l’eau propre et à veiller à ce que les aliments soient correctement préparés sont d’autres moyens permettant de réduire le risque d’une infection à H. pylori

Vaccins

Il n’existe encore aucun vaccin pour prévenir l’infection à H. pylori. Plusieurs organisations et établissements universitaires ont récemment entrepris de développer un vaccin contre H. pylori. Cependant, tous les vaccins en sont encore aux premiers stades de développement.

Une fiche technique santé-sécurité de 2010 du gouvernement du Canada pour H. pylori indique que de l’uréase recombinante et un vaccin parentéral contenant des antigènes de H. pylori (CagA, VacA et NAP) en association avec de l’hydroxyde d’aluminium en tant qu’adjuvant peuvent se révéler efficaces contre une infection.

Dépistage

La plupart des gens n’ont pas besoin d’être testés pour H. pylori s’ils ne présentent pas de signes d’infection. Un fournisseur de soins de santé peut déterminer si un test H. pylori est nécessaire.

Il existe des tests invasifs et non invasifs pour diagnostiquer une infection à H. pylori. Les tests invasifs nécessitent généralement une endoscopie pour examiner l’intérieur du corps.

Trois tests non invasifs peuvent être effectués :

  1. Le test des antigènes dans les selles — décèle les antigènes de H. pylori
  2. Le test respiratoire à l’urée — décèle H. pylori dans l’estomac
  3. Le test sanguin — détecte la présence d’anticorps contre H. pylori

En raison de leur plus grande précision, l’antigène des selles et le test respiratoire à l’urée sont les tests non invasifs les plus indiqués pour détecter une infection à H. pylori.

Traitement

Le traitement de l’infection à H. pylori consiste à prendre une combinaison d’antibiotiques et d’inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) pour réduire la quantité d’acide produite par l’estomac (suppression de l’acidité). Il s’agit d’administrer soit une association de clarithromycine, d’amoxicilline, de métronidazole et d’IPP, soit une association de bismuth subsalicylate, de métronidazole, de tétracycline et d’IPP pendant 14 jours.

En cas d’échec du traitement initial ou d’allergies à la pénicilline/amoxicilline, il existe d’autres lignes de traitement. Plus d’informations sur les schémas thérapeutiques de H. pylori sont accessibles aux liens suivants :

Traitement pendant la grossesse

Il existe peu de données cliniques permettant de guider le traitement d’infections à H. pylori chez les femmes enceintes ou allaitantes. Certaines études suggèrent de retarder le traitement chez les patientes enceintes asymptomatiques jusqu’à la fin de la grossesse et de l’allaitement. Pour les patientes enceintes symptomatiques au cours du premier trimestre, une trithérapie associant un inhibiteur de la pompe à protons, de l’amoxicilline et du métronidazole peut être administrée en toute sécurité. La trithérapie à base de clarithromycine et d’amoxicilline peut être utilisée en toute sécurité au cours des deuxième et troisième trimestres.

H. pylori est associé à un risque plus élevé de nausées et de vomissements graves pendant la grossesse (hyperemesis gravidarum). Pour les patientes enceintes souffrant d’hyperémèse gravidique, les décisions thérapeutiques doivent être prises en tenant compte des risques pour le fœtus et du soulagement des symptômes grâce à certains traitements médicamenteux.

Épidémiologie

            Général

L’infection à H. pylori est l’une des infections bactériennes chroniques les plus courantes — un peu plus de la moitié de la population mondiale (4,4 milliards de personnes) est infectée. Au Canada, la prévalence globale de H. pylori se situe entre 20 % et 30 %. Certains groupes présentent toutefois des taux d’infection plus élevés, notamment les communautés autochtones et les personnes ayant immigré de régions à forte prévalence en Amérique du Sud, en Afrique et en Asie.

            Période d’incubation

La période d’incubation de H. pylori est inconnue, car les symptômes peuvent être absents ou ne se développer qu’à l’âge adulte.

Quel est le risque actuel d’infection à H. pylori pour les Canadiens ?

Certains facteurs peuvent augmenter le risque de contracter une infection à H. pylori. Les facteurs de risque les plus cités dans la littérature sont :

  • un statut socio-économique inférieur
  • des conditions de vie surpeuplées
  • l’absence d’assainissement adéquat

Les autres facteurs de risque sont le tabagisme, une faible consommation de fruits, la consommation d’eau ou d’aliments contaminés non cuits ou insuffisamment cuits, et des antécédents familiaux de cancer gastrique ou d’ulcère gastroduodénal.

Quelle est la prévalence de H. pylori au Canada ?

Les données de surveillance des éclosions d’infections à H. pylori ne sont pas accessibles au public dans toutes les régions du Canada. En général, on considère que la prévalence de H. pylori au Canada est de 20 à 30 %. Toutefois, une étude réalisée en 2019 estime que la prévalence dans les communautés autochtones du nord circumpolaire est supérieure à 60 %. Ce contraste reflète une inégalité profonde dans la charge de morbidité des infections à H. pylori dans les communautés autochtones du Canada.

Quelles mesures devrait-on prendre pour un cas soupçonné d’infection à H. pylori ou de contact avec H. pylori ?

Définition de cas

Il n’existe pas de définition de cas standard pour Helicobacter pylori au Canada.

Identification et déclaration

Aucune information n’est disponible sur la surveillance nationale, provinciale et territoriale, car l’infection à H. pylori n’est pas une maladie à déclaration obligatoire au Canada.