Mycoplasma genitalium

Point saillants : Mycoplasma genitalium

Dernière mise à jour le September 30, 2019

Les Points saillants vise à transmettre des observations qui confirment que M. genitalium est une infection émergente, transmissible sexuellement (ITS), ainsi qu’à faire état de certaines inquiétudes à l’égard de souches potentiellement antibiorésistantes de la bactérie.

Les facteurs de risques sont variés et figurent dans les Lignes directrices canadiennes sur les infections transmissibles sexuellement, Section 2 – Soins primaires et infections transmissibles sexuellement.

Les Points saillants du CCNMI offrent aux praticiens et aux cliniciens canadiens en santé publique des revues actualisées sur les renseignements essentiels liés aux maladies infectieuses importantes de manière à ce qu’ils servent à la pratique en santé publique au Canada. Bien qu’ils ne soient pas des examens officiels de la littérature, les renseignements sont puisés de sources clés, y compris l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC), les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) américains et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et de documents à comité de lecture.


Quelles sont les principales caractéristiques de Mycoplasma genitalium?

CAUSE

Mycoplasma genitalium (M. genitalium) est une petite bactérie anaérobie et un agent pathogène de catégorie 2 appartenant à la classe des Mollicutes de la famille des Mycoplasmataceae. Elle a été isolée pour la première fois en 1981, mais comme elle est difficile à isoler, elle n’a pas fait l’objet d’études approfondies. De nombreuses questions restent à élucider quant à l’histoire naturelle de l’infection et la durée de la période d’incubation. À l’origine, M. genitalium n’était pas considérée comme un organisme pathogène, mais les données actuelles permettent de conclure à une association avec l’urétrite, la cervicite, la maladie inflammatoire pelvienne, la naissance avant terme et l’infertilité féminine. M. genitalium est un agent pathogène émergent et sexuellement transmissible; sa résistance aux antimicrobiens est une source de grande préoccupation.

SIGNES, SYMPTÔMES ET EFFETS DE L’INFECTION

L’infection à M. genitalium peut être symptomatique ou asymptomatique et certaines données confirment qu’elle peut être persistante. Une étude menée en Grande‑Bretagne révèle que plus de 90 % des hommes et 55 % des femmes présentant une infection à M. genitalium ne rapportaient aucun symptôme (4). Cela indiquerait la nécessité d’un dépistage de routine pour la prise en charge des infections asymptomatiques.

Fait important, un examen systématique et une méta-analyse ont montré que les individus présentant une infection à M. genitalium étaient deux fois plus susceptibles d’être infectés par le VIH. Le lien de causalité n’a pas été établi (5).

Les effets suivants sont associés à l’infection à M. genitalium.

Femmes : L’infection s’accompagne de symptômes comme les pertes vaginales, les saignements intermenstruels ou post-coïtaux et la dysurie. De plus, un lien a été établi entre M. genitalium et la maladie inflammatoire pelvienne ainsi que la cervicite. D’après la littérature, il existerait une association significative entre M. genitalium et des effets comme l’infertilité féminine et la naissance avant terme.

Hommes : M. genitalium est associé à l’urétrite. La prévalence d’infection à M. genitalium tend à être plus élevée chez les sujets présentant une urétrite non gonococcique (UNG) ou une urétrite non gonococcique et non chlamydienne (UNGNC).

TRANSMISSION/PRÉVENTION

  1. genitalium se transmet sexuellement par contact direct des muqueuses. On la repère principalement dans le tractus génital, bien que quelques études en aient détecté un faible taux dans le canal anal. On n’en a détecté aucune jusqu’ici dans un échantillon buccal (1). Par conséquent, tout indique que l’infection des voies génitales est la forme la plus prévalente. Certains recommandent l’usage du condom comme moyen de réduire le risque de transmission au tractus génital.

TRAITEMENT

Le traitement des infections à M. genitalium est abordé dans la Section 5-1 : Lignes directrices canadiennes sur les infections transmissibles sexuellement – Prise en charge et traitement d’infections spécifiques – Infections à Mycoplasma genitalium. Ces directives tiennent compte des connaissances actuelles sur la résistance aux antimicrobiens de M. genitalium. Veuillez consulter également les lignes directrices ou protocoles en vigueur dans votre province, territoire ou régie de la santé.

DÉPISTAGE

Les lignes directrices actuelles recommandent le dépistage seulement en cas d’urétrite, de cervicite ou de maladie inflammatoire pelvienne persistante ou récurrente malgré un traitement, lorsque les tests pour la gonorrhée et la chlamydia sont négatifs. Le test de dépistage actuel fait appel au test d’amplification des acides nucléïques. Son accès peut varier selon les provinces ou territoires. Le Laboratoire national de microbiologie analyse les échantillons de M. genitalium positifs afin de détecter les mutations associées à la résistance antimicrobienne. Toutefois, on trouve encore peu d’études sur la prévalence au Canada et le dépistage de routine n’est pas recommandé actuellement.

Information sur l’envoi des échantillons :

Guide des services du gouvernement du Canada : détection par RPR de mutations associées à la résistance antimicrobienne

ÉPIDÉMIOLOGIE

Une méta-analyse internationale effectuée sur 112 études montre que la prévalence de M. genitalium est de 1 % à 6 % chez les femmes et de 1 % à 4 % chez les hommes (6). Ce taux pourrait atteindre 38 % dans les populations à risque élevé (6). Une étude canadienne multisite conclut à un taux de 5,4 % chez les femmes (7). Deux études séparées sur le taux de prévalence chez les personnes soumises à un test de dépistage des ITS ont été réalisées au Canada. La première, menée à Toronto, portait sur un groupe d’hommes et de femmes dans une clinique de santé sexuelle. Le test reposait sur une analyse des urines. Il a révélé la présence de M. genitalium chez 3,2 % des femmes et 4,5 % des hommes (8). La deuxième, réalisée en Alberta, portait sur un groupe de patients dans deux cliniques spécialisées en ITS. Le dépistage a été effectué chez les hommes par une analyse des urines et chez les femmes, soit par une analyse des urines, soit par un écouvillonnage endocervical ou vaginal. L’étude révèle un taux de prévalence de 7,2 % chez les femmes et de 5,3 % chez les hommes (9).Haut de page


Quelles inquiétudes l’infection à M. genitalium suscite-t-elle?

RÉSISTANCE ANTIMICROBIENNE

L’une des principales préoccupations à l’égard de M. genitalium en tant qu’agent pathogène émergent concerne sa résistance antimicrobienne. L’étude multisite menée au Canada conclut qu’une portion significative des échantillons testés présentait des mutations intervenant dans la résistance aux macrolides et une autre portion, des mutations associées à la résistance aux fluoroquinolones. Des études menées à Toronto et en Alberta confirment également une résistance aux macrolides. C’est un phénomène qu’il faudra surveiller de près à l’avenir.

COMPLÉMENT D’INFORMATION

Les ressources suivantes renferment des renseignements supplémentaires sur l’agent pathogène émergent M. genitalium.

RÉFÉRENCES

  1. Manhart LE, Kay N. 2010. Mycoplasma genitalium: Is it a sexually transmitted pathogen? Curr Infect Dis Rep 12:306–313.
  2. Gnanadurai R, Fifer H. 2019. Mycoplasma genitalium: A Review. Microbiology.
  3. Daley G, Russell D, Tabrizi S, McBride J. 2014. Mycoplasma genitalium: a review. Int J STD AIDS 25:475–487.
  4. Sonnenberg P, Ison CA, Clifton S, Field N, Tanton C, Soldan K, Beddows S, Alexander S, Khanom R, Saunders P, Copas AJ, Wellings K, Mercer CH, Johnson AM. Epidemiology of Mycoplasma genitalium in British men and women aged 16-44 years: evidence from the third National Survey of Sexual Attitudes and Lifestyles (Natsal-3).
  5. Napierala Mavedzenge S, Weiss HA. 2009. Association of Mycoplasma genitalium and HIV infection: a systematic review and meta-analysis. AIDS 23:611–620.
  6. Manhart LE, Broad JM, Golden MR. 2011. Mycoplasma genitalium : Should We Treat and How? Clin Infect Dis 53:S129–S142.
  7. Chernesky MA, Jang D, Martin I, Hoang LMN, Naidu P, Levett PN, Wylie J, Rebbapragada A, Ratnam S, Smieja M, Weinbaum B, Getman D, Canadian MG Study Group. 2017. Mycoplasma genitalium Antibiotic Resistance–Mediating Mutations in Canadian Women With or Without Chlamydia Trachomatis Infection. Sex Transm Dis 44:433–435.
  8. Gesink D, Sarai C, Mph R, Mlt CS, Zittermann S, Csw LM, Juzkiw J, Jamieson H, Awcca R, Ma JG, Singh S, Skov J, Md J, Dmedsci P, Allen V. 2016. Mycoplasma genitalium in Toronto, Ont Estimates of prevalence and macrolide resistance.
  9. Gratrix J, Plitt S, Turnbull L, Smyczek P, Brandley J, Scarrott R, Naidu P, Parker P, Blore B, Bull A, Shokoples S, Bertholet L, Martin I, Chernesky M, Read R, Singh A. 2017. Prevalence and antibiotic resistance of Mycoplasma genitalium among STI clinic attendees in Western Canada: a cross-sectional analysis. BMJ Open 7:16300.
  10. Singh A, Labbe A. 5 things to know about Mycoplasma genitalium infection. CMAJ 2019 January 28;191:E103