IQ5 : Les mères ayant contracté le virus Zika pendant la grossesse devraient-elles allaiter?

Introduction

Le virus Zika sera encore une fois le sujet de cette émission. Au cours de notre entretien, nous examinerons deux nouvelles questions : Quelle est la marche à suivre en vue d’évaluer les bébés ayant obtenu un résultat positif ou non concluant dans un test de dépistage du virus Zika? Est-ce qu’une mère qui a contracté le virus Zika pendant sa grossesse devrait allaiter?

TRANSCRIPTION

IQartFRERick Harp : Bienvenue à « Infections en question », une série de baladodiffusions sur la santé publique réalisée par le Centre de collaboration nationale des maladies infectieuses.  Le CCNMI aide à faire le lien entre les personnes qui posent des questions sur les maladies infectieuses et celles qui offrent des réponses à ces questions.

Bonjour, je m’appelle Rick Harp.

Shivoan Balakumar : Et moi, Shivoan Balakumar. Dans cet épisode, nous poursuivons la discussion sur le virus Zika. Dans notre entretien précédent, une experte invitée nous a fait part des dernières données probantes concernant le virus, les femmes enceintes et leurs partenaires. Elle a aussi répondu à la question de savoir si les femmes enceintes qui ont séjourné dans une région où le virus Zika est endémique devraient subir une amniocentèse. C’était là l’une des nombreuses questions présentées par des stagiaires en santé publique de la Saskatchewan. Nous en examinerons deux autres au cours de cet épisode.

Harp :  Nous vous indiquerons plus tard dans l’émission comment faire parvenir vos questions. Accueillons d’abord notre experte invitée, Dre Vanessa Poliquin, au Département d’obstétrique et de gynécologie à l’Université du Manitoba. Dre Poliquin, merci encore d’avoir accepté notre invitation à « Infections en question ».

Dre Vanessa Poliquin Merci à vous de m’y accueillir à nouveau.

Harp : Comme nous l’avons mentionné, la question d’aujourd’hui nous a été posée par des stagiaires du programme de santé publique et de médecine préventive de l’Université de la Saskatchewan : Quelle est la marche à suivre pour évaluer les bébés ayant obtenu un résultat positif ou non concluant dans un test de dépistage du virus Zika?

Poliquin : En effet, c’est une excellente question, car l’évaluation des infections à la naissance et dans la période périnatale pose toujours des défis. Pour le moment, lorsqu’un bébé reçoit un résultat de test positif ou non concluant pour le virus Zika, nous recommandons qu’il soit aiguillé vers un spécialiste en infectiologie pédiatrique. Ce spécialiste sera la personne la mieux placée pour assurer la liaison avec le laboratoire en vue de l’interprétation des résultats des tests de dépistage, dans le contexte du tableau clinique de l’infection, et pour demander les examens de suivi appropriés. Dans des situations de ce type, le dépistage peut comprendre des analyses sanguines, une échographie de la tête, un examen ophtalmologique, des évaluations de l’audition et un suivi du développement neurologique. Les antécédents maternels et le contexte clinique seront pris en compte lors des examens du nourrisson, et l’on pourrait faire passer d’autres examens pour déterminer la présence ou l’absence de diagnostics concomitants.

Balakumar : L’autre question provenant de stagiaires en santé publique à l’Université de la Saskatchewan est la suivante : est-ce qu’une mère qui a été infectée par le virus Zika pendant la grossesse devrait allaiter? Docteure?

Poliquin : C’est une question à laquelle il est pour l’instant très difficile de répondre. En effet, à l’heure où nous nous parlons, on a détecté l’ARN du virus Zika dans le lait maternel, mais il n’existe actuellement aucun cas avéré de transmission au bébé par l’allaitement maternel. Nous savons par ailleurs que l’allaitement comporte des avantages importants. Compte tenu des connaissances actuelles, dans le cas où une femme contracte le virus Zika pendant la grossesse, on considère que les avantages de l’allaitement dépassent le risque potentiel de la transmission du virus par l’allaitement maternel. Il semble s’agir là d’une réponse simple et directe, mais il reste malheureusement encore beaucoup d’inconnu concernant cette question et nous espérons que d’autres données nous parviendront bientôt.

Harp : Dre Poliquin, seriez-vous en mesure de nous dire combien de recherches ont été réalisées sur cette question?

Poliquin : Hé bien, tout signalement de la transmission du virus Zika ne peut être effectué qu’au moyen d’un rapport de cas, et aucun rapport de cas ne signale d’infection par ce mode de transmission. Cependant, de toutes les études structurées sur la transmissibilité, je n’en connais aucune qui examine la question… qui étudie la transmission par l’allaitement maternel.

Harp :Docteure, au dernier épisode, vous nous avez fait une mise à jour des développements les plus importants concernant les données sur le virus Zika et la grossesse. Je suis curieux de savoir, cependant : quelles sont les questions qui restent sans réponse et qui, selon vous, doivent être étudiées?

Poliquin : On n’a toujours pas déterminé à quoi ressemble la configuration d’une infection par le virus Zika en termes d’infection périnatale. Il faudra encore déterminer s’il y a des périodes de plus grande vulnérabilité pendant la grossesse. Il semble y avoir certains effets tous les trimestres, mais existe-t-il une séquence ou une configuration en fonction de laquelle une exposition au virus Zika à un stade donné de la grossesse entraînerait des conséquences d’une ampleur telle ou telle, voilà une question que l’on se pose toujours. Et je crois qu’une des principales préoccupations sera d’observer attentivement chez les enfants qui sont nés après avoir été exposés au Zika ce qui se produira tout au long de leur vie. Certaines études indiquent que même les nourrissons qui ont une circonférence crânienne normale à la naissance peuvent voir celle-ci, au cours de leur croissance, passer de la normale à une taille inférieure au seuil de la normalité. Je crois donc qu’il sera aussi important, dans les cas où les enfants sont nés avec une apparence normale, d’observer ce qui leur arrive au cours de leur vie en termes de développement neurologique.

Par exemple, nous savons que dans les cas d’infection périnatale au cytomégalovirus, une partie des nourrissons présentant une apparence normale à la naissance éprouve, en cours de croissance, une perte d’audition neurosensorielle. En ce qui concerne les bébés ayant été exposés au virus Zika et présentant une apparence normale à la naissance, je crois que le monde attend de voir ce qui leur arrivera au cours de l’enfance. C’est là une question à laquelle de nombreux fournisseurs de soins périnataux attendent de trouver réponse.

Harp : Merci, Dre Poliquin.

Poliquin : Merci beaucoup de m’avoir accueillie à l’émission.

Harp : Voilà qui conclut cet épisode de notre série « Infections en question ».

Balakumar : Vous avez une question de santé publique au sujet du virus Zika à partager? Envoyez-nous un courriel à nccid@umanitoba.ca, ou téléphonez au numéro sans frais 1-844-847-9698 et laissez votre question sur notre répondeur.

Harp : « Infections en question » est une réalisation du Centre national de collaboration des maladies infectieuses. La production de cette balado a été rendue possible grâce à une contribution financière de l’Agence de la santé publique du Canada.

Balakumar : Veuillez noter que les points de vue exprimés ici ne reflètent pas nécessairement ceux de l’Agence.

L’Université du Manitoba est l’organisation d’accueil du Centre de collaboration nationale des maladies infectieuses. Pour en savoir plus, consultez nccid.ca.